Revenge Classroom Vol.1 - Actualité manga

Revenge Classroom Vol.1 : Critiques

Fukushû kyôshitsu

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 26 Mars 2015

Dans sa classe au collège, Ayana est devenue le bouc émissaire, celle qui se prend toutes les brimades, des plus succinctes aux plus graves. Insultes, menaces, violences, racket, viol... Elle a déjà tout subi, mais est toujours restée plutôt passive... jusqu'au jour où un énième accident fait exploser toute la haine qui s'était accumulée en elle. C'est décidé : dans l'ombre, elle se vengera de tous les élèves de sa classe, les uns après les autres...


Portant très bien son nom, Revenge Classroom nous plonge dans un récit de vengeance qui donne le ton dès les premières pages, violentes et montrant très rapidement la haine engrangée par Ayana. Et pourtant, sur le coup, il est difficile d'être pleinement convaincu par cette entrée en matière et par les vengeances qui s'ensuivent.


Au premier abord, le portrait qui est fait d'Ayana apparaît clairement trop rapide : le début expédie le fait qu'elle a subi des brimades pendant longtemps, et il ne faut qu'une vingtaine de pages avant de la voir changer du tout au tout, passer de proie passive à vengeresse rongée par la haine. De ce fait, ne vous attendez pas à pouvoir vraiment vous immerger dans ce qu'elle ressent : si l'on comprend bien qu'elle a subi les pires choses, la voir haineuse dès le départ empêche toute réelle empathie, d'autant que ses pensées s'avèrent très primaires et répétitives (les formules du type "je n'ai pas le choix" ou "je dois me venger" à répétition sont lourdes).


Quant aux vengeances en elles-mêmes, elles manquent cruellement de travail, chaque chapitre se contentant de nous présenter un nouveau cas sur lequel Ayana va appliquer ses sentences. Traquant ses proies pour mieux cerner leurs faiblesses et leurs secrets, la jeune fille met ensuite au point des petits plans ponctués d'idées intéressantes, mais qui paraissent beaucoup trop faciles, trop cousus de fil blanc, et dont l'issue est parfois un peu ridicule dans son côté too much, à l'image de la vengeance sur la déléguée Yuko Takishima. De même, côté visuels, les auteurs jouent clairement la carte de la surenchère sur les expressions haineuses d'Ayana, dont le regard apparaît presque démoniaque, ce qui plaira ou pas selon les goûts.


Et pourtant, on aurait tort de s'arrêter à cette première impression de récit pas surprenant, répétitif et too much, car Revenge Classroom finit petit à petit par surprendre et déranger. Ne lésinant sur rien pour accentuer l'ambiance sombre et malsaine de leur série, les auteurs offrent des cas allant assez loin, avec notamment un séducteur se jouant des filles pour mieux profiter d'elles, voire les violer, ou des lycéennes exerçant des activités proches de la prostitution. Mais à côté de ça, d'autres cas, à l'image de Yuko ou d'Ai, s'avèrent beaucoup plus ambigus. S'il y a d'un côté des adolescents ayant réellement fait vivre le pire à Ayana, il y en a d'autres qui ont été simplement contraints de s'éloigner d'elle à cause de leurs propres soucis, voire certains qui ont cherché à la protéger secrètement. Mais Ayana, rongée par la haine, ne fait aucune différence et abat implacablement ses châtiments en dérangeant de plus en plus le lecteur... jusqu'à ce que tout finisse par déraper, inévitablement, dans une fin de volume qui lance réellement la machine. Dans sa haine aveugle, Ayana finit par perdre le contrôle de sa vengeance, entraînant des conséquences... mortelles, et qui auront sans aucun doute un impact terrible sur elle-même. La haine aveugle était-elle la meilleure solution pour elle ?


Concrètement, au premier abord ce premier tome a tout d'une série B au schéma répétitif, aux dialogues basiques et aux réactions too much, les auteurs faisant dans la surenchère pas fine pour marteler leur propos. Mais à bien y regarder, l'oeuvre dévoile en filigranes des choses surprenantes, ne manquant pas de déranger, le tout se terminant sur un très bon cliffhanger. Les auteurs ont fait des choix d'abord peu emballants mais qui finissent par offrir au récit tout son cachet (notamment l'absence d'empathie pour Ayana et sa vengeance aveugle, qui finissent par déranger dans le bon sens du terme), et l'oeuvre est clairement assez intrigante pour qu'on ait envie de voir de quoi la suite sera faite.


Côté édition, on pourra regretter l'absence de mention "pour public averti" alors qu'il est quand même question, en vrac, de violence, de prostitution, de mort ou de suicide (même si rien n'est montré crûment, c'est clairement abordé). L'édition n'en reste pas moins plaisante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs