Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 18 Septembre 2015
Sans savoir s'il s'agit de sa fille ou de celle de l'arrogant Gorô, l'étudiant Jun Nagai continue de s'occuper de la petite Sumire, au point de s'être réellement attaché à elle alors qu'auparavant il détestait les bébés. Bien sûr, cela le contraint à de nombreux problèmes : problèmes d'argent et d'expérience pour bien s'occuper de la petite, problèmes de temps pour poursuivre ses études, si bien qu'il doit faire certains choix. Quoi qu'il ne soit, malgré ses maladresses, il donne tout l'amour qu'il peut à ce petit bout de chou, et elle le lui rend bien ! Et puis, s'occuper de Sumire lui a ouvert de nouveaux horizons. Il se montre sous un jour plus sérieux auprès de beaucoup de monde, est devenu un peu plus digne de confiance en assumant ses responsabilités, a fait de nouvelles rencontres, et a même entamé une relation plus sérieuse que toutes ses précédentes conquêtes avec la douce Mlle Miyauchi, l'une des employées de la crèche où va Sumiré.
Mais puisque Kaori lui a confié la garde de Sumire plus longtemps que prévu, il est amené à se poser encore plus de questions (est-il le père de Sumire ? Quels sont les problèmes de Kaori ?), et est confronté à de nouvelles situations délicates, à commencer par la demande de Mlle Miyauchi de mettre temporairement en standby leur relation, vis-à-vis de Sumire. Mais certaines nouvelles rencontres sont l'occasion d'aborder des sujets beaucoup plus graves. En tête, le cas du petit Ryô, un camarade de crèche de Sumire, un peu plus âgé qu'elle, et qui la prend sous son aile. Mais le petit garçon est la première victime d'une situation familiale difficile, où sa mère, divorcée et pressée par le travail, en est arrivée à commettre le pire sur lui. Riku Kurita évoque de façon difficile et sérieuse le drame de la maltraitance infantile, que l'on ressent de façon déchirante à travers cet enfant qui pense qu'il mérite ce qui lui arrive (après tout, c'est sa maman) et fait tout pour cacher le traitement qu'elle lui inflige. Mais la mangaka a également le mérite de ne pas en faire des tonnes, et de s'intéresser aussi à cette mère stressée qui ne cesse de crier à l'aide intérieurement tant elle ne supporte pas de faire souffrir son propre enfant. Ce grave problème trouvera une solution réaliste, qui est aussi l'occasion d'évoquer le service de protection de l'enfance, et qui la volonté de justesse de l'auteure dans l'abord de ces sujets.
Un peu moins bien développé et s'offrant une conclusion qui sera plus sujet à discussions, l'autre grande partie de ce tome, autour de Takeshi et de sa grande soeur Mai, n'en reste pas moins intéressant dans sa volonté d'aborder d'autres sujets d'actualité : les familles recomposées, la grossesse non désirée, l'avortement, et la dureté du statut de mère célibataire.
En filigranes de ces problèmes, Jun continue de s'attacher à Sumire, cette petite frimousse craquante, et continue d'en apprendre plus sur la difficulté d'élever un enfant. Il continue de se confronter à de petits problèmes comme le syndrome du bébé secoué (le genre de petit détail toujours très utile à connaître), en apprend un peu plus sur la situation de Kaori, découvre un peu plus Gorô qui fait d'ailleurs des choix intéressants dans sa vie et dévoile sa relation houleuse avec sa mère... La série trouve un bon équilibre entre la peinture de ses personnages, un certain portrait du travail de parent, et l'abord réaliste des problèmes parfois très graves qui peuvent en découler.