Octave Vol.2 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 11 Mai 2020

Chronique 2

Yukino a retrouvé le goût de vivre depuis sa rencontre avec Setsuko, cette fille rencontrée dans une laverie, et avec laquelle elle semble désormais vivre le parfait amour. Pourtant, les questions se cumulent dans sa tête : Faire l'amour avec un garçon est-il si différent ? En tout cas, l'idée l’écœure plus qu'autre chose.
Puis, Yukino doit se rendre à sa ville natale pour retrouver Kamo et assister à son dernier tournoi lycéen. Elle décide d'emmener avec elle Setsuko afin de la présenter à sa camarade comme à sa famille, mais en tant que simple amie...

Après un excellent premier volume, on retrouve avec grand plaisir le jeune couple formé par Yukino et Setsuko, avec l'espoir que cette idylle continue d'apporter du positif pour l'héroïne. Car cette dernière a retrouvé un applomb évident, bien qu'elle continue à se questionner sur son rapport au sexe, et on ne pouvait que souhaiter la voir poursuivre sur cette voie.

Avec ses airs de vacance, le début de ce second tome propose un intéressant chapitre autour de la rencontre entre Setsuko et la famille de Yukino mais aussi Kami, son amie de longue date. Un passage charnière qui va développer des idées qu'on attendait forcément dans la série de Haru Akiyama. Ainsi, le ton dramatique de la série reprend de plus belle. « C'est une fille, tu sais », une remarque qui devait arriver à un moment ou à un autre dans ce titre qui entretient un ton assez acerbe contre la société, depuis son premier chapitre. Les petits moments de joie du volume côtoient alors des instants plus douloureux, pour Yukino d'une part mais aussi pour le lecteur, ce qui constitue un très bon moyen de questionner et de mettre en évidence l'homophobie quotidienne ancrée dans notre monde.

Au-delà de ça, la suite d'Octave déborde d'idées dans les péripéties quotidiennes développées, mais aussi dans les thématiques et réflexions amenées dans le récit. Puisque l'héroïne connait son premier véritable amour, Haru Akiyama en profite pour dresser les premiers dilemmes amoureux de Yukino : La jalousie, forcément, et celle-ci sera exacerbée de telle sorte à faire ressentir les premiers émois adolescents de la concernée, qui arrivent un poil tard puisque cette dernière n'a jamais eu l'occasion de vivre une histoire de ce genre. Outre l'excellente idée de développement que cela représente, on apprécie l'authenticité et l’ambiguïté que cela apporte à la protagoniste : Bien que nous soyons maintenant attachée à Yukino, celle-ci est à même de faire des erreurs, et d'afficher un petit tempérament plus mauvais marqué par sa première expérience amoureuse. Mais c'est aussi ce qui contribue à rendre l’œuvre humaine, et c'est l'une des raisons pour lesquelles on l'apprécie toujours autant.

Alors, c'est peu à peu que l'atmosphère ensoleillée du début de tome laisse place à toujours plus de mélancolie, ce changement d'ambiance survenant au même rythme que le retour des tracas de l'héroïne. La solitude, la jalousie, mais aussi ses éternels questionnements que la légitimité du sexe entre femme viennent la chambouler à bien des moments. Ainsi, c'est sur une note plus brutale, et qui risque de laisser des marques, que s'achève le volume. Le troisième tome se fera attendre, et même si celui-ci amènera certainement son lot de drames supplémentaires, on a toujours hâte de découvrir de quelles richesses sera teintée la suite de l'histoire de Haru Akiyama.


Chronique 1

Alors désabusée et sans plus la moindre passion, l'ancienne idol "ratée" Yukino a enfin retrouvé goût à la vie depuis qu'elle a rencontré Setsuko, ancienne musicienne qui continue de vivoter par ses compositions. Peu à peu, les deux femmes ont appris à se connaître, se sont découvertes de corps et de coeur, sont tombées amoureuses l'une de l'autre, et Yukino est aux anges en se sentant enfin aimée... Et pourtant, quelque part en elle subsistent encore le doute, les questionnements sur elle-même et sur son rapport aux autres...

Dans ce deuxième opus, ces tourments passent par plusieurs choses, bien souvent en rapport avec les proches ou anciens proches de Yukino, que ce soit Nao reconvertie dans le porno où elle compte bien s'épanouir, Ryôko qui l'invite dans sa contrée natale à assister à son dernier match de badminton, Mika qui poursuit sa nouvelle carrière solo avec succès sous le nom de Chisato Kurusu... En ayant écho de ce que ses anciennes compagnes idols font désormais, Yukino voit toujours plus s'éveiller en elle des interrogations, que celles-ci soient liées à son passé fugace d'idol, à son dégoût des hommes, au sexe... Toutefois, le passage le plus marquant est sûrement à chercher dans les quelques dizaines de pages où elle et Setsuko partent retrouver Ryôko, l'unique et précieuse amie d'enfance de notre héroïne. C'est l'occasion de découvrir un peu plus le cadre dans lequel Yukino a autrefois vécu, sa famille, ses parents, son frère, mais aussi de mieux voir quelle précieuse amie Ryôko est pour elle. Et pourtant, au moment où doit se dévoiler la vérité sur sa relation avec Setsuko, la réaction de Ryôko risque de ne pas être celle espérée, tandis que notre héroïne se montre bien incapable de dire els choses à sa mère pourtant si perspicace.

D'un bout à l'autre, on entrevoit très bien tous les doutes de Yukino, sa difficulté à faire face découlant de ses incertitudes et de son entourage, et on la sent encore perdue, y compris dans sa relation amoureuse avec Setsuko, qui lui est si indispensable, et que pourtant elle reconsidère parfois, par exemple en s'interrogeant sur la possibilité d'une relation avec Mari. Surtout, la jeune femme laisse apparaître en elle certains défauts plus évidents, comme sa jalousie envers Lisa qui a bien connu Setsuko avant elle, une sorte d'agacement à l'idée de voir que Lisa plaît plus qu'elle à Mari, son incapacité à aller faire vraiment face à Mika qui se faisait pourtant une joie de la retrouver... Yukino a des idées noires, Yukino doute, Yukino fuit, et quelque part c'est bien ce qui la rend encore plus crédible, humaine et attachante. Qui plus est, Haru Akiyama ne rate jamais l'occasion, à travers le parcours de son héroïne et ce à quoi elle se confronte, de distiller des petits problèmes de société comme l'emprise (Murakoshi, l'ancien manager de Yukino, est un peu une ordure en ouvrant son courrier, et en cherchant à la blesser en laissant sous-entendre qu'il s'est masturbé sur le premier DVD érotique de Nao, puis il y a le frère de notre héroïne qui reluque lourdement Setsuko, sans oublier l'homme des dernières pages qui semble bien profiter de sa détresse), la dureté du showbiz (par exemple, les managers de Chisato Kurusu aimeraient faire comme si Yukino n'avait jamais existé), les méfaits des ragots (ça se voit bien dans le bourg natal de Yukino), les préjugés sur l'homosexualité via la réaction de Ryôko...

Octave reste alors une lecture très minutieuse dans le traitement de son héroïne, mais également dans celui de Setsuko qui, lui aussi, promet de prendre petit à petit plus de consistance. Akiyama interroge en profondeur et sous de nombreux aspects Yukino, emballe les choses dans un ton à la fois assez sobre et sans tabous qui continue d'être très efficace... La suite de cette très bonne série se fera attendre avec beaucoup d'intérêt.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction