Perfect Crime Vol.1 - Actualité manga
Perfect Crime Vol.1 - Manga

Perfect Crime Vol.1 : Critiques

Funouhan

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 19 Janvier 2017

Tadashi Usobuki, est un homme aussi inquiétant que mystérieux. Acceptant les demandes d'assassinat qui lui sont adressées, il exécute ses tâches sans jamais se salir les mains. Et bien que souvent repéré sur les lieux de morts étranges, rien ne peut jamais l'accuser. En exploitant les failles psychologiques humaines, il a tout simplement le don d'effectuer les crimes parfaits...

Perfect Crime : derrière ce nom se cache Funôhan, un manga débuté en 2013 et associant deux noms, au scénario Arata Miyatsuki, et au dessin Yuya Kanzaki. Deux auteurs que l'on découvre là en France, mais Kanzaki est un dessinateur qui auparavant fut très remarqué au Japon pour la série Ouroboros.
Le concept sur le papier s'annonce très intrigant. Mais une fois le premier volume lu, c'est une sensation de pétard mouillé qui domine...

Le concept imaginé par Miyatsuki ne manque pas de séduire tel qu'il est présenté. Figure ténébreuse par excellence, Usobuki est un assassin qui ne tue personne. Comprendre par-là qu'il ne se salit jamais les mains lui-même, mais provoque la mort de ses cibles et les admire mourir d'elles-mêmes. Son truc : exploiter les faiblesses de l'esprit humain, et immiscer chez ses cibles les éléments qui les pousseront d'elles-mêmes vers la chute. Un procédé qu'il ne cessera d'utiliser au fil des six premières demandes d'assassinat composant ce premier tome, ce qui permet aux auteurs d'évoquer un certain nombre de failles psychologiques : biais cognitif, auto-persuasion de la mémoire face à l'effroi, auto-anesthésie, fuite de la réalité, effets de l'inconscient du cerveau humain... sans oublier les sentiments négatifs primaires comme la haine, la jalousie ou la peur. Sur le strict plan de la variété des cas, ce tome 1 est une réussite dans la mesure ou bon nombre de faiblesses différentes sont évoquées.

Mais le problème, c'est que l'intérêt se limite à ces simples évocations qui ne sont jamais réellement développées ensuite, peut-être la faute en premier lieu à la brièveté des missions qui, dès lors, se contentent d'aller à l'essentiel sans faire ressortir grand chose. Cela reste très, très lisse, et l'ensemble n'est pas aidé par un schéma très similaire d'un chapitre à l'autre : une fois le concept cerné après un ou deux chapitres, le déroulement est toujours identique, avec des rebondissements ultra faciles, et des conclusions noires censées faire revirer les choses, mais ne surprenant aucunement tant le schéma est à chaque fois le même.

Revenons justement à cette impression de rebondissements faciles. Tout est toujours trop bien huilé, tout arrive toujours au moment opportun, les raccourcis sont très nombreux... Quelques exemples. Personne ne réagit jamais quand le héros fait ses coups en public. Dans le chapitre 3, comme par hasard le mari découvre la vérité juste après avoir commis le pire. Dans le chapitre 6, notre anti-héros vole un bébé dans le train sans que personne ne capte quoi que ce soit, puis il a le temps de parler tranquillement avec sa victime étalée à ses pieds alors que juste avant l'accident il y avait du monde à côté d'elle, mais étrangement personne ne vient voir si elle va bien... Dans le chapitre 5, s'il s'était pris le couteau dans le coeur, il n'aurait pas eu l'air malin pour faire son auto-anesthésie. Idem dans le chapitre 6 si sa victime n'avait pas porté de talons, chose qu'il ne pouvait pas prévoir. Il y a ainsi plein de petites facilités. Une ou deux, ça n'aurait pas forcément dérangé, mais le problème est qu'il y en a plusieurs dans chaque chapitre, ce qui tend à détruire l'aura de perfection d'Usobuki.

Un élément pourrait, sur la longueur, venir briser un petit peu le schéma très, très routinier déjà installé : la présence de Tomoki Tada, un sergent de police déterminé à coincer Usobuki. Mais pour l'instant, le bonhomme ne fait que quelques apparitions et paraît à côté de la plaque...

Concernant la figure d'Usobuki, elle plaira ou déplaira selon les goûts. On a affaire physiquement à un gros cliché de beau gosse ténébreux, avec la mèche sur l'oeil, qui pourrait presque paralyser les gens rien qu'avec ses yeux rouge sang (si si, rouge sang), et regarde constamment de haut la stupidité des humains d'une manière particulièrement stéréotypée. Ajoutons à cela quelques mines badass exagérées plus ridicules qu'autre chose (comme le petit "slurp" avec la langue), et le portrait est complet. Comme déjà dit, ça plaira ou non (personnellement, ça m'a complètement gonflé).

Pour le reste, Kanzaki livre des planches plutôt bien fournies. Les décors sont là quand il le faut, certains moments de noirceur sont bien rendus, les personnages ne se ressemblent jamais, et le dessinateur aime notamment jouer sur leurs yeux lors des moments les plus tendus. Globalement, c'est propre.

Au final, la lecture laisse une impression plutôt décevante. Sur un concept pourtant assez alléchant, avec pas mal de bonnes petites idées autour des faiblesses humaines, les auteurs ne développent rien de concret. Trop lisse, trop facile, trop basique, ce tome 1 de Perfect Crime botte en touche.

L'édition française est elle-même un peu bancale.
Concernant la jaquette, l'éditeur semble avoir voulu bien faire ressortir certaines choses. Les effets vernis sur le titre et sur l'oeil d'Usobuki, présents en 1ère de couverture et sur le dos, contrastent joliment avec le noir omniprésent. Mais à force de vouloir assombrir la jaquette française par rapport à la Japonaise (qui a des motifs en fond), l'ensemble paraît justement beaucoup trop sombre...
A l'intérieur, il n'y a pas grand-chose à redire sur le papier souple et sans transparence, ainsi que sur l'impression honnête. La traduction de Fabien Nabhan, elle, est globalement fluide, mais souffre de plusieurs coquilles d'orthographe/conjugaison, et de quelques phrases très mal tournées ( par exemple dans le chapitre 3, entre Torimori et sa femme défunte, où il y a une sorte de confusion entre les personnages).


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
8 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs