Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 07 Octobre 2022
Après Zombie From Now On ! en avril dernier, les éditions Chattochatto accueillent enfin leur deuxième nouveauté manga de 2022 en ce début de mois d'octobre avec Pseudo Harem. De son nom original Giji-Harem, cette série bouclée en 6 tomes a initialement été prépubliée au Japon entre 2018 et 2021 dans le magazine Gessan des éditions Shôgakukan, aux côtés de séries comme MIX ou Quand Takagi me taquine. Il s'agit de la première publication française du manga Yu Saito et de sa deuxième oeuvre professionnelle dans son pays d'origine, l'auteur ayant auparavant signé une autre tranche de vie humoristique nommée Getsuyoubi wa 2-gen kara.
Cette série nous immisce auprès de deux adolescents. L'un, Eiji Kitahama, est élève qui fait partie du club de théâtre de son établissement scolaire et qui, en bon adolescent, a pour lubie d'avoir un jour son propre harem. L'autre Rin Nanakura, est précisément l'étoile du club, tant elle est excellente comédienne. Et ses talents d'actrice, elle aime particulièrement les utiliser pour interpréter différentes personnalités auprès d'Eiji, afin de lui donner l'impression d'avoir bel et bien un harem à sa disposition ! Mais ce qu'Eiji ne sait pas, c'est que Rin fait avant tout cela pour lui plaire sincèrement: la jeune fille est effectivement secrètement amoureuse de son camarade de club, mais se montre incapable de le lui dire franchement. Alors arrivera-t-elle, un jour, à lui dire une bonne fois pour toute ce qu'elle ressent, qui plus est sans jouer un rôle et en étant elle-même ?
Pseudo harem adopte un schéma un peu étonnant puisque, si l'on excepte 3 chapitres (dont 2 extras) qui font le double de pages, chaque chapitre ne dure que 4 pages avec, quasiment à chaque fois, une nouvelle petite situation totalement indépendante: une histoire de fantômes que se racontent les deux personnages, un farce faite par Rin, le festival culturel, Halloween, Noël, la première visite de l'année au sanctuaire, un rhume, jouer à la petite soeur, parler de ses habitudes de sommeil ou de ses notes aux examens... On ne va évidemment pas énumérer toutes les petites situations composant la trentaine de très courts chapitres de ce premier volume, mais vous avez saisi l'idée. Et là où ce format, lu d'une traite, aurait déjà pu devenir rébarbatif, il n'en est rien pour l'instant, tant l'auteur cherche à bien jongler entre différents types de situations, que ce soit des événements scolaires (le festival culturel, les examens...), des fêtes hors école (Halloween, Noël...), des petits imprévus (le rhume...) ou des petits instants totalement anodins. Yu Saito puise ses points de départ dans absolument tout ce qui peut animer le quotidien, pour un résultat varié, même s'il restera évidemment à voir si le mangaka parviendra toujours à se renouveler sur les 5 tomes suivants.
Et c'est donc sur ces bases qu'à chaque nouveau petit moment de vie, que ce soit de son initiative ou sur demande d'Eiji, Rin s'applique à jouer ses différents petits rôles à la perfection grâce à ses talents d'actrice: fille espiègle, attachiante, beauté froide, capricieuse... pour le plus grand plaisir du jeune garçon mais aussi du lectorat, tant observer les adaptations de cette jeune fille s'avère agréable puisqu'elle se donne à chaque fois beaucoup pour plaire à son camarade, tandis que l'on a aussi bien souvent l'occasion de ressentir ses vrais sentiments qu'elle essaie de contenir dans ses interprétations. Et c'est d'autant plus sympathique à observer que le mangaka met évidemment surtout l'accent sur les expressions faciales, comportement et autres mimiques de son héroïne dans ses dessins, quitte à rester sur des découpages et des décors très classiques pour mieux concentrer l'attention sur ça. Et le résultat est là: Saito montre une certaine aisance pour changer les petits détails (forme des yeux et de la bouche, coiffures, etc) nous faisant immédiatement comprendre quel rôle joue Rin, et dans tous les cas c'est facilement craquant.
A l'arrivée, Pseudo Harem s'avère être une petite lecture très facilement attachante sur ce premier tome, évidemment à condition d'être réceptif à ce type de format. Comme toujours avec ce genre d'oeuvre, la principale question sera de savoir si Yu Saito saura se renouveler sur la longueur, mais dans l'immédiatement il n'y a vraiment pas de quoi bouder son plaisir aux côtés de ce duo de personnages.
En ce qui concerne l'édition française, c'est une copie satisfaisante qui nous est proposée. A la traduction, Angélique Mariet nous offre un travail tout à fait dans le ton et convaincant, tandis que le lettrage est assez propre. Bien que légèrement transparent, le papier se veut assez épais et permet une honnête qualité d'impression. Enfin, la jaquette imaginée par Tom "spAde" Bertrand reste très proche de l'originale japonaise, que ce soit dans son illustration ou dans le rose de son logo-titre, ce dernier étant d'ailleurs à la fois assez léger et mignon avec son petit coeur dans le o.