Seizon Life - Edition Perfect Vol.1 - Actualité manga
Seizon Life - Edition Perfect Vol.1 - Manga

Seizon Life - Edition Perfect Vol.1 : Critiques

Seizon Life

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 06 Juin 2023

Dans sa politique de rééditions de titres indisponibles, Panini corrige aujourd'hui une sacrée injustice : l'absence du mangaka Kaiji Kawaguchi dans nos librairies. Auteur vétéran de Zipang et Spirit of the Sun (qu'on aimerait bien voir revenir chez nous, eux aussi) et ancien mentor de Tsutomu Takahashi, le maître signé entre 1999 et 2000 la série Seizon Life, sur le scénario de Nobuyuki Fukumoto. Publié initialement chez nous en 2005, le manga est de retour dans nos contrées en ce printemps 2023, au format Perfect.


Takeda est un homme dont la vie n'est faite que de drames. Après la disparition mystérieuse de sa fille il y a quatorze ans, sa femme quitta le monde précipitamment, suite à un cancer agressif. Véritable coup du sort, l'homme souffle aujourd'hui de la même pathologie, alors qu'il s'apprêtait à célébrer une vraie ascension professionnelle. Mais dans ce malheur, le destin lui montre un signe plus clément. Lorsque la dépouille de Sawako, sa fille, est retrouvée par miracle, Takeda apprend que la prescription du meurtre aura lieu dans six mois... soit le temps qui lui reste à vivre. Sans attendre, tout en jetant un regard mélancolique sur son existence, l'homme part enquêter sur la disparition de sa fille.


Thriller dramatique, Seizon Life entre rapidement dans le vif du sujet, pour ne jamais s'éloigner de sa trame au cours de ce premier volume, sur les deux qui composent cette perfect edition. L'histoire tragique de Takeda est vite plantée, tout comme les prémices de l'acte final de sa vie qui consistera en une course contre la montre, pour retrouver le meurtrier de sa fille, disparue alors qu'elle n'était qu'adolescente, il y a plus de dix ans. Et justement, un délai, flirte avec la date de prescription, aussi dénicher le moindre indice pour un homme seul relèverait du miracle. C'est dans ces conditions, aux côtés d'un homme qui sait qu'il n'en a plus pour longtemps, que cette première partie d'intrigue nous est contée, soit un cocktail mélangeant policier et drame.


Par sa manière de ne jamais s'éloigner de son fil rouge, Seizon Life propose une première moitié tout à fait prenante en ce qui concerne sa dimension enquête. Ne s'intéressant qu'aux vraies avancées de Takeda, l'intrigue entretient un rythme appréciable tout le long, ne laissant jamais le lecteur sur sa faim dans cette investigation. Le fait que le héros, cet homme seul et mourant, ne parte de rien et glane diverses pistes par de l'improbable ajoute une certaine fraîcheur à la trame. Et si certains rebondissements semblent téléphonés, Nobuyuki Fukumoto trouve toujours le moyen de ramener un équilibre, notamment en confronter les lueurs d'espoir du protagoniste à la réalité stricte du terrain d'un cadre d'investigation policier. Cela constitue même une part de l'aura du récit. Face à l'espoir tenace de Takeda et l'envie du lecteur de voir ce père débusquer le meurtrier de sa fille, il y a une réalité terre à terre, qui s'implante dans le cadre de la fiction, et de laquelle le héros ne peut malheureusement s'extirper... À moins qu'une aide extérieure lui soit fournie.


Outre le thriller, Seizon Life s'impose donc comme une aventure aux élans amers, par cette vision de l'enquête et par les états d'âme de Takeda, un père qui regrette sa séparation avec sa fille, et un homme qui contemple le monde et sa vie d'antan avec un regard résigné. Par moment, l'intrigue fait quelques petites pauses, de manière à croquer ces élans mélancoliques qui nous touchent. Le manga ne cherche pas à devenir un tire-larmes, mais sait se doter d'une ambiance qui fait mouche pour une histoire d'enquête. Il restera alors le déroulé un poil trop scolaire, mais qui n'empêche en rien de profiter de la triste histoire de Takeda, homme imparfait dans un monde qui l'est tout autant, et de la dernière aventure de sa vie.


Dans cet ensemble, le trait de Kaiji Kawaguchi joue énormément dans notre appréciation. Sa narration est très cadrée et sert de repère à la lecture, tandis que sa patte solennelle, expressive et sans fioritures apporte de la crédibilité à l'aura globale. C'est aussi pour ce style que nous aimerions pouvoir lire davantage du maître chez nous. Qui sait, un éditeur se risquera peut-être à publier la saga Kubo Ibuki ?


Alors, Seizon Life est une lecture qui laissera difficilement de marbre. Enquête rondement menée dans un ensemble touchant, voire poignant, cette première moitié de récit nous pique au vif. Pour cette combinaison, le manga est particulièrement accessible, capable de contenter les amateurs de thrillers comme les amoureux de récits mélancoliques et dramatiques.


Concernant l'édition, Panini reste fidèle à sa gamme des perfect edition, via un joli écrin profitant des reliefs d'un vernis sélectif sur quelques éléments de la couverture, un papier de qualité honnête, et la présence de pages couleur. Le lettrage de Lara Iacucci est sans fausse note, et la traduction de Xavière Daumarie bien équilibrée.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs