Nina du royaume aux étoiles Vol.1 - Actualité manga

Nina du royaume aux étoiles Vol.1 : Critiques

Hoshi Furu Oukoku no Nina

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 03 Août 2022

Autrice prolifique depuis les années 2000, Rikachi n'avait jamais eu la chance d'être publiée dans nos contrées. L'injustice sera corrigée dès janvier 2022 avec sa série actuelle : Nina du royaume aux étoiles. La démarche est d'autant plus symbolique que c'est la jeune branche manga de l'éditeur Michel Lafon, par sa collection « Kazoku », qui signe cette proposition.

Lancé en 2019 dans le magazine Be Love des éditions Kôdansha, sous le titre Hoshi Furu Ôkoku no Nina, le manga dénombre à ce jour 8 volumes dans son pays d'origine. Romance dans un royaume imaginaire, l'œuvre s'est récemment distinguée en étant élu meilleur shôjo du 46e Prix Kôdansha. Un argument de plus pour ce récit qui intrigue, et qui s'offre un volume de lancement particulièrement convaincant.

Orpheline, Nina vit avec deux jeunes amis dans le royaume de Fortuna, frappé par une épidémie cinq années auparavant. Livrés à eux même, c'est en dérobant aux riches que le trio parvient à survivre. Mais lorsque l'un des leurs décède de maladie, Nina est trahie par son second ami et livré à l'Empire qui... cherche une remplaçante à sa princesse ! En effet, la princesse Alisha ayant disparu lors d'un accident, tout devait être fait pour masquer l'événement. Et qui de mieux que Nina, possédant des yeux d'un bleu aussi profond, pour accomplir ce rôle ?
Voilà que le quotidien de la jeune fille change du tout au tout. Elle doit désormais assumer cette place de princesse tout en apprenant les bonnes manières, et en se préparant à ses futures fiançailles avec le prince héritier du royaume de Galgada. Une tâche difficile, surtout aux côtés d'Azur, le second prince du pays aux yeux ambrés et au caractère rigide...

Habituée aux récits ancrés dans des périodes historiques avérées, Rikachi entame ici sa première œuvre dans un univers de fantasy. Une romance portée par l'imaginaire donc, qui surprend d'abord par ses premières pages peu optimistes, loin de ce à quoi on pouvait s'attendre avec le titre et cette couverture pleine de couleur. Là est d'ailleurs le premier élément qui fera de ce premier volume une réussite : Sa manière à surprendre par le traitement de ses ingrédients.

Car passé cette sombre amorce, le pitch pouvait s'avérer tout à fait basique. Nina doit jouer le rôle d'une princesse qu'elle n'est pas, et tout autour d'elle gravite une cour marquée de ses codes et de ses coutumes auxquels elle a bien du mal à s'acclimater. Seulement, elle n'est pas seule dans ce cas. Ainsi, des personnages apparaissent au fil du récit pour conforter Nina dans sa position un poil rebelle face aux pointures du pays. C'est en ce sens que le personnage d'Azur révèle toute sa subtilité, le personnage n'étant pas un simple beau garçon ténébreux mais une figure déjà dotée d'une belle consistance, et dont les interactions avec Nina seront méticuleusement dosées. Ces deux personnages, presque marginaux, sont rejoint par une troisième figure : Le prince héritier Muhulum. Dès son entrée en scène, le garçonnet avait tout pour nous irriter, mais c'est sans compter l'écriture bien habile de la mangaka qui, plus que de jouer sur des archétypes de personnages, les utilise et les confronte au monde qui les entoure pour leur donner de l'ambiguïté, et ainsi créer de l'empathie pour eux.

En tant qu'amorce, ce premier opus insiste donc sur le contexte et l'entrée en scène de ces personnages, sans pour autant se priver d'un petit fil rouge concernant l'évolution de l'héroïne qui, tout en répondant au désir de son pays, doit cacher sa véritable identité. L'enjeu aurait pu trainer un moment, des volumes durant, mais celui-ci se voit porté en avant au moment idéal, à savoir en fin de tome, pour créer une véritable curiosité vis à vis de l'œuvre et de son potentiel.

Un ensemble parfaitement dosé dans son déroulé donc, et qui s'appuie sur la patte très vivante de Rikachi. Ses personnages sont expressifs, et ses planches ne manquent jamais de détails afin d'appuyer la dimension imaginaire de l'univers. La mangaka souhaitait s'adonner à de la fantasy, et le lecteur a bien l'impression d'avoir affaire à un monde qui n'est pas le notre, s'appuyant certes sur des codes historiques, mais qui pourrait logiquement s'enrichir d'aspects encore plus irrationnels à l'avenir. A ce titre, il y a de quoi avoir hâte de découvrir ce que fera l'autrice de cet ensemble.

Concernant l'édition, Michel Lafon offre un très joli travail, tant par cette couverture ravissante par son léger vernis sélectif, via une maquette réalisée par Florent Faguet (qui assure aussi un lettrage bien agencé). Le tout s'appuie aussi par un papier épais et de qualité, ainsi qu'une traduction d'Angélique Mariet qui nous offre un texte vivant et habile pour retranscrire les diverses nuances du récit.

Il convient alors de ne pas sous-estimer Nina du Royaume des étoiles, tant la série s'offre un premier tome bien mené, qui sait tirer avantage de ses éléments les plus classiques, et ainsi nourrir une réelle densité sur ces premières péripéties. Le titre attirant l'intérêt notamment au Japon, l'éditeur a visé juste en acquérant les droits du manga de Rikachi pour lancer son catalogue.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs