Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 07 Janvier 2025
Chronos considère comme une trahison de Zeus son énième refus à le faire intégrer l’Olympe. En conséquence, la divinité du temps prépare sa vengeance. Mais pour parvenir à ses fins, il a besoin de l’Horloge de l’Apocalypse, pour l’heure incomplète. Afin de la rendre opérationnelle, il a besoin de la Flamme divine dérobée par Prométhée, mais ce dernier a été puni par Zeus et enchaîné au Pilier de la création. Afin de libérer l’être capable de l’aider, Chronos doit comprendre la nature de cette chaîne incassable. Son regard se tourne alors vers Shun, le Chevalier de Bronze d’Andromède. Juste après la bataille du Sanctuaire, ce dernier recouvre ses forces, à l’instar de ses compagnons, tandis que Mû est sur le point de restaurer les armures de bronze…
Le synopsis de ce deuxième ouvrage traduit à lui seul le jeu d’équilibriste auquel doivent s’adonner Jérôme Alquié et Arnaud Dollen pour créer une trame qui se déroule entre les différents arcs du manga original de Masami Kurumada. Après un premier tome centré sur Ikki qui prenait place juste après le combat contre les Chevaliers d’Argent, le binôme place cette fois l’action entre l’arc du Sanctuaire et celui de Poséidon. Un constat qui, d’emblée, soulève des incohérences que le scénario tente de gommer par quelques ramifications explicitées dans les pages bonus de making-of de l’ouvrage. Un exercice délibérément casse-gueule, qui pourra en laisser certains sceptiques. Mais ce sentiment mis de côté, force est de constater que ce deuxième album est aussi enthousiasmant que le premier.
En quelques pages seulement, un peu moins d’une cinquantaine, ce deuxième volet parvient à narrer une bataille entraînante entre certaines des Heures (le nom donné aux guerriers de Chronos comme peuvent l’être les Chevaliers d’Athéna) et notre quatuor principal de Bronze. Une aventure rondement menée, avec une mise en avant toute particulière de Shun, histoire de suivre une certaine logique dans le déroulé et de faire se succéder les deux frères dans la trame de ce récit. Sur un rythme particulièrement bon, le binôme parvient à donner une belle énergie à cette deuxième bataille, le tout en insistant aussi bien sur les nouveaux adversaires que sur le Chevalier d’Andromède. Des développements qui proposent aussi bien des récits originaux que des connexions à l’univers et aux personnages de l’œuvre de Kurumada, quitte à froisser une nouvelle fois les inconditionnels qui prendraient le canon de base comme un écrin sacré. Un sacrifice narratif (si tant est qu’on puisse le nommer ainsi) qui justifie pourtant un scénario qui se paie le luxe de garnir l’univers de base de petits ajouts, voire même de donner de la personnalité à des personnages qui en manquent dans le manga initial, le tout sous validation de l’ayant droit japonais dont les propositions sont toujours retenues pour affiner cette nouvelle intrigue.
Il y a donc une générosité évidente de la part des deux auteurs, donnant une aventure dynamique et suffisamment dense pour qu’on entre de plain-pied dans le récit. Une générosité aussi visuelle, une nouvelle fois, puisque le découpage et le style de Jérôme Alquié empreinte à la patte de Masami Kurumada, à l’élégance de feu Shingo Araki et aux mises en scène inspirées de l’adaptation animée pour donner un melting-pot de ce qui a marqué les fans de Saint Seiya, sous tous ses médias. C’est beau, coloré et vivant, l’hommage à l’œuvre originale et aux artistes qui l’ont nourrie étant assumé jusqu’au bout et donne un vrai rendu esthétique.
Et comme pour le tome premier, ce deuxième album a eu droit à une édition limitée, dans un format plus grand et dans un fourreau rigide à l’effigie de la boîte de l’armure d’Andromède. Le plus intéressant reste une nouvelle fois la belle flopée de pages qui nous montrent les coulisses de la création de cette histoire, des crayonnées aux characters-designs en passant par quelques échanges avec les éditeurs japonais, le tout ponctué d’une nouvelle écrite par Jérôme Alquié et revenant sur la légende de la chaîne d’Andromède. Quelques pages qui, à elles seules, apportent beaucoup d’éléments à l’univers, proposant des origines intéressantes aux lecteurs, et choyant une nouvelle fois la mythologie Saint Seiya. Certains pourraient y voir un affront, mais le tout est fait avec tant de sincérité que ces propositions sont à saluer.