Ranking of Kings Vol.1 - Actualité manga
Ranking of Kings Vol.1 - Manga

Ranking of Kings Vol.1 : Critiques

Ôsama Ranking

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Avril 2022

Chronique 2 :

Ranking of Kings (ou Ôsama Ranking selon son titre d'origine) fait partie de ces œuvres montantes, d'abord saluées par la critique avant de profiter d'une notoriété par une adaptation animée. Si le manga de Sôsuke Tôka débute en 2017 sur la plateforme Manga Hack, avant de paraître au format relié dans le label Beam Comics de l'éditeur Kadokawa Shoten, le public international fait connaissance avec le récit par la très bonne adaptation animée produit par Wit Studio entre octobre 2021 et mars de cette année, celle-ci ayant tiré sa révérence au bout de 23 épisodes tandis que le manga se poursuit avec 13 tomes au compteur. De par sa qualité mêlée à la fraîcheur du titre d'origine et de son esthétique, l'anime a convaincu et fédéré, au point d'être devenu l'un des show les plus appréciés du moment.

Il n'y avait donc pas de timing plus idéal pour proposer la version d'origine en France. Aussi, après avoir annoncé avoir acquis les droits du manga en octobre dernier, Ki-oon publie le premier volume en ce printemps 2022. Voilà de quoi se rassasier pour celles et ceux qui ont apprécié l'anime, et l'occasion pour le plus grand nombre d'apprécier le récit par la patte de Sôsuke Tôka et sa vision d'origine, sachant qu'il s'agit là de sa toute première série.

Dans une monde où règnent les rois, un classement des monarques distingue ces derniers selon différents critères dont le nombre de chevaliers à ses services, sa capacité à gouverner, ou simplement sa force. Le royaume de Bosse est sur le point d'accueillir son nouveau roi, l'actuel souffrant de maladie, et s'apprêtant à confier les rennes du pouvoir à son premier fils : Bojji. Mais le petit garçon n'a rien de la figure idéale du monarque. Affichant un grand sourire en toutes circonstances, celui-ci est sourd et mué, et dénué de toute force physique au point de ne pas être capable de soulever une épée. Difficile de confier le pouvoir à un être si chétif, quand son demi-frère, le prince Daida, semble beaucoup plus apte à diriger le royaume. Seulement, Bojji a pour lui son inébranlable volonté et une capacité à toucher autrui, ce qui ne manquera pas de séduire Ombre, un être issu d'une lignée d'assassins qui, après avoir racketté le petit prince, choisira de le soutenir le mieux possible.

Ranking of Kings a un quelque chose de déstabilisant, un sentiment qui nous gagne dès que nous apercevons sa couverture. Le titre a des allures de conte pour enfant, de par la simplicité du trait de son auteur et par son amorce qui nous transporte dans un monde imaginaire où existent rois, chevaliers, géant et créatures surnaturelles, sans que les combattants ne profitent a priori d'artifices. Et dans un monde aussi naïf en apparence, l'idée d'un héros chétif et handicapé ne peut que renforcer la première impression... avant que la lecture ne vienne quelque peu nous bousculer.

Malgré un premier volume aux traits enfantins et dont l'esthétique peut grandement déstabiliser par sa patte épurée, déformée et parfois grotesque, le début d'intrigue proposé par Sôsuke Tôka provoque un tout autre effet. Rapidement, la candeur de l'univers laisse place à un monde de fantasy qui démontre sans broncher ses aspects le plus impitoyables, que ce soit un peuple méprisant envers un jeune prince attachant qui affiche un sourire de façade cachant sa détresse, ou une sorte de jeux de pouvoir dans lequel chacun, derrière l'affection montrée au héros, préfère se cacher derrière le choix d'un monarque fort et valeureux. Rien de joyeux pour Bojji dont les premières mésaventures consistent en un racket perpétré par le mystérieux Ombre, dont l'humanité va de pair avec un passé torturé et un contexte racial qu'on n'envierait pour rien au monde.

Ce contraste entre la naïveté et un récit dur donne le sel de ce premier volume, un tome qui présente un début d'intrigue jonglant entre de multiples nuances, et dont on ne sait toujours pas quoi attendre véritablement. Une lutte de pouvoir ? Peut-être. Un combat pour contrer la malédiction infligée par le roi Bosse à son fils ? Pas impossible. Difficile d'imaginer ce qui nous attend, mais ce tome de démarrage installe une certitude : Celle d'un manga qui fait office de grande fraîcheur, dont le monde féerique (bien que plus cruel que ce qu'il laisse croire) fait mouche tant il nous rappelle les contes enfantins qui nous ont autrefois bercé. Et si Ranking of Kings était une nouvelle proposition de conte, mais cette fois pour les adultes (ou au moins adolescents) que nous sommes devenus ? L'idée est alléchante, aussi on attendra avec hâte de voir ce que l'aventure du petit Bojji nous propose... Pour les lecteurs qui ne seraient pas passés par la case « anime » au préalable, bien évidemment.

Concernant l'édition, Ki-oon octroie à Ranking of Kings son format dit shônen, quand bien même le titre ait intégré la collection kizuna de l'éditeur. On retrouve ainsi les forces de fabrication de la maison, notamment un papier d'une belle solidité.
La traduction a été confiée à Sébastien Ludmann dont le texte ne trahit jamais les divers tons du titre, ce qui n'était peut-être pas évident avec un manga aussi singulier que celui de Sôsuke Tôka. Enfin, l'adaptation graphique concoctée par le studio Charon fait son office, tant le résultat visuel de l'ouvrage est convaincant.


Chronique 1 :

En ce début de printemps, la collection "tout public" Kizuna des éditions Ki-oon accueille une pièce de choix avec Ranking of Kings, une oeuvre qui vient tout juste de voir sa popularité exploser à l'international grâce à la diffusion, entre octobre 2021 et mars de cette année, de son adaptation animée, adaptation brillante et faisant sans aucun doute partie de ce qui est arrivé de meilleur à l'animation japonaise ces derniers mois.

A la base, Ranking of Kings, de son nom Ôsama Ranking (dont le titre anglais/international est une traduction proche), est un manga qui a été lancé en 2017 sur internet, à titre amateur via la plateforme Creative Entertainment, par Sôsuke Tôka, celui-ci ayant alors 41 ans et venant de quitter son travail pour tenter de vivre de sa passion. Petit à petit, son histoire attire un peu public toujours plus grand, jusqu'à permettre à l'auteur de participer en 2018 au prix "Tsugi ni kuru manga" catégorie web. Un premier pas vers la consécration puisque, dans les mois qui suivent, l'oeuvre est repérée par l'éditeur Enterbrain, éditeur faisant partie du grand groupe Kadokawa et déjà connu en France pour un paquet d'oeuvres de qualité, ne serait-ce que celles issues des magazines Harta (Bride Stories, Dans le sens du vent, minuscule, Gloutons & Dragons...) et Comic Beam (les adaptations de Lovecraft par Gou Tanabe, la plupart des mangas d'Atsushi Kaneko, Thermae Romae...). C'est d'ailleurs au sein du Comic Beam que Ranking of Kings entame une prépublication professionnelle à partir de 2019, prépublication se poursuivant toujours à l'heure actuelle.

L'histoire imaginée par Sôsuke Tôka nous immisce dans un monde fictif où existent plusieurs royaumes ainsi qu'un "classement des rois", classement permettant de juger la valeur des royaumes selon différents critères: le nombre de chevaliers au service du souverain, l'importance accordée au peuple, la prospérité des terres, et surtout la force et le courage du roi lui-même. Actuellement 7e de ce classement, le roi Bosse, véritable colosse a la taille de géant, a toujours brillé dans ce classement, et en particulier auprès de ses sujets qui ont une très haute estime de lui. Il faut dire que ce dernier a construit son pays, le royaume de Bosse, à lui tout seul, en partant d'un simple village et en repoussant moult dangers grâce à sa puissance et à sa bravoure ! Mais hélas, le vaillant souverain, qui représente à lui seul toute l'Histoire du royaume de Bosse, est à présent malade, et n'en a vraisemblablement plus pour longtemps. Derrière lui, il laissera bientôt deux possibles successeurs, et devra choisir entre les deux. L'un, son fils cadet Daida, est l'enfant de l'actuelle reine Hiling, une femme qui semble aussi sévère qu'autoritaire. Ayant toujours brillé dans sa formation à l'épée auprès de son strict maître d'armes Bebin, Daida apparaît comme un garçon costaud, que la plupart des habitants verraient bien comme leur nouveau roi. Quant au fil aîné de Bosse, Bojji, sa situation est bien moins positive: ayant perdu très jeune s amère la première reine, il est en plus né minuscule, sourd, muet, et particulièrement chétif, à vrai dire si frêle qu'il n'a même jamais été capable de tenir une épée ou même une dague lors de ses entraînements avec son maître d'armes Domas.

Et Bojji n'est autre que le personnage principal de cette histoire, personnage à qui l'on s'attache irrémédiablement dès les premières dizaines de pages, de par ce qu'il montre de lui. Handicapé, arrivant à peine à articuler quelques syllabes, comprenant juste ce qu'on lui dit en lisant sur les lèvres, dépourvu de la moindre force physique, il suscite essentiellement l'apitoiement ou la moquerie chez les autres, en particulier lors de certains moments, comme quand, à chaque fois qu'il part se promener, il rentre au château en caleçon, comme s'il avait été détroussé par quelque brigand. Pourtant, c'est bien le brigand en question, Ombre qui, le premier, va déceler une autre forme de courage en Bojji: malgré sa situation il garde toujours son sourire, reste gentil... mais peut-être préfère-t-il surtout souffrir en silence, sans inquiéter les autres. Pourtant descendant et unique survivant d'un groupe d'assassins autrefois éradiqué, Ombre, qui porte bien son nom puisqu'il a littéralement une apparence d'ombre, finit vite par être touché par ce petit garçon qui ne se laisse pas abattre malgré sa situation, tant et si bien qu'au lieu de continuer à la détrousser jour après jour, il décide de soutenir Bojji et de devenir pour lui un partenaire de conversation, voire un ami. Pour le gentil Bojji, il n'en faut pas plus pour lui dévoiler son plus grand rêve: devenir, pour le royaume de Bosse, le meilleur roi du monde ! Mais comment faire quand la sympathie populaire est pour Daida, et quand tout le monde nous considère comme un incapable handicapé et trop chétif ?

C'est sur ces bases que commence doucement mais sûrement un récit où, on le devine bien, on sera amené à suivre, avec le soutien d'Ombre, la possible ascension de Bojji envers et contre tout pour atteindre son objectif. Mais il va de soi que rien ne sera facile, que bien des épreuves attendent le jeune garçon, et que ces épreuves commencent dès ce premier volume entre la rivalité de Daida qui prend clairement de haut son grand frère, le soutien de la majeure partie du peuple envers ce dernier, l'ambiguïté de la reine Hiling qui ne voit pas comment Bojji pourrait devenir un roi fiable et joue alors de son influence, le manque de confiance de Domas envers son propre disciple, les coups bas de Bebin... Et en attendant de voir comment Bojji et Ombre feront face aux obstacles sur la longueur, Sôsuke Tôka a aussi le mérite, dès ce premier volume, de s'intéresser intelligemment au passé afin de nuancer ses personnages, en particulier dès lors que l'on découvre la vraie origine de la puissance colossale du roi Bosse et de l'aspect extrêmement chétif de Bojji... mais on pourrait aussi évoquer une reine Hiling peut-être pas si mauvaise que ça (elle a longtemps pris soin de Bojji dans son enfance, fait encore attention à lui en le soignant...), et surtout un Ombre dont on découvre déjà en détails le passé tragique, l'enfance douloureuse, simplement parce qu'il est né fils d'un groupe d'assassins. Alors, quelque part, Ombre tout autant que Bojji chercheront sans doute, au fil du récit, à surpasser leur condition, la condition dans laquelle on les enferme.

Visuellement, si l'on sent que Sôsuke Tôka vient du milieu amateur et qu'il signe ici son tout premier manga professionnel, le fait est que son dessin assez simple, un peu irrégulier et un brin enfantin colle parfaitement à l'ambiance de l'oeuvre. Ce côté enfantin, presque naïf dans les bonnes bouilles rondes de Bojji, a de quoi toucher petits et grands... sans pour autant occulter la part plus profonde du récit, chose que l'on ressent bien à travers quelques moments plus durs ainsi que dans la représentation assez douce et empathique de certains instants douloureux pour nos deux personnages principaux. Enfin, ce trait simple permet à l'auteur une grande variété de designs (on reconnaît immédiatement chaque personnages, chacun ayant des caractéristiques qui lui sont bien propres), et sa narration s'écoule toujours avec beaucoup de clarté dans un rythme constant et maîtrisé.

A l'image de son excellente adaptation animée avant lui, le manga d'origine de Ranking of Kings aura donc de quoi, lui aussi, séduire un large public en France. Déjà touchant et semé d'embûches, le parcours de cet attachant duo que forment Bojji et Ombre démarre sous les meilleurs auspices.

En ce qui concerne l'édition française, Ki-oon nous offre une excellente copie, avec en premier lieu un papier bien épais et assez souple permettant une très bonne qualité d'impression. Soulignons aussi la traduction de Sébastien Ludmann à la fois bien vivante et adéquate par rapport à l'ambiance générale, le lettrage soigné, et les quatre premières pages en couleurs permettant de présenter brièvement les principaux personnages. Enfin, vu de l'extérieur, l'objet est joli avec une jaquette sans fioritures mais fidèle à l'originale japonaise, s'ornant en plus d'un "cadre" conçu pour l'édition française, et affichant un logo-titre bien pensé.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs