Dr. Ashura Vol.1 - Actualité manga
Dr. Ashura Vol.1 - Manga

Dr. Ashura Vol.1 : Critiques

Dr.アシュラ

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 14 Avril 2017

Komikku est un éditeur qui a le mérite de se tourner vers des horizons divers et de chercher à diversifier son catalogue. La nouvelle œuvre que le groupe nous présente, nous la devons à Ryô Koshino, un auteur inconnu en France mais qui a sa renommée au Japon grâce à son œuvre phare en 32 tomes : Ns’Aoi, un manga sur la médecine. C’est un titre aux thématiques similaires qui nous fait connaître le mangaka en France puisque Dr. Ashura, un titre toujours en cours au Japon avec trois tomes pour l’heure, nous amène dans un milieu hospitalier impitoyable.

Dr. Ashura nous narre le quotidien du docteur Shura Anno, une jeune femme brillante qui considère l’hôpital comme un champ de bataille et ne demande qu’une chose : des patients grièvement blessés qui impliquent des soins urgents. Yakushiji Tamotsu est un jeune interne encore peu dégourdi, et son expérience ne s’annonce pas de tout repos. Aux côtés de celle qu’on surnomme le docteur Ashura, de par ses prouesses quasi divines, un parcours du combattant l’attend, un véritable champ de bataille où il s’attachera au combat de cette femme mais découvrira aussi les aspects les plus sombres du monde hospitalier…

Quelques séries sur la médecine et les mondes hospitaliers ont déjà vu le jour en France mais fidèle à sa ligne éditoriale, Komikku a misé sur une œuvre plus sombre, de manière à visiter le thème sous un jour peut-être nouveau et sur un rythme propice au suspense. Sur ce premier tome, Dr. Shura se montre comme une récit prête à tenir le lecteur en haleine par sa formule, efficace dans la forme, qui présente le docteur Anno, luttant contre les principes de son lieu de travail et imposant des patients dans des états particulièrement critiques. A ceci se mêlent complots et drames humains en parallèles aux différentes opérations qui, une fois lancées, ne laissent pas le temps de souffler. Un bien beau programme alors, mais ce premier volet dévoile ses premières faiblesses assez rapidement.

L’intention de Ryô Koshino, plus de proposer une série au fort suspense, est de pointer du doigt une certaine corruption dans le domaine hospitalier, une idée louable qui pouvait donner une certaine profondeur au récit. Certains personnages mêlés à ces desseins obscurs sont même intéressants à suivre, notamment le docteur Tamon qui offre une vision inédite des problématiques liées aux secours humanitaires. Seulement, ce sont des personnages qui font office de clichés ambulants qui ressortent, aussi ce premier tome n’hésite pas à confronter la vision idéaliste des protagonistes aux intentions sans scrupule d’un directeur d’hôpital qui profite des fonds de l’établissement pour faire du profit, ou un chef de service aux allures physiques d’Adolf Hitler qui n’hésite pas à lui lécher les bottes. Le tout se révèle maladroit et rend certaines directions de l’intrigue prévisible, gâchant alors le très bon a priori qu’on avait lors des premières pages de l’ouvrage.

Heureusement, bien d’autres éléments du récit rattrapent ces quelques fausses notes, à commencer par son héroïne. Le docteur Anno a beau être un archétype dans son schéma de femme impitoyable ayant une vision très extrême de son activité, elle parvient à être habilement nuancée et se dévoile progressivement sous un jour plus humain. Sa relation avec le docteur Tamon se révèle aussi intéressante et éloignée de certains clichés, c’est aussi l’évolution du personnage qui captivera notre attention dans les prochains volumes. Reste alors Yakushiji, le jeune interne très maladroit qui devra gagner plus d’ampleur car pour l’heure, le jeune homme a bien peu de relief.

Notons que si Dr. Shura montre une grande quantité de termes médicaux lors des phases effrénées de soins, le lecteur ne se sent jamais perdu lors de sa lecture. Le vocabulaire utilisé prend un sens quand il est confronté à la portée graphique du titre qui montre en détails les opérations, et Komikku a ajouté ponctuellement quelques notes de bas de page pour les termes plus difficiles à appréhender. D’autant plus que le titre ne se veut pas éducatif pour le lecteur, les phases de soins sont surtout là pour apporter un rythme endiablé au récit et mettre en avant toute la maestria professionnelle dont peut faire preuve le docteur Anno.

Graphiquement, Ryô Koshino a un style des plus efficaces. Outre son coup de crayon assez précis globalement, l’auteur n’hésite pas à représenter les scènes de soins, aussi sanglantes soient-elles, essentielles pour bien comprendre les opérations. La narration se veut aussi réussie car effrénée et à ce titre le mangaka vient nous surprendre ponctuellement par des planches à l’aura forte par ses tons pastels, mettant en avant le charisme du « docteur Ashura » de belle manière.

Du côté de l’édition, Komikku fournie une copie sans fausse note. Le travail d’impression est de bonne facture, et la traduction de Fabien Nabhan est de qualité, tout en sachant qu’adapter le texte et ses multiples références médicales n’a pas dû être chose aisée.

Au final, si ce premier opus de Dr. Ashura montre des faiblesses qui font grincer des dents, notamment un manichéisme qui manque cruellement de nuance, le volume sait se rattraper sur bien d’autres éléments et planter des éléments qui nous laissent curieux de découvrir la suite, notamment ses personnages principaux. En ce qui concerne la volonté de Ryô Koshino de développer le monde hospitalier corrompu, on espère que l’auteur se montrera plus crédible par la suite et sortira des clichés du genre.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs