Mon chien pour la vie - Actualité manga

Mon chien pour la vie : Critiques

Rôken to Watashi - Imôto wa 74-sai ni Narimashita

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 05 Février 2025

Du succès Hachi & Maruru, chats des rues à Sa majesté le Chat, en passant par Mon shiba, ce drôle de chien, Hamster et boule de gomme et bien d'autres, l'amour des éditions Doki-Doki pour les animaux de compagnie n'est plus à prouver, et cela se confirme encore via leur nouveau one-shot paraissant en ce début de mois de février: Mon chien pour la vie, une oeuvre d'environ 190 pages qui a été prépubliée au Japon en 2022-2023 sur l'application Palcy des éditions Kôdansha sous le titre "Rouken to Watashi ~Imouto wa 64-sai ni narimashita~" (littéralement "Mon vieux chien et moi ~Ma petite sœur a maintenant 64 ans~" ) et que l'on doit à Iriko Aoiro, autrice jusque-là inédite en France mais très active au Japon depuis 2008, notamment dans les domaines du boy's love et de la comédie. Avec le présent ouvrage, c'est toutefois dans un registre plus dramatique que la mangaka donne, en abordant un délicat sujet qui concerne forcément, à un moment, tous les propriétaires d'animaux de compagnie et plus spécifiquement de chiens: leur mort, et le deuil qui s'ensuit.

Pour cela, Iriko Aoiro propose cinq histoires courtes, dont la première est très grandement autobiographique puisqu'elle y revient sur la disparition de May, chienne qu'elle considérait comme sa petite soeur et qui l'a accompagnée dans nombre de moments forts, y compris les plus difficiles pendant son adolescence. Forcément, voir l'autrice se livrer ainsi dès le premier chapitre donne une excellente idée de la tonalité qu'aura l'oeuvre: une tonalité réaliste, où chacune des autres histoires aura aussi sa part de vécu, en étant même très ancrée dans la réalité via l'évocation de choses comme le COVID.

C'est donc sur cette base réaliste, mais dans un style graphique se voulant simple, très doux et très porté sur l'émotion, que la mangaka livre cinq cas bien différents, à la fois au niveau des races des chiens, de leur caractère, de leurs maîtres et maîtresses très variés, et de la façon dont ces boules de poils ont pu disparaître, parfois de façon naturelle via la vieillesse, et parfois de manière bien plus soudaines et cruelles à travers, par exemple, la découverte soudaine d'une tumeur. Et cette variété a en premier lieu un effet: montrer que, quel que soit le cas, les émotions et la douleur face à la perte d'un animal faisant partie de la famille sont universelles.

Pour toucher son lectorat en plein coeur, l'autrice prend soin d'aborder nombre de choses, de sentiments difficiles face à la disparition de son animal chéri: la vieillesse qui arrive, les pépins de santé qui apparaissent, le fait de devoir parfois prendre une décision très difficile pour mettre un terme à la douleur de ces boules de poils, le sentiment de culpabilité injustifié qui peut naître à l'idée de ne pas avoir vu les problèmes de santé plus tôt, le fait que l'on n'a pas le temps de se préparer face à certaines complications très soudaines (maladie en tête), la détresse en voyant qu'on ne peut plus soulager l'animal... sans oublier les étapes du deuil jusqu'à l'acceptation.

Evidemment, la lecture est naturellement triste, mais Iriko Aoiro, loin de vouloir se complaire dans cette tristesse, s'applique surtout, à partir de là, à mettre en valeur tout ce que les toutous peuvent nous apporter: du bonheur, de la consolation, de l'affection, du courage, de la compagnie face à la solitude... tout ceci nourrissant en profondeur l'amour à donner à son animal au moment de l'accompagner dans sa fin de vie, ainsi que tous les souvenirs précieux qui resteront de lui et que l'on continuera de chérir.

Abordant un sujet très délicat et mine de rien rare (en France, on pourrait bien citer,d ans la même veine, Le Paradis des Chiens aux éditions Glénat, malgré sa touche un peu plus surnaturelle), Iriko Aoiro livre une lecture à la fois sensible et réaliste, au fil de laquelle elle prend soin d'aborder son sujet sous nombre d'aspects touchants. Assurément une très belle lecture, à-même d'accompagner avec bienveillance quiconque est confronté à la disparition de son animal de compagnie.

Côté édition, enfin, la copie livrée par Doki-Doki est très bonne: la jaquette reste proche de l'originale nippone tout en se parant d'un logo-titre joliment pensé, le papier est assez épais et opaque malgré une légère transparence par moment, l'impression est très bonne, le lettrage du Studio Charon est propre, et la traduction d'Arnaud Delage est claire et retranscrit très bien les diverses émotions.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs