Y-square - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 07 Janvier 2009

"Là, je me brosse les dents. Autant dire que je me montre sous mon meilleur jour ..."


Judith Park, jeune mangaka allemande d’origine coréenne, nous livre avec Ysquare un shojo assez classique du genre. Elle nous entraîne en effet sur les pas d’un adolescent banal, un peu trop penché sur le sexe, ayant de réels problèmes avec les filles … Embêté de voir que certains excellent dans cet art, Yoshitaka va (très) vite devenir ami avec Yagate pour que celui-ci lui prodigue des conseils infaillibles. Lorsque Yoshitaka découvre que Yagate est gay, il n’est que plus envieux de son don avec les femmes, et apprécie ainsi son aide pour séduire la jolie fille qu’il convoite …

On est obligés de constater que ce manga se résume en ces quelques lignes peu prometteuses. En effet, l’histoire est plus que banale, les situations s’enchaînent rapidement, sans profondeur ni intérêt particulier (pour passer de l’une à l’autre, on entend Yoshitaka dire d’un air totalement neutre « après tous ces événements, j’ai besoin d’une petite pause, Yagate … » alors qu’il vient de soit disant briser le rêve d’une adolescente de son âge !). L’auteur fait défiler les scènes comme une diapositive mal réglée, sans véritable lien entre les pages qui nous permettrait de nous poser des questions. Aucun suspense, aucune piste de réflexion ne vient égayer la lecture. Le dernier chapitre est légèrement plus suivi et sérieux, mais sans grande réussite, aucun message ne ressort en dehors de la mise en relief superficielle de la jalousie et des préoccupations juvéniles. Les situations sont, elles, d’une originalité douteuse : le héros, qui tombe d’abord dans les bras de la peste de service, succombe peu à peu au charme de celle qu’il a tout d’abord provoquée … La crédibilité de certains de ces passages est également mise à rude épreuve, notamment lors du concours de beauté organisé dans le lycée qui voit entrer n’importe qui dans un jury décidant d’une très importante somme d’argent, ou alors au sein d’une amitié qui naît en un instant sur les réclamations d’un des deux personnages … Dans la même logique, les dialogues sont à la limite de provoquer l’ennui tellement ils sont creux et attendus.

Au-delà de l’intrigue superficielle et puérile, les personnages n’arrivent pas à rattraper le fiasco de l’histoire dans laquelle ils évoluent. Yoshitaka est souvent ridicule, et aussi lourd que l’humour présent le long du volume. On a l’impression de lire ce one shot de son point de vue, avec des visions exagérées des jolies filles, et des répliques prévisibles tellement elles sont peu travaillées. Aucun personnage n’est approfondi, les caractères sont bien trop plats et stéréotypés pour être intéressants : le tombeur qui se balade torse nu (dans la rue ?!), s’y prenant comme un manche avec la fille dont il tombe amoureux (même pas certain que ce sentiment soit sincère …), le meilleur ami gay qui les fait toutes craquer, la peste de service, la meilleure amie manipulatrice … Ysquare n’est qu’une histoire légère qui ne peut même pas prétendre séduire les curieux, le seul personnage intéressant, dans la personne de Yagate, disparaissant rapidement comme s’il ne jouait que le simple rôle de figurant … Il en est d’ailleurs pour le passé commun des deux rivales : quelques pages pour ne rien dire, perdues dans un manga bien trop léger.

Les dessins rattrapent un peu le tout. Si on remarque encre quelques erreurs de la part de la mangaka, et certaines expressions redondantes sur le visage des personnages, Judith Park a fait un réel effort dans son graphisme : les détails sont travaillés, les SD (Super Deformed) réussis, et les en têtes de chapitre magnifiques. Les splendides pages couleur apportent une touche positive au volume, ainsi que l’attention portée aux vêtements et aux arrières plans ! (Pour un shojo, ça change !) Cependant ce style est contradictoire : souvent, durant les chapitres, on a l’impression que l’auteur bâcle les illustrations de ses personnages, notamment au niveau de leurs expressions et émotions, alors que les débuts de chapitre sont éclatants de détails et d’application …

En bref, un manga décevant malgré son graphisme attrayant qui vise PARFOIS juste, si l’on sait se contenter de peu. Une histoire inexistante mettant en scène des personnages que l’on a vite fait d’oublier, à travers des situations grotesques, pauvres en crédibilité et en originalité. Un one shot à peine divertissant, mais une mangaka pleine d’avenir en ce qui concerne les trames dessinées. A suivre, donc, pour voir si ses prochaines œuvres pourront se vanter d’un scénario élaboré et complexifié par rapport à Ysquare.


NiDNiM


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
9 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs