Igai Vol.1 - Actualité manga
Igai Vol.1 - Manga

Igai Vol.1 : Critiques

Igai - the play dead alive

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 06 Juillet 2016

Dans un lycée japonais comme les autres, Akira, Umezawa et Kurumi sont les meilleurs amis du monde. Les deux premiers, partenaires dans le club de boxe, savent qu'ils peuvent compter l'un sur l'autre, même si Akira, raide dingue de Kurumi, a peur de la voir s'éloigner de lui tant elle semble n'avoir d'yeux que pour Umezawa. Un trio classique... qui se voit pourtant très vite plongé dans la terreur quand se produit l'impensable : tout autour d'eux, des élèves deviennent comme fous, enragés, voient leur physique gagner légèrement en puissance, comme pour mieux leur permettre de s'attaque aux autres pour les croquer. Dans ce chaos ambiant, certains élèves meurent littéralement dévorés, tandis que d'autres mordus, se transforment à leur tout. Umezawa et Kurumi font vite partie des mordus, au grand dam d'un Akira contraint de fuir dans la panique générale. Mais il ne peut qu'être inquiet pour ses deux amis : tandis qu'il perd de vue Umezawa, il tente tout pour préserver Kurumi, d'autant que très vite un phénomène d'autant plus étrange se produit : les dévoreurs de chair humaine redeviennent humains, qu'ils soient blessés ou indemnes. Mais nul ne sait quand la soif de chair humaine réapparaîtra en eux...

Découvert l'année dernière en France chez Glénat en tant que scénariste de Crueler than dead, Tsukasa Saimura revient cette fois-ci avec Igai, une autre série de zombie qui est toujours en cours au Japon, où contrairement à Crueler elle connaît un système de publication classique avec prépublication en magazine (à savoir le Comic Ryû de Tokuma Shoten).

Comme le laisse deviner la première partie du pitch ci-dessus, on a affaire à un point de départ on ne peut plus classique du genre, où des lycéens se retrouvent traqués par des zombies, avec tout ce que ça implique. Rapidement la psychose collective s'installe chez les humains qui ne sont pas touchés, chose que Saimura rend très bien via certaines planches où l'on voit les lycéens courir et s'enfuir dans tous les sens. Dans cet enfer qu'ils n'ont pas encore le temps de chercher à comprendre, les personnages réagissent différemment, beaucoup étant complètement paniqués et ne pensant qu'à se protéger eux-mêmes, d'autres comme le dénommé Kisaragi prenant vraisemblablement leur pied en défonçant les autres à coups de batte (qu'ils soient monstres ou humains...), mais des entraides naissent également, par exemple entre Akira et un autre personnage du nom de Madoka Furuchi qui s'avère un peu faible. Et Akira lui-même se retrouve tiraillé entre sa volonté de survivre et son besoin de revoir Kurumi et Umezawa sains et saufs...

Tiraillement d'autant plus fort qu'Igai affiche dès son premier tome une spécificité qui pourrait bien le démarquer de nombre de récits du genre : un état de "zombification" temporaire chez les personnes touchées, qui reprennent alors leur apparence et mentalité humaines. Mais à l'instar d'une maladie comme la rage, les "crises" sont répétées, et il semble impossible de déterminer quand interviendra la prochaine crise, quand les humains touchés reprendront leur traque enragée pour dévorer de la chair humaine... Après Crueler than dead, c'est une autre façon pour Saimura de revisiter à sa sauce la thématique des zombies, ceux-ci n'étant pas ici des morts revenant à la vie, mais plutôt des êtres contaminés par une inexplicable maladie dont tout reste à définir.
Et dans ces conditions, le mangaka a vite fait d'exposer nombre de problématiques qui ont tout pour faire décoller la série par la suite. Forcément, certains personnages, en tête Akira vis-à-vis de Kurumi qu'il ne pense qu'à protéger, ne peut que s'inquiéter de la voir ainsi, alternant entre soif de sang et retour à la normale où elle ne se souvient de rien. Dans ces conditions, serions-nous capables de tuer le zombie qui se trouve devant nous, tout en sachant très bien qu'il pourrait redevenir quelques minutes plus tard l'ami(e) précieux(se) que l'on a toujours connu ? Aurions-nous le courage de préserver les autres, sachant qu'ils pourraient nous attaquer juste après ? Ces interrogations taraudent forcément ceux qui ne sont pas atteints, mais dans un tel contexte, les personnes "zombifiées" sont-elles aussi accablées par des tourments dès qu'elles redeviennent normales. Que leur arrive-t-il ? Quoi de plus inquiétant, pour elles, que de savoir qu'elles entrent dans un état second où elles bouffent les autres sans s'en rappeler une fois redevenues normales ? Comment éviter cela ? Comment être sûr de ne pas attaquer inconsciemment les êtres qui nous sont chers ? Comment appréhender le fait de se "réveiller" avec un goût de sang en bouche, signifiant que l'on a attaqué voire peut-être tué quelqu'un sans le savoir ?
Les interrogations se bousculent, que ce soit dans un camp ou dans l'autre, et de chaque côté des divisions s'opèrent déjà suite à la peur.

Visuellement, Saimura n'a pas un trait qui est d'une grande richesse, notamment du côté des décors qui restent très classiques, et des personnages humains qui s'avèrent assez passe-partout. Mais l'auteur sait mettre en scène des choses assez intenses : son découpage et très vivant et s'offre régulièrement des angles de vues très prenants, certains personnages zombifiés bénéficient d'un grand soin dans leur dégaine qui reste humaine mais qui est en partie amochée, et la tension est d'autant plus palpable que les zombies de l'auteur sont très vifs et enragés.

De nombreuses pistes sont possibles, ne sont qu'esquissées ici, et il ne tient qu'à l'auteur de développer tout ça comme il se doit. En attendant, ce premier tome d'Igai, malgré le schéma assez basique autour de ses personnages (le trio Akira/Ume/Kurumi est on ne peut plus classique, Kisaragi est un tel cliché de psychopathe en puissance qu'il peut en devenir agaçant...), fait bien le job et donne envie de connaître la suite. Affaire à suivre !

Notons que Marie-Saskia Raynal, que l'on sait fan des récits de zombies, livre une traduction vive et efficace.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs