Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 16 Janvier 2018
Critique 2
Binbogami est un dieu de la pauvreté. Il rentre dans la vie d’un homme, Yôhei, qui déteste aller travailler. Binbogami fait tout pour le pousser à reprendre le chemin du travail, car à force de se prélasser, Yôhei vit de plus en plus misérablement. Mais ce Dieu de la pauvreté ira de déception en déception et abandonnera Yôhei à son triste destin. Or, un jour Binbogami refait surface, mais il n’est plus un Dieu de la pauvreté…
« Nennen-Saisai » est un titre qui s’inspire des contes japonais traditionnels avec deux histoires ayant un lien entre elles : « La pêche au poisson rouge » et « Une fleur déracinée ». Tout commence avec « La pêche au poisson rouge ». Binbogami, dieu de la pauvreté, croise la route de Yôhei, un jeune homme refusant de travailler. Ce dieu décide de vivre à ses côtés pour tenter de lui venir en aide, car il vit seul, depuis qu’il a réussi faire fuir tout son entourage de par sa faignantise. Chaque jour, Binbogami tente de le motiver, l’aide dans son quotidien en faisant les tâches ménagères et un lien commence à émerger entre eux. Avec douceur, l’auteur nous montre la bienveillance d’un Dieu face à un homme insouciant prêt à tout pour ne pas lever le seul petit doigt au risque de blesser les personnes qui lui sont chers. Mais une autre leçon de morale émerge. La volonté de changer doit venir de la personne elle-même et non de son entourage.
Avec « une fleur déracinée », l’auteur s’attaque à l’immortalité. Un jour, un père décide d’aligner à la suite tous les mots qu’il connait signifiant la « longévité » à son fils. Or, ce geste ne sera pas sans conséquence, car une centaine d’années plus tard, Jumegu (« la mort n’arrive jamais ») est toujours en vie et a le physique d’un jeune homme. Cependant, Jumegu ne voit plus la vie de manière positive. En effet, durant toutes ces années, il a vu mourir ses proches et ceux qui sont nés après lui. Il sait que dès qu’il s’attache à une personne, il la verra mourir sous ses yeux. Cette solitude et cette tristesse le rongent et il n’espère qu’une seule chose : mourir. Au lieu de vouloir continuer à profiter de la vie, Jumegu fera tout pour séduire la mort et notamment son Dieu pour qu’elle lui accorde la délivrance. Sous un fond assez mélancolique, Hideyoshico arrive à développer une relation passionnelle avec la quête de la mort en arrière-plan.
Concernant les graphismes, l’auteur a un style travaillé. En effet, les visages et les corps sont maitrisés et nous font transmettre les différentes émotions. Du fait que nous soyons sur des histoires se basant sur des contes traditionnels, pour faire retranscrire cette douceur, l’auteur choisit volontairement une certaine pauvreté dans les décors. Un choix qui aurait pu créer une certaine froideur mais qui finalement crée de la douceur à la lecture. Quant à l’édition, elle est de bonne facture.
Hideyoshico nous emmène avec élégance et douceur dans l’univers des contes traditionnels japonais tout en y intégrant de la romance. Un titre qui réussit à nous faire voyager de l’ère Edo à aujourd’hui.
Critique 1
Nouveau titre de Hideyoshico à paraître chez Boys Love IDP, Nennen-Saisai (qui peut vaguement se traduire par « d'année en année, colorée, colorée ») est un manga au trait assez simple qui s'adapte particulièrement au thème du conte traditionnel japonais, deux récits s'en inspirant.
La première histoire conte la vie de Youhei, un homme terriblement fainéant qui ne garde jamais un métier puisqu'il se trouve systématiquement une excuse pour cesser toute activité. L'incarnation de la paresse, donc. Un jour s'installe chez lui un binbogami, un dieu de la pauvreté, qui le force alors à travailler et apprendre à économiser. Jusqu'au jour où celui-ci devient un shinigami, un dieu de la mort.
La seconde parle de Jugemu Chousuke, un homme qui a reçu à sa naissance un nom composé de pas moins vingt-deux termes signifiant « immortalité ». Seulement, il l'a reçu à l'ère Edo et il est toujours en vie à notre époque. Un jour, il retrouve un dieu de la mort croisé quelques décennies plus tôt et le prie de prendre sa vie.
Il émane toujours des contes japonais une atmosphère nimbée de mystère et cette adaptation ne fait pas exception. L'auteure situe avec justesse ses personnages dans leur histoire et aucun n'est vraiment un modèle de vertu, les rendant davantage crédibles. Notamment, Youhei qui est une véritable plaie.
On n'en revient pas qu'une personne se montre aussi peu intéressée par le bien-être de son entourage et se cherche des excuses pour n'avoir ni à travailler, ni à rembourser ses dettes. Aussi, lorsque le binbogami apparaît, on a bon espoir qu'il réussira à le faire rentrer dans le droit chemin. Mais à la vue de son changement de statut, passant de binbogami à shinigami, on doute comme lui.
Quant à Jugemu, son immortalité est finalement un maléfice, même si cela partait d'un bon sentiment de la part de ses parents. L'expression « l'Enfer est pavé de bonnes intentions » prend tout son sens puisque cette immuabilité l'empêche de construire quoi que ce soit. Impossible de construire un foyer, de vivre sans changer continuellement d'emploi et d'identité, de déménager pour ne pas se faire remarquer.
Il a certes de la chance de vivre longtemps et de découvrir comment évolue l'humanité, mais il se lasse fatalement de cette condition.
Il y a aussi une troisième histoire, mais celle-ci est contemporaine. Il s'agit des questionnements d'un petit garçon élevé par son père et le compagnon de celui-ci, sans qu'il ait véritablement, au début, conscience de cette situation. L'homoparentalité est un sujet plutôt intéressant.
Tout comme dans son autre manga, Rendez-vous à Udagawachou, Hideyoshico traite avec justesse les relations entre ses personnages, où le contexte n'est pas un prétexte à des histoires entre hommes, mais bien des histoires comme il aurait pu s'en produire entre des femmes et des hommes.
Et ce sont généralement ces histoires, où la découverte ou non de son homosexualité et/ou son évolution ne sont pas forcément au coeur du récit, qui font les meilleurs BL.