Moonlight Act Vol.29 - Actualité manga
Moonlight Act Vol.29 - Manga

Moonlight Act Vol.29 : Critiques

Gekkô Jôrei - Moonlight Act

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Octobre 2021

Nous y voilà: quasiment 11 ans après son lancement en France en novembre 2010, et plus de 7 ans après sa conclusion au Japon en avril 2014, l'heure est enfin venue pour Moonlight Act de tirer sa révérence dans notre Langue. Shônen d'aventure parmi les plus inventifs qu'on ait pu voir, l'oeuvre de Kazuhiro Fujita n'aura pas eu le succès mérité dans notre pays. Peut-être son dessin, pourtant si riche et personnel, n'était-il pas adapté au grand public français il y a dix ans. Peut-être la série est-elle sortie un peu trop tôt dans notre pays, à une époque où le public n'était pas encore prêt pour ce genre de shônen. Peut-être que l'oeuvre, si elle était lancée de nos jours, jouirait d'un peu plus de reconnaissance puisque Kazuhiro Fujita, nom incontournable du shônen chez Shôgakukan à l'instar de Rumiko Takahashi ou autre Mitsuru Adachi, semble enfin avoir un peu plus de la reconnaissance qu'il mérite largement chez nous, depuis la petite hype provoquée par les animes d'Ushio & Tora en 2015 et de Karakuri Circus en 2018 et le bel accueil réservé à Springald et à Ghost & Lady en 2016-2017 chez Ki-oon. Peut-être, alors, que la série, maintenant qu'elle est terminée, mériterait une réimpression de ses quelques tomes en rupture, pour laisser une chance au public d'aujourd'hui de découvrir l'une des longues aventures les plus imaginatives de la décennie passée. Mais dans l'immédiat, remercions surtout Kazé Manga d'être venu à bout de l'oeuvre, de ne pas l'avoir lâchée, de ne pas avoir fait le mort dessus en l'abandonnant sans rien dire comme d'autres éditeurs l'auraient sans doute fait (non, je ne vais pas tacler une énième fois Delcourt/Tonkam... ah bah zut, si, c'est fait). Ce fut laborieux, mais avec un rythme clair d'environ 2 tomes par an, ça a été possible. Et assurément, le jeu en valait largement la chandelle.

Dans la dernière ligne droite de l'affrontement de nos héros contre les Visiteurs de la Lune (le Roi Ôimi et ses sbires) bien décidés à récupérer Kaguya/Engekibu, nous sommes déjà passés par un flot incessant d'émotions, au fil des contes s'effaçant les uns après les autres, des sacrifices touchants de nombre de personnages de contes pour sauver leurs amis Gekkô et les autres... et à présent, les sacrifices semblent même devoir toucher les humains: pour permettre à Engekibu, Tendô et Issunbôsshi de semer l'armée ennemie, la "biblio" Kudô, à peine remise du sacrifice du Chat Botté Ideya par amour pour elle, a entrepris de se faire passer pour son amie, de servir d'appât et de se jeter dans le vide pour être poursuivie par le plus gros des troupes adverses... mais cela va-t-il suffire ? Des ennemis sont toujours là, et le temps urge à présent pour rejoindre Gekkô, parti affronter directement Ôimi: dans seulement quelques heures, la porte donnant sur l'ailleurs se fermera pour toujours...

Si les quelques tomes précédents furent une montée permanente de tension, d'intensité et de drame, ce n'est évidemment rien par rapport au grand final que propose ce dernier volume, pendant longtemps encore ponctué de moments de bravoure touchants concernant des personnages que l'on côtoie depuis le tome 1 ou presque. Que ce soit Kudô, Issunbôsshi qui donnera tout jusqu'au bout pour utiliser ses immenses îles malgré sa toute petite taille, Tendô qui révèlera pleinement toute sa valeur, sa considération pour Gekkô et son amour pour Engekibu, ou bien sûr notre chère Hachi-Kazuki, celle par qui tout a commencé et qui ne reculera devant rien pour soutenir un Gekkô dont elle a découvert au fil du temps toute la bonté, chaque mise en avant de ces personnages agit comme un sommet d'intensité supplémentaire, tout ça pour permettre à Engekibu d'enfin rejoindre Gekkô, et à ce dernier d'enfin faire face à l'ultime antagoniste de l'oeuvre.

Du combat final contre le Roi Ôimi, on pourrait éventuellement dire qu'il s'étire un peu trop. mais clairement, Kazuhiro Fujita et ses assistants se sont éclaté à le mettre en scène, et sont parvenus à y dégager nombre de choses. Dans un rythme trépident, on restera profondément touché par toute la mise en valeur du lien entre Gekkô et Engekibu, de leurs sentiments plus ou moins contenus ou se révélant, de leur complicité de toujours, de tout ce qu'ils ont traversé au fil du temps, au fil de leurs différentes incarnations. On restera intéressé par la vision de la justice complètement corrompue d'Ôimi, lui qui se prend pour le héros justicier et qui voit Gekkô comme le grand méchant... mais pourquoi a-t-il cette vision exactement ? On découvrira que les oeuvres de fiction de notre époque, comme Ultraman ou autre Dragon Ball, n'y sont pas tout à fait étrangères en l'ayant lui aussi passionné et influencé, ce qui donnera lieu ici à un sacré paquet de clins d'oeil qui sont autant d'hommages pour ces histoires ayant accompagné plus d'une vie. Et enfin, il y a cette conclusion, où l'on restera émerveillé par la tournure que Fujita offre à son récit fou. Une conclusion cristallisant à la perfection tout ce que les contes, mangas, séries et autres récits imaginaires peuvent nous apporter, offrant une issue nuancée car pas entièrement positive et assez mélancolique (ce qui renforcera l'aspect touchant des toutes dernières pages), et au bout de laquelle Fujita a même l'idée génialissime de briser le quatrième mur, en faisant une référence pleine de sens à la suite de L'Oiseau Bleu pour cristalliser le parcours de Gekkô, et en se mettant lui-même en scène avec ses personnages pour apporter un final symbolique plein de malice.

Oui, l'attente pour découvrir l'intégralité de Moonlight Act fut longue, mais elle valait le coup, tant Kazuhiro Fujita nous offre l'une des fins les plus gratifiantes qu'on ait pu lire. C'est original, touchant, intelligent, abouti, inventif jusqu'au bout... et bourré de la passion du mangaka jusque dans ses mots d'auteur, entre sa postface passionnante et la présentation des assistants qui lui ont apporté une aide fidèle pendant la conception de l'oeuvre. Voilà qui met un terme, de la meilleure des manières, à une série incroyable, qui mériterait d'être largement plus reconnue dans notre pays.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs