Doukyusei Vol.1 - Actualité manga

Doukyusei Vol.1 : Critiques Classmates

Dôkyûsei / Sotsugyousei

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 18 Octobre 2016

Critique 2


Kusakabe Hikaru et Sajô Rihito sont dans la même classe. Leur classe doit se préparer à un festival de chant. Mais, Sajô ne sait pas chanter ce qui attire l’attention de Kusakabe. Intrigué, il se propose de l’aider pour qu’il progresse en chant. Au fil des moments passés ensemble, il se rend compte que tous les efforts faits par Sajô, sont pour leur professeur de musique, Monsieur Hara.

« Doukyusei » est une œuvre qui a connu le succès lorsqu’il est paru au Japon en 2008. En effet, il se positionna en 3ème meilleur manga de l’année 2008 dans le classement Chill Chill. Un succès qui a perduré pendant plusieurs années de suite et en 2016, ce titre a été adapté en film d’animation.

Le premier élément qui nous marque dans cette œuvre est le style de l’auteur au niveau des graphismes. En effet, elle dessine des personnes à l’allure très longiligne avec un effet courbé. Nous avons l’impression de voir des brindilles se courbant sous la force du vent. Tout est très épuré et l’auteur utilise donc peu les trames de fond. Le rendu graphique donne vraiment un sentiment de légèreté accentuant le côté poétique de l’œuvre.

Concernant l’intrigue sentimentale, l’auteur nous livre une œuvre remplie de sentiments avec une certaine légèreté. L’évolution de la relation entre Kusakabe et Sajô se fait tout en douceur. Cette sensation est à la fois accentuée par les dialogues poétiques et par les graphismes. Par le chant, Kusakabe et Sajô vont se découvrir et s’attirer l’un et l’autre. Une atmosphère très douce se dégage à la lecture. Par contre, ce côté poétique peut à l’inverse jouer des tours. En effet, il donne un sentiment de survoler ce qui se passe entre les deux personnages et nous ne captons pas de suite le rapprochement que l’auteur crée entre les protagonistes. Tout comme la relation entre le professeur Hara et Sajô qui n’est finalement pas assez exploitée. Certes, l’auteur nous explique le lien particulier qui les unit, mais nous aurions aimé qu’elle développe plus cette intrigue amoureuse. Car finalement, elle en termine assez rapidement avec ce prétendu triangle amoureux.

« Doukyusei » est un titre à découvrir par sa  particularité poétique et le style graphique de l’auteur. Certains trouveront cette œuvre de toute beauté et d’autres auront plus le sentiment de survoler les sentiments sans réellement les toucher.


Critique 1


Jusque là publiée une seule fois en France (avec Crazy Affair en 2014 chez Taifu Comics), Asumiko Nakamura est une artiste qui, en une quinzaine d'années, a su se tailler une solide réputation, que ce soit dans le domaine du boy's love, ou dans d'autres styles (ici, on pense énormément à Utsubora, manga véritablement culte auprès d'une niche, mais malheureusement toujours inédit en France).

En cet été 2016, l'artiste revient enfin enfin en France dans la Hana collection de l'éditeur Boy's Love, avec l'un de ses récits les plus réputés. EN effet, Doukyusei, publié au Japon de 2006 à 2008, est l'oeuvre qui a littéralement fait décoller la carrière de la mangaka. Cette tranche de vie scolaire aux accents musicaux et homosexuels se classa en 2008 3ème meilleur manga des Chill Chill Awards, ce qui ne fut là que le début de sa consécration : elle resta ensuite dans le top 10 les deux années suivantes, et dans le top 50 jusqu'en 2014. Un succès si fort que Nakamura décida en 2010 de lui offrir une suite, Sotsugyôsei (à paraître aussi dans la Hana collection), au succès tout aussi retentissant, que l'artiste fut élue meilleure auteure aux Chill Chill en 2009, et que les deux héros de son oeuvre furent élus meilleur seme et meilleur uke. Ultime preuve d'une popularité qui ne se dément toujours pas, la dernière consécration en date arrive début 2016 avec la sortie au cinéma d'une adaptation en film d'animation (produite par le célèbre studio A-1 Pictures).
Ici, c'est donc l'un des plus acclamés (aussi bien par la critique que par le public japonais) boy's love de cette dernière décennie que nous pouvons enfin découvrir en France.

Doukyusei propose pourtant un pitch on ne peut plus classique si on le découvre aujourd'hui et qu'on a déjà lu nombre de boy's love. Pour en trouver toute la saveur et tout l'impact, il faudra sans doute le replacer dans son contexte, dix ans auparavant, à une époque ou ce style de tranche de vie était un peu moins présent dans le genre. Ici, nous découvrons Hikaru Kusakabe, élève dans un lycée pour garçons pas franchement réputé. Un brin nonchalant, il suit son quotidien lycéen tranquillement, tout juste éveillé par son intérêt pour les cours de musique, où le prof Hara leur donne des cours de chant en vue de préparer une chorale dans quelques mois. Mais tandis que lui s'en sort bien, il ne peut s'empêcher d'être intrigué par un camarade de lasse : Rihito Sajô, adolescent certes discret, mais si intelligent qu'on se demande comment il s'est retrouvé dans ce lycée... mais ne parvenant pas à chanter. Kusakabe lui propose alors de l'entraîner, et c'est ainsi que les deux jeunes garçons sont amenés à passer du temps ensemble. Au point que Kusakabe finit par comprendre que son intérêt pour Sajô dépasse l'amitié. Hélas pour lui, pour des raisons que nous serons amenés à découvrir, Sajô semble surtout vouloir faire des efforts pour Mr Hara...

La première chose qui séduit dans Doukyusei et sans doute l'ambiance assez légère, fraîche et un brin poétique qui imbibe les pages, celle-ci étant sublimée par l'aspect un peu musical bien sûr, mais surtout par un coup de crayon très personnel, avec des personnages élancés et assez fins, un rendu aéré, et des décors qui sont présents quand il le faut et essentiellement pour faire ressortir la fraîcheur. A ce trait, Nakamura ajoute chez ses héros un look qui leur va à merveille (un peu débraillé pour Kusakabe avec sa chevelure abondante, plus sérieux pour Sajô avec ses lunettes et ses cheveux mieux peignés, mâture pour Mr Hara avec son physique un peu plus imposant et sa barbe) et qui sert efficacement des personnalités opposées.
Ces différences de personnalité sont évidemment un élément moteur du récit, où l'on prend plaisir à voir les trois personnages centraux se rapprocher, se confronter et se révéler à petites doses. Kusakabe a quelque chose de très spontané, peut amuser dans les quelques fois où il démarre au quart de tour tandis qu'il cerne ce qu'il aime chez Sajô, pour un résultat le faisant sortir de sa mine nonchalante. Sajô nous apparaît comme un jeune garçon attachant dans sa timidité et sa discrétion, caractère trouvant une explication dans les quelques points que l'on découvre de son passé et de sa rencontre avec Hara. Quant à Hara, c'est un prof qui se sait homo : il a découvert ses penchants depuis désormais longtemps et les assume bien, et le découvrir lui aussi s'avère intéressant.
La malice de la mangaka est de ne nous révéler ses personnages qu'en partie, au gré d'une narration qui use volontiers de quelques sauts pour aller à l'essentiel. On cerne bien les évolutions des personnages, on les comprend, mais pour certaines choses c'est avec plaisir que l'on voit notre imagination mise à contribution pour tout rattacher.

De tout cela, il se dégage une atmosphère assez délicieuse où, sans jamais sortir de son côté assez calme et frais, Nakamura sait emballer son oeuvre autour de quelques événements plus vifs et de personnages qui découvrent leurs sentiments avec autant d'innocence que de spontanéité et de maladresse.

En résulte un récit soft très réussi, porté par une patte personnelle délicieuse. Doukyusei n'a clairement pas volé sa réputation et se pose comme un one-shot à découvrir.

Avec son papier assez épais, son impression correcte et ses premières pages en couleurs, c'est une édition française agréable à prendre en main que l'on trouve ici. On regrette toutefois la couverture un peu fine, ainsi que quelques coquilles dans les textes (la traduction elle-même restant pourtant convaincante).


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Einah

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs