Spicy Pink Vol.1 : Critiques

Spicy Pink

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 10 Août 2010

Suite à deux séries présentant encore de très jeunes femmes, Wataru Yoshizumi propose avec Spicy Pink un récit plus mature et plus accessible. L’histoire est celle de Sakura, une jeune femme de vingt-six ans qui a consacré sa vie à sa passion : dessiner des mangas. Mais tout n’est pas si simple quand on fait un métier que l’on aime, puisque certaines filières comme celle de la création demandent beaucoup de patience, de persévérance et de courage. En effet, les délais sont courts et les lecteurs aussi exigeants qu’impatients ! Sakura partage avec ses amies mangakas les difficultés quotidiennes de trouver une certaine stabilité auprès d’un compagnon, et tandis que sa meilleure amie vole d’hommes en hommes en espérant en trouver un capable financièrement parlant de réaliser ses attentes, Sakura ne souhaite pas développer une expérience déjà très légère … C’est au cours d’une dating party avec des médecins, alors que son amie lui explique qu’il est nécessaire de vivre l’amour pour le raconter, que la jeune femme rencontre un chirurgien esthétique. Ce dernier, malgré ses manières un peu grossières et cyniques, va rapidement lui demander de sortir avec lui … tout en lui avouant qu’il n’a pas le moindre sentiment amoureux à son égard. Le plus étonnant est sans doute le fait que Sakura accepte … et que les choses puissent évoluer entre les deux jeunes gens.

On remarque tout de suite le ton plus assuré et pertinent de l’auteur, comparé à ses œuvres adolescentes. Sakura est une jeune femme en quête de quelque chose sans réellement le chercher, elle est épanouie dans sa vie professionnelle et cela la rend immédiatement attachante. Iku aussi dévoile peu à peu un charme dont on ne soupçonnait pas l’existence, avec ses attentions mêlée à sa froideur habituelle. Cependant, les procédés utilisés par l’auteur pour faire avancer son histoire sont parfois un peu gros, voir lourds. Ainsi, le retour de l’ex petit ami de Sakura n’apporte pas grand-chose, surtout que la jeune femme ne doute pas un seul instant dans ce premier tome, et que sa préférence reste à Iku. Ce fantôme du passé a ainsi le seul rôle du salaud et du trouble fête qui vient étaler son pseudo savoir sur les sentiments et les désirs de ceux qui l’entourent … Toutefois, la narration reste très agréable en dépit de ces petites maladresses, et suivre le parcours de cette mangaka est plutôt sympathique, surtout que l’on en vient très rapidement à se demander si cette courte série ne décèle pas une part autobiographique … En tous les cas, le ton est très juste puisque l’auteur sait de quoi elle parle quand elle s’attarde sur le quotidien très chargé des artistes, sur leurs contraintes et leurs habitudes. Ce premier tome est alors agréable, grâce à des personnages charismatiques et pertinents, un sujet intéressant bien que déjà vu et une certaine maturité dans les sentiments, où l’amour n’est pas un conte de fée éternel et où il ne se manifeste pas toujours comme on le pense … Bien plus réussi que ses dernières sorties, Spicy Pink révèle une part plus adulte de la narration de Wataru Yoshizumi, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Ajoutons à tout cela une petite touche de mystère et de drame, et voilà un volume agréable et séduisant, qui se lit sans aucune difficulté.

Les dessins de la mangaka sont somme toute assez simples, moins chargés d’expressions et de fioritures que dans ses œuvres plus enfantines. Iku par exemple est très carré et sans fantaisie, alors que Sakura est banale et sans réel charme. Bref, une réalité assez mesurée, renforcée par de nombreux SD qui renforcent l’humour et la difficulté du quotidien de Sakura, ainsi que les frasques de son amie. Les personnages ont beau faire plus adultes grâce à leur sobriété, l’héroïne demeure un peu trop jeune, dans le récit mais aussi sur les devantures de chapitre et sur la couverture, trop rose et trop enfantine. L’édition propose une traduction agréable, sans que les onomatopées ne soient toutefois complètement adaptées, et les pages sont quelques fois gênantes à cause de leur finesse, l’ensemble restant tout à fait correct. Spicy Pink c’est donc du romantisme qui se veut réaliste, de jolis graphismes, une bonne dose de tendresse qui ne déclenche pas les mêmes émois catastrophiques que chez les lycéennes, et un humour sympathique autour du métier de mangaka. Agréable lecture à vrai dire, sans doute la meilleure des trois œuvres de l’auteur proposées par Glénat.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs