Juste au coin de la rue ! - Actualité manga

Juste au coin de la rue ! : Critiques

Ano Kado wo Magatta Tokoro

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 25 Juin 2009

« Nous ne sommes pas dans un conte, c’est une simple histoire d’amour entre deux hommes. »

Et nous voilà avec le deuxième manga de Toko Kawai entre les mains. Enfin, devrais je dire, puisque le report de l’édition nous a obligé à patienter d’avantage.

Kiriya et Yûya ne sont pas amoureux, ni amants, ni copains de sexe. Ce qu’ils sont ? Juste deux jeunes hommes un peu perdus. L’un a croisé l’autre, l’autre a rencontré l’un. Les deux avaient besoin de réconfort, depuis les deux garçons vivent une histoire un peu compliquée. Cet équilibre, précaire mais serein, va basculer lorsque Kiriya entre dans la vie de Yûya. Jusqu’alors, ils ne connaissaient rien l’un de l’autre, du moins le prétendaient ils. Mais est ce que voir quelqu’un le plus simplement du monde, sans attendre un quelconque sentiment en retour n’est pas la façon la plus objective de comprendre quelqu’un ? Comme le dit Yûya, il sait comment Kiriya se comporte lorsqu’il se relâche. Et c’est là-dessus que tout se base, au moment où le lycéen prend conscience de son amour pour celui qui est devenu son professeur. Car après la tourmente de le voir tous les jours, c’est bien ce dont Yûya prend conscience. Mais Kiriya n’est pas d’accord. Il ne le déteste pas, mais ne l’aime pas non plus. Alors les deux hommes décident de sortir ensemble, Yûya par amour, Kiriya par défi de se laisser séduire tout à fait. Forcément, cette relation ne dure pas … Qui accepterait un tel accord en étant amoureux ?

« Je ne te déteste pas mais je ne ressens rien de particulier pour toi non plus. Et sortir avec quelqu’un de plus jeune que moi c’est hors de question. »

La différence d’âge des deux personnages (Kiriya a 27 ans) et leur statut inégal aurait pu décevoir. Pourtant, et la mangaka nous l’a déjà prouvé avec l’excellent Caffe latte, rien ne s’arrête à ce cliché maladroit. Cette position n’entraîne pas une banale histoire maladroite, mais va marquer les protagonistes sur la durée. Surpris alors que leurs sentiments étaient enfin partagés, les deux hommes sont séparés bon gré mal gré, et ne se retrouvent qu’au bout de six longs mois, puis à la fin des années de lycée de Yûya. Celui-ci, ayant perdu goût à tout, prend le temps de grandir et de mûrir, afin de mieux apprécier la nature de ses sentiments. Il quitte l’adolescent rebelle et nonchalant qu’il était, et rejoint son aimé dans le monde adulte. Ce qui en ressort ? Une conclusion attendrissante, surtout lorsque l’on voit Kiriya flancher. Mais toute la fin est traitée trop rapidement, on n’a pas le temps d’apprécier le moment que c’est déjà terminé. Au final, il reste la partie principale, qui est plus classique malgré quelques très bons points (le caractère des personnages, la jalousie, le tabou, et l’humeur changeante de Kiriya qui est flagrante et intéressante … Dommage qu’il soit incapable de se défendre, détail utile à la narration mais un peu lourd.)

Concernant les graphismes, ceux-ci sont égaux à eux même. Pas de surprise, donc, et c’est tant mieux. Il faut aimer le genre gringalet imberbe au cou ultra fin et au menton pointu, mais après tous les habitués ne seront pas déçu(e)s. Sinon, les yeux des personnages sont très réussis, ils collent parfaitement à leurs caractères et leurs allures. Et bien que parfois certains soucis de proportions sont à noter (il faut les chercher …) et les arrières plans très simples, le cadrage est assez vif, le trait léger et la lecture fluide. Enfin, l’édition est toujours correcte, avec une traduction de toutes les onomatopées. Seules les pages sont un peu trop fines … A noter que cette fois ci, les amatrices ne seront pas en manque, ni en poésie ni en scènes érotiques. Bien équilibré, le mélange des deux est réussi, mais après Caffe latte on déplore le caractère un peu plus banal de ce titre. Le rire et le sentiment de dépaysement sont moins présents, le récit est plus ancré dans le quotidien, ce qui a la fâcheuse conséquence de minimiser la source d’évasion. Qu’il est dur de passer après une excellente lecture … Toutefois c’est avec plaisir qu’on lit ce deuxième manga de l’auteur, prometteuse et douée. En un tome, elle arrive à développer une histoire qui ne paye pas de mine mais qui fait son petit bout de chemin, nous emmenant avec elle jusqu’au coin de la rue ...


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs