The Last Man Vol.1 - Manga

The Last Man Vol.1 : Critiques

Last Man

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 25 Octobre 2022

Mondialement connu pour son manga Golden Boy, Tatsuya Egawa n’est pas l’homme que d’un unique titre comme le prouve The Last Man, la série qui marque son grand retour en France aux éditions Black Box. En effet, dès le début de cette série, il fait des références plus ou moins discrètes à d’autres de ses œuvres, à travers un t-shirt Deadman ou encore des couettes Talulu. Quoi qu’il en soit, revenons à The Last Man, une série débutée en 1998 dans Young Magazine et qui s’est achevée en 12 tomes. Pour la version française, Black Box a fait le choix de publier le titre par salve de 3 volumes.

The Last Man est une série comique, horrifique et érotique connue non seulement pour son mélange des genres et la popularité de son auteur pour le moins atypique et controversé, mais aussi pour accueillir Devilman, le célèbre antihéros de Gô Nagai, le temps d’un passage. Si on n’y est pas encore, le nom de Gô Nagai est très important à retenir tant son aura se fait fortement ressentir à la lecture de ce premier tome.

Dès le début de l’histoire Ai et son petit frère trouvent un jeune garçon nu dans la rue. Cette dernière, un peu guidée par des pulsions à la fois perverses et teintées d’innocence, décide de ramener le garçon dévêtu chez eux, où elle vit seule avec son frère. Elle choisit de renommer le garçon Makoto, en référence au manga Ai to Makoto d’Ikki Kajiwara et Takumi Nagayasu. En effet, ce dernier est totalement amnésique. De plus, il ne sait plus marcher, parler et encore moins aller aux toilettes. En somme, il ressemble à un nouveau-né avec l’apparence d’un adolescent.

Et c’est ainsi que débute une succession de blagues qui ne laisse pas le temps au mystère de s’installer. Un peu comme Ai, qui est présentée comme étant plutôt stupide, on est pris dans l’europhorie du titre si bien qu’on en oublie de se poser des questions sur les origines de Makoto. Il faut dire que l’humour de Tatsuya Egawa est diablement efficace pour peu que l’on soit sensibles à toutes ses blagues en dessous de la ceinture et même à son ton allant quelques fois vers le pipi-caca qui peut être très régressif. En cela, The Last Man rappelle énormément les mangas de Gô Nagai, de L’école impudique à Devilman en passant par Cutie Honey. Car même lorsque Tatsuya Egawa parle de sexe, il le fait avec beaucoup d’innocence, donnant un étrange rendu à la fois pervers, mignon et drôle. De même pour des thèmes sérieux qu’il aborde, comme le harcèlement scolaire par exemple. Il en parle avec énormément de légèreté comme le faisait son illustre ainé dans ses mangas. Un auteur plus contemporain à qui The Last Man pourrait faire penser dans son ton humoristique est Hiroya Oku, connu pour Gantz et plus récemment Gigant. En fait, comme pour Gô Nagai et Hiroya Oku, derrière la légèreté de l’ambiance, on retrouve du sarcasme et de la perversion venant de l’auteur, ce qui nous fait nous dire presque amicalement, en esquissant un sourire : “mais que c’est con”. C’est accentué par le fait que l’on ressente derrière cela un goût pour la provocation qu’ont également en commun les trois artistes.

Si ce premier tome de The Last Man est centré sur l’humour et un peu l’érotisme, on sent qu’il y a quelque chose qui cloche. Comme une menace qui plane sur le manga. De l’attirance de toutes les filles pour Makoto à son apprentissage rapide en passant par l’étrange force qu’il déploie lors d’une scène en particulier, il y a un truc pas normal dans ce manga. D’ailleurs, cette scène où il envoie valdinguer une fille en l’air deux étages au-dessus de lui est vite tournée à la dérision, comme pour noyer le poisson. Seule la fille en question se rend compte que ce n’est pas normal d’avoir un tel pouvoir, alors que la petite Ai se contente de dire des choses sans queue ni tête, comme à son habitude. Aussi stupide soit-elle, il faut dire que l’héroïne est attachante. Non seulement elle est drôle, mais en plus son humour est accentué par son duo comique qu’elle forme avec son petit frère. The Last Man a donc tout d’un manga humoristique... Si Ai est aussi attendrissante, ce n’est d’ailleurs pas seulement pour l’humour de la série, c’est aussi car Tatsuya Egawa est un dessinateur hors pair. Si son style paraît simple, néanmoins il soigne ses dessins pour rendre ses personnages diablement beaux quand il le faut. Il y a un charme old school très typé années 90 dans l’esthétique de cette série. Cela fait donc du bien de retrouver l’un des plus beaux ambassadeurs de ce style de dessins extrêmement classique avec une série aussi déjantée que The Last Man.

En attendant la sortie de l’excellent Deadman et pourquoi pas des rééditions de Golden Boy ou encore de Yapou - Bétail humain, The Last Man marque le retour en France de Tatsuya Egawa de la meilleure de manière possible, c’est-à-dire en montrant l’étendu du talent de l’auteur à la croisée des genres. Même si l’humour prédomine ce premier tome, il est teinté d’érotisme et on sent l’ombre de l’horreur planer sur les personnages. On a qu’une hâte, c’est d’en lire la suite.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
jojo81
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs