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Coffee time - Manga

Coffee time : Critiques

Coffee Jikan

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 18 Novembre 2014

Critique 1



Un an après la sortie de Goggles, autre recueil du même auteur, Ki-oon nous propose de découvrir un autre recueil, plus ancien celui-ci, publié en 2008 au Japon. Ainsi Tetsuya Toyoda va à nouveau nous présenter de brèves histoires avec un seul dénominateur commun (qui ne manque pas d'originalité) : le café !


Tous les personnages de chacune des histoires qui composent cet ouvrage vont se retrouver autour d'un café, breuvage qui devient alors un vecteur de rassemblement, qui permet aux personnages de se poser, au cœur de se livrer, aux tensions de s'apaiser !


Quelque que soit le sujet des histoires composant ce recueil, à un moment ou à un autre les personnages vont prendre un café ensemble, et quelques soit le thème de l'histoire, à ce moment-là le temps va s’arrêter, les instants vont se figer et seul comptera le moment précis, qu'il soit touchant, amusant ou grotesque, le reste n'aura plus d'importance !


Inutile de dire que chacune des histoires se veut courte : au nombre de 17 condensées sur prés de 200 pages, forcément l'auteur n'en développe aucune, les récits n'ont pas d'introduction et souvent pas de conclusion non plus, nous vivons juste un court instant de vies qui se croisent, justement autour d'un café.


Et là encore, si besoin était, l'auteur prouve qu'en peu de pages, il reste un merveilleux conteur et arrive à faire partager mille émotions. Ses tranches de vie présentent tout le panel d’émotions possibles, il les explore toutes, les mélange, les fusionne. Et ce ballet d'émotions est d'autant plus impressionnant qu'en passant d'une histoire à l'autre, sans rien qui les relie, on assiste à des ruptures de ton radicales. On peut aussi bien passer d'une histoire légère et amusante à un drame vraiment touchant pour ensuite enchaîner sur du loufoque en apparence hors propos. Le seul lien : un café.


Mais même là l'auteur ne fait pas les choses au hasard, les personnages dégustent autant de cafés différents qu'il y a d'histoires : il peut être corsé, serré, frappé, au lait...chaque café semble correspondre à une émotion et symboliser l'état d'esprit des personnages qui bien souvent les dégustent en silence sans prononcer aucune parole. Et ce sont ces silences qui rendent ce titre si fort.


Il y a bien certains personnages qui reviennent d'une histoire à l'autre, comme ce réalisateur italien mythomane qui apparaît à trois reprises, on retrouve également le détective déjà présent dans les précédentes histoires de l'auteur, mais à chaque fois ces personnages vivent des tranches de vie différentes, isolés dans le temps.


Et comme pour nous faire un ultime clin d’œil, l'auteur va rassembler une grande partie de ses personnages dans la dernière histoire. Et là encore, bien que présent en un même lieu, chacun va vivre sa propre vie isolée de celle des autres, avec des interactions certes, mais acteur principal de sa propre vie et non pas personnage secondaire de la vie d'un autre.


C'est le propre de ce genre de recueil, certaines histoires vous marqueront plus que d'autres, elles sont par définition inégales, mais toutes proposent une émotion différente. Que l'on soit dans le drame touchant d'un vieillard qui se remémore ses parents, dans le quotidien banal de deux sœurs qui torréfient elles-mêmes leur café, dans l'absurde avec un automobiliste se faisant doubler par un cycliste, un cavalier et un motard le mettant en garde contre les girafes, que se soit dans le polar avec un face à face meurtrier entre deux yakuzas, dans le fantastique mélancolique avec une jeune femme visiblement dans le coma...toutes ces histoires ont un goût, une saveur unique, comme autant de café qu'on pourrait déguster.


Un titre léger et envoûtant qui prouve une nouvelle fois tout le talent de son auteur, un conteur hors pair qui nous fait découvrir des tranches de vie comme personne !






Critique 2


Entre l'inoubliable Undercurrent en 2004 et le non moins excellent Goggles en 2012, Tetsuya Toyoda a également publié en 2008 au Japon Coffee Time, recueil de 17 nouvelles que les éditions Ki-oon nous proposent de découvrir dans leur collection Latitudes quasiment un an jour pour jour après Goggles, et dont le thème commun est le café.


17 nouvelles en 200 pages, autant vous dire que les différents récits sont très brefs et font tous une douzaine de pages, ce qui n'empêche pas l'auteur d'y imposer sa patte, toujours aussi délicieuse et variée.


Que ce soit en suivant à quelques reprises le parcours de l'italien mythomane Morelli (qui ouvre et ferme le livre), en retrouvant pour de nouvelles affaires ce cher détective Yamazaki déjà vu dans les autres titres de l'auteur, en nous faisant découvrir une gamine fugueuse, en nous faisant assister à un duel à mort entre deux malfrats, ou en nous présentant les souvenirs d'un vieil homme rêvant de ses parents, tous les personnages finissent par se retrouver autour d'un café. Qu'il soit expresso, long, viennois ou latte, qu'il soit délicieusement amer, corsé, doux, chaleureux, ou imbuvable, le breuvage permet bien des choses. Il laisse le temps aux deux malfrats de bien se préparer avant de passer aux choses sérieuses, il laisse le loisir au criminel d'exprimer ses regrets dans une ambiance adéquate, il permet de simplement profiter de quelques minutes agréables... Et qu'il soit pris dans un bar, en terrasse, au bord de la mer ou chez soi, il peut révéler bien des choses, comme les regrets des uns, les attentes des autres. Il peut énerver autant qu'apaiser. Mais dans tous les cas, il permet des rencontres et fait se croiser les vies.


Bref, il n'y a là que des courts instants de vie, pour certains sans doute trop courts, pour d'autres, joliment aboutis. Dans tous les cas, Tetsuya Toyoda alterne les ambiances avec délice, nous faisant passer de l'amusement du premier chapitre ou du rire face à l'interview calamiteuse de la journaliste à des ambiances plus tristes comme la découverte du SDF ou la situation de la fugueuse, nostalgiques comme pour ce vieil homme se rappelant de ses parents, mélancoliques ou apaisantes comme pour le surfeur face aux vagues... Le fantastique s'immisce même parfois, par exemple pour cette femme amnésique visiblement perdue entre la vie et la mort. Ou les récits, à l'instar de celui des girafes, peuvent être tout simplement étranges, déroutants.


On passe d'une ambiance à l'autre avec plaisir, Tetsuya Toyoda démontrant à nouveau tout son talent pour saisir sur le vif les instants de vie. Sa narration claire et posée est un régal, sa façon de capter les émotions de ses personnages est un délice, et l'auteur nous montre qu'il n'y a pas forcément besoin de beaucoup de cases pour nous faire saisir toute la profondeur d'un état d'âme (la découverte silencieuse du SDF par un Morelli camouflé derrière ses lunettes ou l'éveil du vieil homme après le rêve de ses parents en sont de beaux exemples).


On se promène donc dans ces petits récits avec plaisir. Il ne faut pas forcément en attendre grand-chose, si ce ne sont les talents de conteur et de dessinateur d'un artiste hors pair. Ces brèves histoires, souvent sans réel début ni vraie fin, se dégustent à petites gorgées, pour en apprécier toutes les saveurs... comme un bon café.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs