Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 01 Décembre 2025
Alors que Yona, Princesse de l'Aube va tirer sa révérence au Japon en ce mois de décembre après plus de 16 années de publication, le shôjo d'aventure désormais incontournable de Mizuho Kusanagi a été soigneusement mis en avant en France en novembre par Pika Edition.il faut dire que la série, lancée dans notre langue en 2014, mérite amplement toutes ces attentions, tant elle est devenue, au fil des années, l'un des shôjo les plus populaires de cette dernières décennie. Ainsi a-t-on eu droit à une édition collector du tome 45 sur laquelle nous reviendrons bientôt, et à une édition anniversaire du tome 1 visant à célébrer les 25 ans de Pika Edition et nous intéressant dans ces lignes.
Précisons tout de suite que, étant donné que nous avons déjà chroniqué le tome 1 à l'époque de sa sortie, il ne sera pas question ici de revenir une nouvelle fois sur les (très bons) débuts de la série, mais plutôt de décortiquer un peu le contenu exclusif de cette édition anniversaire, afin de voir s'il vaut le coup de débourser 9,95€ (soit 2,75€ de plus que l'édition classique) pour elle.
Le premier enrichissement sautera immédiatement aux yeux des fans de la première heure puisqu'il s'agit de la jaquette elle-même: en plus de bénéficier d'un très bel effet métallisé qui rend vraiment bien, celle-ci nous permet d'enfin profiter de la jaquette japonaise du premier volume japonais puisque, dans l'édition classique du tome 1, Pika Edition avait à l'époque préféré imaginer une tout autre jaquette, certes jolie elle aussi mais qui pouvait frustrer un peu. Le "mal" (si on peut ainsi ce choix) est donc réparé.
Le deuxième bonus, quant à lui, réside dans les huit premières pages en couleurs du tomes, qui étaient absentes de l'édition classique, et qui sont évidemment un vrai petit plaisir pour les yeux, d'autant plus que leur impression a été soigneusement effectuée sur un papier glacé de bonne qualité. Qui plus est, on y retrouve l'illustration dont Pika Edition s'est servi pour imaginé la jaquette de l'édition classique de ce premier tome, ce qui fait qu'on ne perd rien ici par rapport à cette dernière.
Enfin, le troisième et principal enrichissement, voué à justifier réellement le rachat du tome, est sans nul doute la présence, en fin de volume, d'une histoire courte de Mizuho Kusanagi qui était jusqu'à présent inédite en France et qui totalise soixante pages. De son nom original "Kuroorihime to Kawaki no Ou" (littéralement "La Princesse à la Cage Noire et le Roi de la Soif" ), "Setia, princesse captive" est une histoire qui a été dessinée par la mangaka en 2009 (juste avant les débuts de Yona) pour le magazine The Hana to Yume (un dérivé saisonnier du magazine culte Hana to Yume dans lequel est prépubliée Yona), et qui fut sa toute première expérience dans un univers de fantasy.
On découvre ici Setia, qui était encore, il y a peu, une jeune villageoise de basse extraction promise à un fiancé qu'elle avait hâte de rencontrer, mais qui a soudainement tout perdu lorsque le roi Ajuraito est arrivé avec ses troupes pour piller et conquérir ces terres en massacrant tout le monde. Depuis, Setia est retenue prisonnière par le tyrannique souverain, qui semble s'être entiché de son tempérament fougueux. Elle a beau ne manquer de rien et être traitée comme une princesse, la situation ne lui convient absolument pas: déterminée à aller retrouver son fiancé pour tenir les dernières volontés de ses défunts parents, elle essaie à la moindre occasion de s'échapper, mais est à chaque fois rattrapée par le roi lui-même qui semble beaucoup s'amuser de cette situation. Néanmoins, alors qu'elle pense n'être qu'un jouer comme un autre entre les mains de cet homme, la jeune fille va finir par cerner que le tyran est avant tout quelqu'un d'isolé et de maladroit, et que même un être comme lui pourrait évoluer.
Autant le dire clairement: au-delà du style visuel typique de Kusanagi qui a tout pour ravir ses fans, cette histoire en elle-même est plutôt bof. Pourtant, elle commence très bien grâce au tempérament de feu de Setia, le genre d'héroïne qu'on adore avec un sacré caractère, beaucoup de volonté, une franchise à toute épreuve et un refus catégorique de se laisser faire... Et qui sait, peut-être est-ce précisément ça qui lui attire les faveurs du monarque, un homme lassé par l'hypocrisie de son entourage. Mais la deuxième moitié du récit peine vraiment à convaincre, pour la raison toute bête que les évolutions plus sentimentales paraissent beaucoup trop rapide, et qu'on peut avoir quelques convulsions en voyant la forte Setia s'attacher si facilement à, rappelons, un homme qui a massacré tous ses proches l'a embrassée de force et la retient prisonnière.
A vous de voir, alors, si vous avez envie ou non de repasser en caisse pour une telle histoire courte. Mais dans tous les cas, on ne peut pas nier que cette édition anniversaire est suffisamment généreuse pour 2,75€ de plus !
13/11/2025