Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 06 Novembre 2008
« La reine souhaitait mettre au monde une fille qui aurait les joues rouges comme le sang, le visage blanc comme la neige et les cheveux noirs comme l'ébène.
Comme un conte de fées, son souhait s'exauça. »
Anna, une jeune fille pleine de secrets dévoile au lecteur sa vie, ses pensées et ses souhaits. Tout au long de ce recueil, on assiste à une perpétuelle errance, qui n'en finit pas. C'est ainsi qu'on découvre sa vie, sa famille, ses amis et son mode. Cette jeune fille, appelée « princesse », ne brille pourtant pas de mille feux. Celle-ci n'est pas gâtée par la vie, ne peut pas se vanter de sa famille, et s'ennuie au plus profond d'elle-même. On ne verra malheureusement aucun sourire se dessiner sur son visage, car celle-ci est blasée par la vie.
Anna n'est pas comme les jeunes filles de son âge. Elle fréquente volontiers le jeune Noa, un mendiant, fils cadet d'un facteur sans sous, mais qui affirme être originaire de Cuba, ce qui explique sa couleur de peau bleue. Elle apprécie également Pink, le leader d'une bande de motards, qui a pour réputation d'être violent et de vivre au fond d'un tunnel. Paradoxalement, même si Anna ne montre aucune émotion, elle semble apprécier leur compagnie. Cette vie dangereuse et sans aucune sécurité, peut-être qu'elle l'envie finalement.
Une mère qui quitte le foyer et laisse ses enfants à un père qui ne tarde pas à se marier avec la tante, ce même père qui abandonne sa famille pour vivre sa passion, la peinture, à New York, voilà le drame de la famille de la jeune Anna. Elle ne fait alors qu'errer dans les rues, rejoignant ainsi ce Noa, enfermé dans son mutisme infini. Et ce Pink, qui lui permet de réaliser son souhait... Ces amis si différents et hors du commun, au moins eux, ils ne trahiront pas la petite Anna.
Pendant tout ce tome, on attend un événement, quelque chose qui donnera un sens à la vie de cette jeune fille, mais rien n'arrive. Celle-ci n'en finit plus de se traîner, au milieu d'un pays ruiné, de ces gens détruits par la pauvreté et la misère.
« Pourquoi cette vie est-elle si monotone? Pourquoi ne se passe-t-il rien dans cette vie? Je me demande quand éclatera la guerre? C'est ce qui manque à ma vie. »
Une guerre... Peut-être est-ce le seul moyen de trouver un sens à sa vie. En tout cas, « Princesse Anna » est comme un journal intime, auquel on ajoute une voix omnisciente qui commente les faits des personnages, et un lecteur extérieur qui ne peut que constater une vie ennuyeuse.
Et dire que beaucoup de jeunes filles rêves d'être une princesse...
Les personnages de Pink et de Noa sont très intéressants. Surtout Noa. Car même si celui-ci est muet, il nous parle tout de même au travers de ses pensées. Il éprouve un amour profond pour sa princesse, qui selon lui, ne mourra jamais si elle restait auprès du dangereux Pink. Ce dernier, malgré sa réputation, semble être un réconfort pour la jeune fille, et une personne sur qui elle pourra compter.
Anna, peut-être est-elle réellement une princesse. Une princesse qui déambule dans la rue, accompagnée de ses valets, humbles serviteurs qui lui permettent de combler sa solitude.
Enfin, c'est au travers de magnifiques dessins qu'on découvre un monde de désolation et de tristesse. Les pages sont pleines d'un noir envahissant, mais aussi d'un noir plein de clarté parfois, qui laisse ainsi découvrir des visages, entrevoir un espoir ou un souffle de vie qui n'est pas vain. Ce recueil ennuiera sans doute quelques lecteurs, d'autres le trouveront magnifique, et se surprendront à essayer de se mettre dans la peau d'une telle princesse, du mendiant ou alors de Pink. Mais ce qui est sûr, c'est que ce manhwa ne laisse pas de marbre.
« « Je n'ai peur de rien. » C'était la première phrase prononcée par Anna en sortant de l'atelier, s'engageant dans l'obscurité profonde de la nuit. »