Zombie Cherry Vol.1 : Critiques

Shikabane Cherry

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 23 Juin 2016

Quelques années après Shinobi Life, la mangaka Shoko Conami fait son retour en France avec Zombie Cherry, une série publiée au Japon à rythme assez lent depuis 2012, et qui devrait visiblement s'achever bientôt avec son troisième tome. Et c'est dans un registre plutôt original que l'oeuvre vient s'inscrire : vous en connaissez beaucoup, des shôjo de zombie ?

Car zombie, tel est le nouveau statut de Miu, une lycéenne tout à fait banale, à ceci près qu'elle est une feignasse invétérée, qu'elle n'a d'yeux que pour le beau, mais très distant Kei, et que son ami d'enfance Haru est un scientifique en herbe doué. Tellement doué qu'un beau jour, il parvient à concocter la Cherry Soup, un breuvage énergisant expérimental dont une seule goutte peut suffire à requinquer le plus flemmard des mollusques. Et à l'aube de son tout premier rendez-vous avec Kei avec qui elle s'est découvert une passion commune pour l'horreur, la jeune fille a la "bonne" idée d'avaler d'une traite toute une bouteille de Cherry Soup sans se poser de question. Résultat : la lycéenne flemmarde devient une pile impossible à arrêter, sautant par la fenêtre pour courir dans tous les sens, au point de finir par se fracasser la tronche contre un poteau et d'en mourir. Si ça, ça te pose pas le personnage !
Reste que cette chère Miu a beau avoir trépassé de la plus débile des manières, elle se réveille. Son coeur ne bat plus, elle n'a plus de pouls, mais le fait est qu'elle est toujours animée et consciente. Car parmi les effets inattendus d'une bouteille de Cherry Soup avalée d'une traite, il a la capacité du breuvage à régénérer les cellules du corps pour une durée indéterminée...

Après ce début plutôt tonitruant, Zombie Cherry prend la forme d'une comédie romantique scolaire où Miu va devoir gérer et cacher son statut de "morte-vivante", tout en se rapprochant en tant qu'amie du beau Kei, qu'elle découvre petit à petit sous un jour tout à fait différent de ses allures froides et distantes.
Concrètement, le déroulement des choses reprend dès lors des rebondissements classiques de romances scolaires : rapprochement de l'héroïne avec l'élu de son coeur, apparition d'une rivale un peu sournoise en la personne de la belle et douce (enfin, pas tant que ça...) Rio, jalousie d'autres filles qui décident de brimer notre héroïne... Et pourtant, il faut voir comment Shoko Conami se réapproprie tout ça !
Car dans ce contexte, la mangaka exploite de façon bien dosée le nouveau statut de zombie de Miu, pour créer bon nombre de situations mêlant habilement une certaine tension à un humour décapant. Ainsi, certaines scènes, à l'image de celle où la jeune fille se déboîte le bras en tombant de l'escalier avant de le remboîter comme si de rien n'était, valent le coup d'oeil tant elles sont aussi absurdes que loufoques. Et le caractère en lui-même de Miu s'avère assez génial, la demoiselle étant plus d'une fois un modèle de débilité, mais aussi de naturel et de naïveté, ce qui lui vaut régulièrement de se mettre dans des situations très drôles, et d'en dénouer d'autres de façon tout aussi amusante. Ainsi, des passages, comme celui des brimades qu'elle ne capte pas, deviennent limites des détournements de bons vieux clichés.
Et derrière elle, les personnages secondaires ne sont pas en reste, surtout Rio, qui va très vite se démarquer de son statut de rivale fourbe cliché pour devenir une demoiselle autrement plus intéressante, plutôt forte mine de rien, ayant concrètement un bon fond et étant capable de paroles aussi sensées qu'éloignées de l'image de douceur qu'elle renvoie aux autres.
Kei et Haru, les principaux personnages masculins, sont pour l'heure plus classiques, mais ne manquent par d'intérêt eux non plus. Le premier pour sa façon de se dévoiler petit à petit, le deuxième pour l'inquiétude plus sérieuse qu'il montre envers l'avenir de son amie d'enfance en qui il semble énormément tenir. Et c'est bien Haru qui, à plusieurs reprises, vient rappeler d'une façon un peu plus dramatique le statut de morte de Miu, avant que la fin de tome n'accentue encore cet aspect et n'amène une aura plus emplie de crainte quant à l'avenir qui attend cette attachante héroïne... Ainsi, Conami a beau beaucoup nous amuser efficacement, elle reste également talentueuse pour entretenir une tout autre ambiance.

Le dessin élancé de la mangaka s'avère plutôt agréable, et encore plus au vu de la palette d'expressions parfois très bêtes que Mu est capable d'afficher ! L'utilisation parfois presque abusive, mais pas trop chargée de trames confèrent à l'ensemble un aspect étonnamment pétillant, qui sert bien l'ambiance. On notera toutefois une façon de dessiner les yeux inhabituelle, voire étrange, qui peut demander un temps d'adaptation, mais on finit par s'y faire.

Jolie petite surprise que cette série qui ne semble pas avoir d'énorme prétention, mais qui exploite de fort bonne manière son sujet. En trois tomes, il y a moyen de se retrouver un divertissement de très bonne facture !

Akata livre ici son habituel petit format, avec un papier et une impression satisfaisants. La traduction de Chiharu Chûjo est vive, emballante et apparaît naturelle.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs