Persona 5 Vol.12 : Critiques

Le récent décès de Kunikazu Okumura, le père de Haru, suscite l'émotion dans tout le pays. Jusqu'ici considérés comme des justiciers, les Voleurs fantômes voient l'opinion publique se retourner contre eux. Tout porte à croire que le groupe s'est bien trop laissé séduire par l'intensité de sa popularité, et que l'éminence grise derrière les ruptures psychiques en a profité pour leur tendre un piège. À l'approche du festival du lycée, Akira et ses camarades vont jouer leur va-tout pour obtenir un avantage de taille : convier Akechi en tant qu'invité d'honneur, et essayer de lui soutirer des informations sur ce qui se trame au sein de la police. Leur geste aura des conséquences auxquelles ils ne s'attendaient pas, ce qui les mènera vers leur nouvelle cible, une personne que Makoto connaît bien...

Suite aux événements des tomes précédents, la trame de Persona 5 entre dans une phase cruciale, puisque nous ne sommes qu'à quelques pas du lancement de l'œuvre : l'arrestation d'Akira, et le début de son interrogatoire par Sae Niijima. Les joueurs le savent bien, cette étape du récit est importante et passionnante (bien que moins intense que ce qui suivra l'arc actuel), et méritait un travail d'adaptation soigné afin que son impact rende correctement au format manga. Depuis le temps, on ne doute plus du talent de Hisato Murasaki pour ce type de travail. Si les explorations de donjons ne sont pas forcément les segments qui rendent le mieux au format manga, les grandes étapes scénaristiques sont, en revanche, de petits bonbons.
Et effectivement, tout ce qui est conté dans ce douzième volume se savoure sans répit. Après avoir été élevés comme de vrais justiciers de l'ombre, les Voleurs fantômes apparaissent désormais comme l'ennemi numéro un. Les héros sont donc au pied du mur, eux qui se sont un peu trop laissés porter par la frénésie des événements. Des protagonistes imparfaits donc, dont les actions sont loin d'être louées par le récit, amenant une complexité supplémentaire plus que bienvenue chez ces personnages, et qui a de quoi clouer le bec à ceux qui reproche à Persona 5 son manichéisme. De cette prise de conscience jusqu'à la rencontre avec Akechi qui va changer le cours de leurs actions, Akira et les siens vivent une phase perturbante et intense, chose que ressent bien le lecteur qui voit les rapports de force entre le détective et les voleurs changer du tout au tout. Une vraie progression du parcours initiatique de la bande, tandis que la menace de l'ombre semble se préciser doucement, mais sûrement, preuve que la trame de cette adaptation manga se rapproche d'un point culminant.

Et comme les héros de l'œuvre sont des adolescents, justifiant leur échec actuel, c'est aussi la vie de lycéen que le manga décortique en parallèle, profitant du segment de la fête du lycée pour développer les liens entre les protagonistes, et surtout ceux avec l'attachant Maruki, le conseiller scolaire qui ne demande que le bonheur de ses élèves. Sans recul, ces éléments peuvent sembler anodins quand ils sont mis en parallèle avec le poids des événements actuels. Il faudra encore attendre un moment pour que ces scènes concrétisent leur importance, à l'image de Kasumi Yoshizawa qui prend de plus en plus d'ampleur au fil du récit, comme nous l'a prouvé l'opus précédent.

Un deuxième tome dense, donc, pour le manga Persona 5 qui adapte avec intelligence un segment majeur du jeu-vidéo d'origine d'Atlus. Abordant l'arc Sae Niijima (qui est toujours en cours de prépublication à l'heure actuelle) tout en incorporant les éléments essentiels de la version "Royale" du soft, l'œuvre de Hisato Murasaki reste un exemple d'adaptation manga quand il s'agit des passages narratifs, tant l'auteur compile les morceaux essentiels du scénario et leur donne une vraie vie, tout comme il parvient à le faire avec les personnages.