Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 03 Juin 2014
Suite et fin des histoires courtes de Io Kuroda tournant autour du thème des aubergines. Une fois encore, nous verrons des têtes nouvelles et des têtes moins connues dans cet opus.
La nouveauté de cette série d’histoires est que certaines d’entre elles tirent vers la science-fiction, notamment la première en deux chapitres. Kuroda, une nouvelle fois, s’est lancé dans un registre qu’il maîtrise mal. Outre les personnages involontairement apathiques face à des évènements incroyables, le cœur de ces chapitres réside dans un vieux concept, celui de la possession de l’esprit par des tentacules (ici, des lianes de plantes). Pour que ce genre de concept ait encore quelque chose à offrir, il faut le presser au maximum. Or ici, l’auteur se contente d’une histoire sans aucune surprise, qui ne fait qu’effleurer le principe du film catastrophe futuriste. C’est lisse, excessivement lisse, et ce sera aussitôt oublié une fois lu. Deux coups pour rien donc.
Les autres chapitres font appel à l’affection que l’on a pu développer vis-à-vis des personnages vus depuis le tome 1. Mais comme l’avions dit lors de la chronique du premier volume, ce n’est pas chose aisé, car Kuroda a un mal fou à rendre ses personnages attachants, et les histoires dans lesquelles il les met en scène, intéressantes. Peut-être est-ce dû à son trait, incapable de montrer une quelconque émotion sur le visage de ses personnages. Entendons-nous bien : on peut déceler un sentiment sur un visage sans expression, avec par exemple, un sourcil très légèrement froncé, des yeux (grand) ouverts, pour peu que le dessinateur sache s’y prendre (au hasard, des auteurs comme Urasawa, Taniguchi, Inoue…).
Finalement, ce qui résume le mieux la série est le mot de fin de l’auteur, qui n’avait « aucune idée de ce que serait à chaque fois la suite » malgré la tentative de liens entre les chapitres, qu’il « ne se souvient même de pourquoi [ils avaient ] choisis ce thème au départ ». On a la réponse : cette série ne repose pas sur grand-chose, que sur de vagues idées, groupées de manière pas très cohérente. Et si ces mots ne sont pas ironiques, on peut même se dire que l’auteur ne se sentait pas très concerné. Il a d’ailleurs l’impertinence de rajouter que ce manga « n’est pas si différent des autres ». C’est vraiment se moquer du travail de ses confrères, dont beaucoup s’impliquent réellement dans la création de leur œuvre.
En bref, Nasu est une série qui n’aura pas marqué les foules, et on sait à peu près pourquoi une fois ce troisième tome bouclé.