Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 31 Juillet 2024
L'île de Tsuchimikado est en proie à un chaos sans précédent quand un groupement de nouveaux basaras cause une véritable hécatombe parmi les exorcistes et parmi les civils. Pour contrer l'ennemi, les Généraux célestes entrent en scène dont les inséparables Kengo et Kankurô, mais aussi Cordelia et Hibari, le successeur de la défunte Miku Zeze...
L'arc en cours promet de grands chamboulements dans l'histoire de Yoshiaki Sukeno. La fin du tome précédent, notamment, renversait le rôle de Benio, l'Étoile jumelle étant depuis un moment sur la frontière entre les deux camps. Mais si son sort nous tient en haleine, il n'est absolument pas traité dans cet opus qui fait la part belle entre Généraux célestes. Régulièrement, le mangaka dédie des volumes entiers aux personnages plus secondaires, comme ce fut le cas avec l'arc du tournoi. Rien d'étonnant à voir un tel tome faire office de transition dans cet immense tumulte, ce qui permet de développer des personnages moins importants, même si la frustration de ne pas voir progresser la trame liée à Rokuro et Benio. Ce focus était d'autant plus nécessaire que, suite à la fin de la partie adolescente de l'œuvre, de nombreux Généraux célestes ont trépassé et ont permis à des successeurs d'émerger.
C'est dans cet état d'esprit qu'il faut se lancer dans ce vingt-cinquième tome, sans chercher à trop jeter la pierre à l'auteur de délaisser son casting central. Dans une bataille si explosive et sanglante, les combats sont forcément intenses, et l'artiste ne se prive pas de les mener encore plus loin en termes de spectacle grâce à des pouvoirs nouveaux qui, en filigrane, permettent de diversifier le monde d'onmyôjis de la série. On a donc droit à des robots géants, purement, ce qui donne à l'auteur l'occasion d'aborder la science en relation avec l'ésotérisme de son univers. C'est finalement joué, certes alambiqué, mais permet des affrontements impressionnants et réussis.
À côté, Sukeno en profite pour décortiquer quelques nouveaux personnages ou en faire briller d'autres, bien connus. Concernant les nouvelles têtes, comme Hibari Zeze, créer une empathie aussi rapidement et à grand renfort de flashbacks n'est pas forcément évident, mais le tout à le mérite d'approfondir de manière équitable la grande assemblée de figures de l'œuvre. Puis, les éléments nuancés autour de la nature et de la psychologie des basaras restent appréciables tant ils ouvrent la voie à un traitement attendu : la zone grise dans laquelle évoluent les exorcistes depuis toujours. C'est discret, mais présent, ce qui permet de se faire une idée des thématiques qui seront abordées dans les opus futurs.
Toute frustration de ne pas voir les personnages principaux en action mise de côté, le tome reste franchement prenant et rythmé, et non dénué de pistes intéressantes. On attend de voir l'issue de cette confrontation, la plus violente de l'œuvre pour l'heure tant les cadavres se sont multipliés, d'autant plus que la page finale nous ravit du retour de quelques têtes bien connues.