Mobuko no Koi Vol.1 - Actualité manga
Mobuko no Koi Vol.1 - Manga

Mobuko no Koi Vol.1 : Critiques

Mobuko no Koi

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 11 Février 2022

En ce mois hivernal de février, les éditions Noeve Grafx proposent de nous réchauffer un peu le coeur avec le lancement d'une nouvelle tranche de vie réconfortante: Mobuko no Koi, une oeuvre qui a su se tailler une belle petite réputation au Japon depuis son lancement en 2017, d'abord dans le magazine Comic Zenon de Tokuma Shoten (entre autres le magazine d'Arte, A Tail's Tale et Just Not Married), puis dans le Comic Tatan (connu en France pour la série Dans l'ombre de Creamy).

Nous devons cette série à Akane Tamura, autrice plutôt discrète jusque-là puisque, auparavant elle n'avait signé au Japon que Tasogare Memorandum, une autre tranche de vie finie en deux tomes, inédite en France, et ayant vu le jour dans le magazine Gekkan! Spirits de Shôgakukan en 2014-2015. C'est néanmoins avec un beau pedigree que cette artiste arrive dans notre langue puisque, avant de véritablement entamer sa carrière professionnelle, elle a pu faire ses premiers pas en tant qu'assistante de la très talentueuse Jun Mayuzuki, l'autrice des sublimes Après la pluie et Kowloon Generic Romance.

"Mobuko", tel est le surnom que l'on donne parfois accidentellement à Nobuko Tanaka, jeune étudiante en 2e année d'université. Ce surnom, il n'est pas forcément très flatteur, puisqu'il s'agit d'un terme désignant les personnages de second plan et sans influence. Et pourtant, d'après la jeune femme en tout cas, il lui va peut-être très bien, car Nobuko est le genre de personne si réservée qu'elle a le sentiment d'être invisible et de ne même pas être l'héroïne de sa propre vie.

C'est ainsi que, depuis toujours, Nobuko vit sans beaucoup d'interactions sociales, sans être vraiment capable de bien communiquer, en restant en retrait, et en se disant que c'est sûrement là qu'est sa place. Même au sein de la supérette où elle a trouvé un petit boulot depuis un an, c'est en restant toujours discrète qu'elle a trouvé sa place. Oui, mais voila: parmi ses collègue de travail, il y a Irie, un garçon de son âge qui, derrière son allure au premier abord taciturne, est gentil, attentif, et aide souvent discrètement notre héroïne. Et ça, ça a touché Nobuko en plein coeur: voici déjà de longs mois qu'elle nourrit secrètement des sentiments à l'égard de ce collègue, en s'estimant toutefois incapable de les lui avouer, certaine de n'être qu'un personnage secondaire. Alors, petit à petit, en étant notamment poussée de l'avant par une énergique nouvelle collègue de 18 ans nommée Abe, Nobuko trouvera-t-elle le courage de sortir de l'ombre pour se rapprocher, petit à petit, de l’élu de son coeur ?

S'il y a une qualité à souligner avant tout dans ce début de série, c'est assurément le rythme lancinant qu'Akane Tamura parvient à y installer: tout, ici, est fait pour nous laisser le temps de découvrir et d'observer Nobuko. Que ce soit la narration allant au rythme des cases pour nous faire apprécier chaque petit moment (sur ce point, on sent que Tamura a sans doute été nourrie par son expérience auprès de Jun Mayuzuki, véritable maîtresse de ce type de narration), le dessin fin et clair porté par les grands yeux incertains de son héroïne, la narration passant beaucoup par les pensées de Nobuko pour nous immiscer avec profondeur et douceur dans son ressenti ainsi que dans la manière dont elle se considère elle-même, et, enfin, la manière dont l'autrice profite de la moindre situation pour nous faire découvrir les nombreuses petites manies de la jeune femme.

Et ces manies, pouvant être aussi amusantes qu'attendrissantes ou touchantes, brillent surtout par leur façon de se rattacher à la personnalité très réservée de Nobuko, dont elles découlent toutes de façon très logique, en rendant alors cette héroïne si crédible que plus d'une personne pourrait facilement s'identifier à elle. On découvre, pas à pas, une fille qui, de par son côté timide/réservé depuis toujours, cherche toujours à rester discrète, préfère éviter de se retrouver seule avec quelqu'un pour ne pas avoir à meubler le silence, a horreur du contact physique qu'elle méconnaît, se soucie de tout au point de perdre ses moyens et de ne plus savoir quoi faire, fait des simulations de situations dans sa tête, est nulle en conversation car elle a peur d'embêter les autres avec ses histoires et de n'avoir rien d'intéressant à dire, n'ose jamais aider les autres de peur d'être une gêne plus qu'autre chose... soit autant d'impression que n'importe qui ayant peu de confiance a déjà pu avoir dans sa vie.

Pourtant, on le sent bien: notre chère Nobuko a des qualités. Ne serait-ce que dans sa manière d'observer discrètement les choses. Ou alors lors de certains passages précis, comme quand elle parvient à aider à sa façon le petit garçon Hana. Simplement, pour son propre bien, pour être au premier plan de sa propre existence voire pour vivre son amour salutaire envers Irie, il va lui falloir oser avancer, même à tâtons, par petites touches. Oser lui demander son numéro de téléphone, apprendre à parler plus naturellement et spontanément, etc, etc... et dans cette optique, elle n'est pas seule. Car malgré sa personnalité très réservée et effacée, personne dans son entourage ne la juge. Mieux, des personnes comme Abe cherchent à la pousser de l'avant, tandis que d'autres veillent à leur manière (Irie qui a beaucoup d'attentions discrètes bien sûr, mais aussi, par exemple, le supérieur de la supérette qui, en la voyant mal à l'aise face à une cliente à un moment, prend soin d'intervenir). Une bienveillance qui, mine de rien, fait un bien fou.

Sur ce simple premier volume, Mobuko no Koi se dresse comme une tranche de vie qui a donc déjà tout pour nous conquérir sur la longueur. Akane Tamura, forte d'un rythme impeccablement dirigé par sa narration visuelle, parvient à nous immiscer auprès d'une héroïne aussi crédible qu'attachante, et dont on suivra avec plaisir les avancées dans une délectable atmosphère douce et bienveillante.

Concernant l'édition française, Noeve Grafx nous a concocté, comme quasiment toujours, un travail aux petits oignons, avec un premier lieu une jaquette fidèle à l'originale japonaise mais bénéficiant en plus d'un vernis sélectif et d'un fin relief à embossage. A l'intérieur, on retrouve quatre premières pages en couleurs sur papier glacé, puis un papier souple et sans transparence permettant une qualité d'impression très honorable, un lettrage très soignée, et une traduction emballante de Frédéric Malet, ce dernier sachant vraiment bien faire ressortir la douce atmosphère typique de l'oeuvre ainsi que le caractère de chaque personnage.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs