Train de nuit dans la voie lactée - Actualité manga
Train de nuit dans la voie lactée - Manga

Train de nuit dans la voie lactée : Critiques

Ginga Tetsudô no Yoru

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 30 Novembre 2018

Après n'avoir proposé jusqu'à présent que des adaptations inspirées de la littérature occidentale, la jolie et très souvent intéressante collection des Classiques en manga de l'éditeur jeunesse nobi nobi ! s'ouvre pour la première fois à la littérature japonaise en accueillant la plus célèbre nouvelle de l'un des plus fameux auteurs nippons du XXe siècle: Train de nuit dans la Voie Lactée de Kenji Miyazawa. Bien qu'il soit décédé prématurément à seulement 37 ans en 1933, Miyazawa fait partie des écrivains japonais du siècle passé qui continuent de bercer voire d'inspirer différentes générations de lecteurs nippons. Nouvelle publiée à titre posthume en 1934, Train de nuit dans la Voie Lactée (Ginga Tetsudō no Yoru en vo) a marqué les esprits et en marque toujours aujourd'hui, on trouve dans la culture pop japonaise de nombreuses références à ce récit (il y a par exemple des clins d'oeil dans le manga Aria, dans l'anime Card Captor Sakura, l'oeuvre a beaucoup nourri la série Mawaru Penguindrum, le papa d'Albator Leiji Matsumoto s'en est inspiré pour son oeuvre Galaxy Express 999...), et il a été adapté en 1985 par Gisaburo Sugii en un film d'animation qui est sorti en France cette année en DVD aux éditions Rimini.

Le récit nous plonge dans ce qui semble être l'Italie du début du XXe siècle. Vivant dans ne famille pauvre entre un père absent et une mère malade et alitée, le jeune Giovanni, jour après jour, fait du mieux qu'il peut en étant sérieux à l'école et en travaillant dur après les cours pour subvenir aux besoins de sa maman. Il peut heureusement compter sur le soutien de son ami Campanella, avec qui il partage une certaine passion pour l'espace. Ainsi, quand un jour en cours il est incapable (ou n'ose pas) expliquer ce qu'est la Voie Lactée, Campanella choisit de ne pas répondre non plus pour le soutenir, même si après ça lui vaut les moqueries d'un autre garçon, Zanelli. Tel est le quotidien de Giovanni, jusqu'au jour où, épuisé après avoir trop travaillé, il tombe d'épuisement le soir au sommet d'une colline. A son réveil, il se retrouve inexplicablement dans un train où se trouve aussi Campanella. D'escale en escale, ils rencontrent d'autres passager, nouent des amitiés, les voient quitter le train, tout en observant les nombreux faits mystérieux qui ont lieu à l'extérieur, comme une étrange chasse de hérons très particuliers. En allant de la Croix du Nord à la Croix du Sud en passant par plusieurs arrêts aux noms d'étoiles ou de constellations, ils comprennent qu'ils sont en train de voyager dans la Voie Lactée... mais dans quel but ? Jusqu'où cet étonnant voyage va-t-il les mener ? Qu'apprendront-ils sur eux-mêmes au il de celui-ci ? Où est la frontière entre le rêve et la réalité dans tout ceci ?

Bien que la nouvelle d'origine soit excellente, Train de nuit dans la Voie Lactée est un récit qui peut très facilement décontenancer un jeune public, dans la mesure où elle est très, très philosophique et qu'elle est encore aujourd'hui le sujet de diverses hypothèses sur son message. De ce fait, on conseillera plus facilement ce manga à un public déjà adolescent plutôt qu'à des lecteurs enfants, même si ces derniers pourraient tout de même se laisser séduire par l'aspect onirique, poétique et fantastique de ce voyage pas comme les autres, d'autant plus que la mangaka Hinata Kino (que l'on ne connaît pour rien d'autre) livre des dessins plutôt jolis avec des personnages au design et aux tenues soignées ainsi que des décors qui cherchent suffisamment à faire ressortir l'ambiance si unique de la nouvelle. Le récit est toutefois, avant tout, une sorte de quête initiatique ayant pour question centrale "qu'est-ce que le brai bonheur ?", et où le voyage en train peut notamment être vu comme une allégorie de la vie faite de rencontres, de séparations, de retrouvailles... En tout de même 260 pages, la mangaka a vraiment à coeur de bien adapter ce récit très important de la littérature japonaise, et la seule chose que l'on pourrait vraiment lui reprocher est sans doute une narration parfois trop plan-plan, avec un manque d'envolées. Un problème assez mineur, au vu de la délicatesse à adapter un récit de ce type.

Il s'agit donc, dans l'ensemble, d'une très bonne adaptation, belle et soignée, malgré la difficulté que certains jeunes lecteurs pourraient y rencontrer. Concernant l'édition, on a là les standards de nobi nobi ! pour cette collection, avec une couverture et une reliure soignées, un signet marque-page, une charte graphique typique de la collection, un bon travail de Tomoko Seigneurgens à la traduction et de Catherine Bouvier sur l'adaptation graphique... En fin de volume, comme toujours on trouve une présentation claire de l'auteur d'origine, et une très bonne présentation de la nouvelle originelle vraiment excellente pour bien contextualiser l'oeuvre et l'état d'esprit dans lequel Miyazawa l'a écrite.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction