Stay Away Vol.1 - Manga

Stay Away Vol.1 : Critiques

Ichijô Kaname to wa Kakawaranai

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 26 Février 2020

Au beau milieu de toutes les nouveautés de la collection Moonlight, un autre tome 1 s'est glissé chez Delcourt/Tonkam en ce mois de février: celui de Stay Away, un court shôjo en deux volumes. Publié en 2016 sous le titre Ichijô Kaname to wa Kakawaranai dans les pages du souvent qualitatif magazine Hana to Yume des éditions Hakusensha, ce manga est la première série un peu longue de Yû Misaki, une autrice qui a débuté quelque temps auparavant, en 2014, avec une mini-série fantastique en 3 chapitres nommée Shikkoku no Vega. Et depuis, elle a également conçu en 2018 un one-shot romantique, Senpai, Kawaii desu ne.

Tout commence par une première page on ne peut plus mystérieuse, où une jeune fille en train de se relooker reçoit un conseil d'un étrange petit être: elle ne doit en aucun cas se rapprocher d'un certain Kaname Ichijô. Cette fille, c'est Ritsu Kanzaki, que l'on découvre ensuite en lycéenne de seconde studieuse et serviable, ayant quelque peu changé de look depuis les années collège où elle avait toujours une frange lui cachant les yeux et masquant sa timidité. La voici désormais qui s'intègre assez facilement, tandis que sa nouvelle vie de lycéenne est bientôt un peu troublée par l'irruption d'un garçon: le fameux Kaname. Exclu dès le premier jour de classe après une rixe avec des élèves de troisième année, il passe auprès de tout le monde pour un voyou qu'il faut éviter, chose dont il se fiche puisqu'il n'accorde aucune importance à la façon dont on le voit. Mais si Ritsu, de son côté, doit l'éviter, c'est visiblement pour une tout autre raison... Pourtant, pourquoi s'intéresse-t-elle autant à lui de loin ? Comment peut-elle connaître si bien certains détails de son quotidien comme le fait qu'ils 'installe toujours sur le même banc ? La vérité ne tarde pas à tomber: Ritsu vit en réalité le deuxième cursus lycéen de sa vie. Dans le premier, elle était tombée amoureuse de Kaname, qui l'aimait tout autant. Ils sont sortis ensemble et filaient le parfait amour... tout du moins, jusqu'à ce que Kaname meure dans un accident en protégeant Ritsu, lors de leur dernière année de lycée. Alors qu'elle se morfondait dans la tristesse, est apparu devant elle le petit être des premières pages: Auguste-Alexander, se présentant comme un dieu du temps, et ayant décidé de lui offrir une chance d'empêcher la mort de Kaname en remontant le temps trois ans en arrière, avant que la jeune fille ne fasse la connaissance de Kaname. L'étrange petit dieu n'a qu'une consigne à lui donner: si elle veut que Kaname survive, elle doit éviter de trop se rapprocher de lui et de sortir avec lui. Ritsu s'applique d'abord à cette tâche avec le coeur serré, mais tandis qu'elle peine forcément à renier totalement ses intenses sentiments, Kaname lui-même se rapproche d'elle...

"Tu dois tout perdre pour qu'il puisse être heureux..."

Après des premières dizaines de pages assez malignes dans leur façon d'introduire les choses, Yû Misaki déballe un court récit qui, dans sa première moitié, séduit facilement dans la manière dont les choses sont narrées. Tandis que, sous le regard de Ritsu, on découvre en Kaname un "bad boy" loin d'être mauvais et victime d'une réputation un peu injuste puisque ce sont toujours les autres qui viennent lui chercher des noises, on entrevoit en notre héroïne une jeune fille attachante, tout d'abord parce que malgré ses sentiments profonds elle tâche de se contenir, de renier son amour, de ne pas y céder, car cela signifierait apparemment condamner Kaname à mourir. C'est aussi dans cette optique qu'elle a décidé de changer de look et de braver quelque peu la timidité qui a toujours été la sienne, et c'est ainsi qu'on la voit changée par rapport à ses années collège ou à ses premières années lycée. Mais alors qu'elle souhaite juste veiller de loin sur Kaname en ne se mêlant pas trop de sa vie, il faut croire que ces deux-là sont voués à s'attirer l'un l'autre, dans la mesure où nombre de petits événements, comme des coups bas d'autres garçons ou des séances de révisions, obligent l'adolescente à côtoyer de près celui qu'elle aime, au risque de l'intriguer.

En résulte alors une narration assez habile, car même si la mangaka va souvent à l'essentiel, elle sait tirer parti de cette situation pour deux autres choses. Tout d'abord, montrer aux autres, à travers Ritsu et sa façon de le défendre discrètement mais impulsivement, que Kaname est loin d'être le mauvais voyou que l'on croit. Ensuite, faire vivre à Ritsu des événements qui, parfois, ne peuvent que lui rappeler des souvenirs heureux de son premier cursus lycéen, celui-ci où elle sortait avec Kaname après avoir appris à le découvrir. Des souvenirs disséminés avec parcimonie sous la forme de brefs flashback, qui sont aussi autant de moments où l'on peut mieux découvrir l'ancienne Ritsu mais aussi la façon dont les deux personnages se sont rapprochés dans cette "autre vie".

Au bout du compte, on a alors quelque chose d'assez complet: on cerne bien l'évolution de Ritsu qui a par exemple bravé sa timidité en changeant de look, le changement de l'image que renvoie Kaname grâce à elle, l'amour qu'ils avaient autrefois bâti et qui pourrait peut-être se répéter... mais serait-ce une bonne idée ? Si la jeune fille évite autant qu'elle peut de renouer le même lien qu'avant avec celui qu'elle aime plus que tout, c'est bien parce qu'Auguste le lui a déconseillé... mais sous ses abords parfois humoristiques (il fait un peu trop une fixette sur les lycéennes...), ce petit dieu étrange est-il totalement digne de confiance ? Une interrogation qui, dans les dernières pages, et bien lancée, en nous promettant une suite tout aussi intéressante.

Visuellement, on sent qu'on est dans une série issue du magazine Hana to Yume: le trait de Misaki évoque régulièrement des séries comme Fruits Basket ou Divine Nanami. Pas de grosse personnalité en vue, mais un trait fin, expressif, dégageant pas mal de clarté ainsi qu'une certaine douceur, tout en offrant des designs soignés ainsi qu'une mise en scène et un découpage souvent efficaces.

Sur cette première moitié, Stay Away s'avère donc être une petite lecture soignée, où la jeune mangaka gère plutôt bien son sujet et n'a aucun mal à mettre en avant ses héros et leurs sentiments, tout en sachant susciter une réelle attente pour la suite. C'est donc avec beaucoup de plaisir que l'on découvrira le deuxième et déjà dernier opus !

Cette chronique ayant été réalisée à partir d'une épreuve numérique non-corrigée fournie par l'éditeur, pas d'avoir sur l'édition ! On peut tout de même signaler le bon travail sur la jaquette où tout en reprenant l'illustration de l'édition originale japonaise, l'éditeur a imaginé un fond bleu/mauve plus attractif (celui de la jaquette nippone est simplement blanc).
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs