Sacré Prof - Actualité manga

Sacré Prof : Critiques

Hacchaki Sensei

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 15 Novembre 2018

Après Plus haut que le ciel, Les couleurs de Yuki, Fermé pour la journée et Bunza l'insouciant, les éditions Black Box continuent d'explorer l'oeuvre de l'excellent Saburô Ishikawa avec le one-shot Sacré Prof, un manga qui fut initialement publié au Japon en 1984, et qui fait donc partie des premiers titres de cet auteur ayant démarré sa carrière en 1978.

Sacré Prof présente le quotidien d'un enseignant un peu atypique dans son nouveau collège. Jusqu'à présent, Genta Aramaki enseignait dans une toute petite école de village, mais quand cette école est obligée de fermer, le voici muté dans un tout nouveau cadre: une école huppée de la ville de Sapporo, sur l'île de Hokkaidô au nord du Japon. Choisissant d'emmener avec lui sa petite soeur lycéenne Akiko ainsi que les trois élèves dont il avait la charge au village afin de s'assurer qu'ils puissent continuer de recevoir une éducation, il entame avec eux une cohabitation. Avec ce désir de s'occuper de ses élèves, Aramaki semblerait être un homme responsable et compétent, mais la réalité est tout autre ! Quoi qu'il en soit, il s'appliquera toujours à soutenir ses élèves, que ce soit ceux du village ou les nouveaux, face aux règles strictes de l'école entre autres.

Ce récit en 10 chapitres et d'environ 220 pages nous fait donc suivre un enseignant pouvant d'abord parâtre presque irresponsable: un peu étourdi, pensant déjà aux amourettes qu'il pourrait vivre avec ses nouvelles collègues, ayant d'abord tendance à fuir certains problèmes, dans un premier temps blasé quand il se retrouve obligé de s'occuper du club de foot... Aramaki est un prof qui se révèle vite truculent et assez amusant à suivre... Et pourtant, il ne cessera de montrer certaines valeurs intéressantes au fil des pages. Cela passe d'emblée par son choix d'avoir embarqué avec lui ses anciens élèves, mais pas que: il s'appliquera par exemple à défendre un gamin marginal en le poussant à s'inscrire au club de foot, à protéger deux collégiens qui s'aiment, à redorer le blason d'une loubarde de 18 ans qui s'éprend de lui, à se prononcer en faveur d'une pièce de théâtre de ses élèves mettant en scène l'histoire d'amour vraie d'une enseignant et d'un adolescent... et évoquera même la question du suicide et de sa vanité.

L'ouvrage est vraiment intéressant pour ce qu'il nous montre d'un Japon des années 80, avec une éducation pouvant encore être très délicate en campagne profonde (Aramaki choisissant donc d'emmener les gosses du village avec lui), quelques petits contrastes entre éducation rurale et éducation en ville dans une école huppée, ou tout simplement des changements de moeurs de l'époque avec une jeunesse qui se libère un peu plus et que notre "sacré prof" soutient régulièrement. Mine de rien, tout ceci pose déjà les bases de la carrière d'Ishikawa, avec un désir d'offrir quelque chose d'assez authentique.

Ce que l'on pourra regretter est sûrement la brièveté du récit, qui fait que plusieurs éléments évoqués au fil des chapitres restent finalement un peu en plan, et que certains visages (notamment parmi les enfants ramenés du village) sont très peu mis en avant. Mais l'oeuvre jouant surtout sur la tranche de vie, on a vu plus dérangeant.

Visuellement, Sacré Prof a été dessiné une décennie avant Plus haut que le ciel ou que Fermé pour la journée, et deux décennies avant Bunza l'insouciant, Une sacrée mamie ou Aya conseillère culinaire. Il s'agit de l'une des oeuvres de jeunesse du mangaka, et forcément cela se ressent un peu. Mais il y a déjà tout ce qui fait le charme de son trait, avec beaucoup d'expressivité et des designs "old school" finalement assez intemporels.

Sacré Prof est donc un one-shot qui, dans l'ensemble, est plaisant à parcourir, même si on aurait adoré que ce plaisir soit un peu plus long. Pas de surprise du côté de l'édition, typique de Black Box dans le grand format, l'absente de jaquette et la présence de rabats. En dehors de certaines cases un peu coupées, on a droit à une édition honnête avec un lettrage correct et une traduction soignée d'Alexandre Goy qui trouve souvent un langage bien adapté aux personnages.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs