Unlucky Young Men Vol.2 - Actualité manga

Unlucky Young Men Vol.2 : Critiques

Unlucky Young Men

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 15 Avril 2016

A l'issue du plan visant à s'emparer de 300 millions de yen, N, T, Yoko et le jeune Kaoru ont été contraints de remettre l'argent à l'autre Yoko, et la façon dont le vol s'est achevé a un impact important sur chacun d'eux. Tandis que T, désabusé, a choisi de partir en voyage sur les traces du passé de N, ce dernier finit à son tour par s'éclipser. Et l'implication dans l'affaire de Kaoru, fils de policier, a bientôt de conséquences tragiques. Alors que les ambitions folles de Yoko Yamamoto se dessinent petit à petit, une chose est sûre : aucun des acteurs de cette tragique affaire n'en ressortira indemne.

Inutile de trop s'attarder sur l'impact graphique et narratif de ce deuxième tome : l'essentiel a été dit dans la chronique du premier volume, et Fujiwara et Otsuka conservent ici toute leur maestria, servant parfaitement leur récit implacable et de plus en plus désespéré. On soulignera toutefois l'originalité visuelle plus poussée de certaines pages en particulier (la page 267 par exemple), ainsi que l'impact encore plus fort des extraits de poèmes de Takuboku Ishikawa, qui traduisent toujours à merveille l'atmosphère de désespoir et tout le ressenti que peuvent avoir des personnages perdus, tellement perdus qu'ils se radicalisent de plus en plus pour certains, voire commettent le pire pour d'autres.

Ainsi, il paraît difficile, dès la première partie du tome, de ne pas être happé et touché par les angoisses familiales et personnelles de Kaoru, ou plus loin par les passages retraçant le passé et l'enfance de N, ou encore par les tourments animant une Yoko Yamamoto malade. Sur un ton toujours aussi neutre et implacable, Otsuka et Fujiwara s'intéressent d'encore plus près à ces jeunes et un peu moins jeunes sérieusement paumés, dont l'on suit les prises de position de plus en plus fortes, tandis que se dévoile surtout, derrière, un fond qui va plus loin dans son portrait d'une société en plein doute et en perdition : manigances policières en faveur des hauts placés, radicalisations terroristes, manipulation de l'opinion publique pour éviter des rébellions encore plus fortes, conséquences du drame nucléaire (via la maladie de Yoko) et nouvelle menace atomique...

Le regard des auteurs, à la fois distant et immersif, offre un portrait réellement fort, qui se voit toujours renforcé par l'évocation de personnalités réelles et d'événements ayant bien eu lieu (comme les échauffourées sur le campus de Kanda, le "quartier latin nippon", dans ce qui est vu comme le mai 68 japonais), et l'avis d'Otsuka qui transparaît via les textes et reprises de poèmes n'est pas forcément tendre envers un peuple qui semble pour lui beaucoup trop inerte et incapable de mener une véritable révolte.

"- Mais alors, où se trouve la véritable révolution ?!
- La crois-tu possible, Nanao, dans ce pays où même l'Empereur est un faux ?"

A cela, il faut ajouter quelques idées supplémentaires intéressantes, comme l'inversion de rôle des deux Yoko par rapport au premier volume, ainsi que l'esquisse d'une petite réflexion sur le cinéma en tant qu'outil rassemblant les masses, et l'on obtient une oeuvre décidément très riche, une fresque sociale exigeante, plus virulente, mais aussi plus touchante encore que dans sa première moitié.

Le premier tome d'Unlucky Young Men était déjà excellent, mais il permet finalement surtout à l'oeuvre de décoller pleinement dans ce deuxième et dernier pavé, qui plus est servi dans une édition tout aussi réussie côté fabrication et traduction. N'oubliez pas, également, de lire l'intéressante postface d'Eiji Otsuka.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction