Puzzle Vol.11 : Critiques

Travaillant désormais pour une société de distribution de films, Kanna a fait la connaissance d'un homme que l'on ne connaît que trop bien : Roku Akazawa. D'abord rebutée par le cynisme du jeune homme, Kanna apprend petit à petit à le connaître, notamment par l'intermédiaire de son amie Momoka. Ainsi, ils commencent à enchaîner ensemble les activités, comme une sortie au cinéma ou un dîner au restaurant. Cependant, Kanna reste toujours aussi impassible, froide, distante, toujours rongée par un sentiment de culpabilité vieux de sept ans. Mais une évolution pourrait bien s'entrouvrir, via la découverte par Kanna et Roku de leurs douleurs respectives, qui possèdent bien des points communs.

Après avoir construit avec finesse un habile casse-tête où les personnages s'entrecroisent comme ils pourraient le faire dans notre réalité, Ryô Ikuemi enclenche bel et bien la dernière ligne droite que l'on devinait avec la rencontre entre Kanna et Roku, qui constituent les deux éléments centraux du récit, ceux à qui il faudra le plus de temps pour évoluer, faire fi du passé, ou apprendre à vivre avec.
Les qualités du récit sont toujours les mêmes, mais sont ici encore accentuées : petit à petit, les nombreux personnages croisés au fil des volumes se retrouvent, se regroupent, que ce soit pour un moment ou pour une durée plus longue, et chacun s'influence d'une manière ou d'une autre, laisse parler ses expériences personnelles pour faire évoluer les choses et, surtout, pour faire évoluer les deux personnes les plus meurtries, qui pourraient bien enfin trouver une porte de secours en se fréquentant.

Mais rien n'est simple, et les fantômes du passé de Kanna et Roku ne semblent pas destinés à devoir se régler en deux temps trois mouvements via une relation amoureuse directe comme on en voit si souvent. La mangaka prend son temps, prend le temps de créer encore et toujours des interactions vivantes et crédibles entre ses personnages, qui en ressortent toujours plus vrais. Ikuemi a un don pour offrir des personnages fins et humains, et l'on restera particulièrement admiratif face à sa façon très subtile d'aborder la notion de culpabilité, cette culpabilité qui anime depuis des années Kanna ou Roku, mais que tous deux assument d'une manière différente. A présent, à eux de faire le point et de tirer des enseignements de leurs façon respective de voir les choses.

Entré dans sa dernière ligne droite, Puzzle continue de séduire de par l'humanité de ses personnages et la subtilité des sujets abordés, à commencer par la notion de culpabilité. Parfaitement construit, le récit de Ryô Ikuemi suit logiquement sa route en créant chez le lecteur une réelle envie de voir comment vont finir les choses, et quels impacts auront encore les uns sur les autres ces personnages qui s'entrecroisent comme le ferait n'importe qui dans la vraie vie.