Kuma Kuma Kuma Bear Vol.1 - Actualité manga
Kuma Kuma Kuma Bear Vol.1 - Manga

Kuma Kuma Kuma Bear Vol.1 : Critiques

Kuma Kuma Kuma Bear

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 16 Juin 2021

Alors que son adaptation animée a été diffusée l'automne dernier au Japon mais aussi en France en simulcast sur la plateforme Wakanim, Kuma Kuma Kuma Bear est revenu dans notre pays fin mai avec, cette fois-ci, le lancement de sa version manga aux éditions Meian.

A l'origine, cette oeuvre est un light novel inédit en France, écrit par Kumanano, illustré par 029, et en cours au Japon depuis 2014 avec déjà 17 volumes (plus un tome "extra") parus à l'heure où ces lignes sont écrites. L'adaptation manga dont il est question ici est en cours au Japon depuis 2018 dans le magazine Comic Pash! des éditions Shufu To Seikatsusha, magazine hors-catégories que jusqu'à présent on ne connaissait pour rien d'autre en France. Il s'agit de la première série longue d'un mangaka se faisant appeler Sergei, qui a commencé sa carrière professionnelle l'année d'avant, en 2017, en participant à deux anthologies sur l'anime Kemono Friends et sur The Idolm@ster Million Live!.

Kuma Kuma Kuma Bear nous immisce auprès de Yuna, une adolescente de 15 ans pas tout à fait dans la norme. Laissée en plan par des parents ne pensant qu'à l'argent, qui ne se sont jamais occupés d'elle et pour lesquels elle n'a aucune estime, la jeune fille a appris à se débrouiller par elle-même en jouant en bourse, et a ainsi pu s'installer dans un petit appartement suffisamment luxueux où elle vit très bien, puisqu'en plus elle a appris à faire la cuisine. Débrouillarde et mature pour son âge, elle est toutefois d'un naturel très solitaire, sans doute en partie à cause de son passé. Et elle a même arrêté l'école, un moyen de formation qu'elle considère comme réservé aux idiots, pour plutôt s'adonner en permanence à son activité favorite: le jeu vidéo World Fantasy! Online, le premier MMORPG en VR au monde. Sa vie aurait pu continuer tranquillement ainsi sans que ça la dérange, mais la nouvelle mise à jour de son jeu favori va en décider autrement...

Après une série de questions visant sans qu'elle le sache à l'évaluer, l'adolescente est choisie par une entité se faisant appeler Dieu pour démarrer une nouvelle vie dans un autre monde qui, bien que typé fantasy lui aussi, n'a rien de virtuel. Un problème pour elle ? Certainement pas, car elle n'a absolument rien à regretter de notre monde où elle n'avait aucune attache, hormis peut-être la nourriture et son jeu. C'est donc un tout nouveau monde empli de créatures, de magie ou encore d'aventuriers qui attend désormais la taciturne jeune fille. Un monde où elle est toutefois retombée au niveau 1 par rapport à son jeu, et où elle aurait pu être particulièrement faible sans les "cadeaux" qu'elle a reçus juste avant d'être envoyée dans cet autre univers: sons argent de notre monde que Dieu a transformé en argent de ce nouvel univers en permettant donc à Yuna d'être déjà assez riche, et surtout une tenue d'ourse réversible (un côté noir et un côté blanc) ponctuée de deux marionnettes d'ursidés, qu'elle trouve ridicule, mais dont elle ne pourra bientôt plus se passer puisqu'elle lui confère des capacités et améliorations complétement cheatées...

Surfant sur un registre isekai déjà surreprésenté, Kuma Kuma Kuma Bear ne semble globalement pas beaucoup se démarquer de la masse pendant ce premier volume, ne serait-ce que parce qu'on a encore droit à un personnage principal aux capacités cheatées. A partir de là, le volume nous invite, en même temps que Yuna, à découvrir les premières bases d'un monde qui, là non plus, n'a pour le moment rien de bien original, entre premières rencontres, installation de notre héroïne dans une auberge, arrivée dans la guilde des aventuriers avec premières rixes contre des gros bras (imaginez donc, une gamine en tenue d'ourse qui débarque là, ça suscite forcément les railleries...) pour gagner le respect et premières missions/entraînement qui ne sont que des broutilles pour la cheatée demoiselle...

Ce début d'oeuvre aurait alors tout simplement pu se noyer dans la masse d'isekai un peu random qu'on tend à nous offrir de plus en plus... et pourtant, Kuma Kuma Kuma Bear a d'ores et déjà ses petits atouts à faire valoir, à commencer bien sûr par la dégaine d'ourse de notre jeune héroïne et tout ce qu'elle peut impliquer de petits décalages amusants: Yuna ne passe effectivement pas inaperçues dans les rues, elle-même trouve cette mignonne tenue plus ridicule qu'autre chose... mais plus elle en découvre les possibilités, moins elle peut se résoudre à faire sans, tant ce costume improbable a pour elle d'indéniables qualités, qu'une fille assez mature comme elle ne peut qu'exploiter.

Mais on pense également à Yuna elle-même: l'adolescente est assurément un personnage plaisant à suivre, grâce à ses côtés à la fois mâtures et taciturnes qui donnent lieu à différents moments vraiment bien campés, ne serait-ce que quand elle provoque volontiers les aventuriers qui la raillent afin de ne pas se laisser faire, ou quand elle revient à la guilde comme si de rien n'était, avec sa mine quasiment neutre, avec une ribambelle de loups abattus toute seule alors qu'un tel exploit est censé être très dur. Et au-delà de ça, l'évolution plus personnelle de notre héroïne dans cet autre monde pourrait aussi devenir un axe intéressant: elle qui était si solitaire et se fichait royalement des autres dans notre monde, la voici ici plus soucieuse voire bienfaitrice envers certaines personnes, en particulier envers la petite Fina, fillette de 10 ans à la situation familiale délicate, envers qui elle agit un peu comme le ferait une grande soeur bienveillante.

Enfin, c'est aussi sur le plan visuel que ce début de série séduit sans difficulté: sans forcément offrir une copie très personnelle, Sergei montre un dessin très soigné, avec des designs de personnages propres, quelques très bonnes bouilles, un découpage limpide, et des décors suffisamment présents quand il le faut, aussi bien côté paysages naturels que côté ville. L'ensemble est clair, la narration conserve un côté assez posé qui colle bien à la personnalité de l'héroïne, et le tout dégage une ambiance plutôt légère et agréable.

Alors, Kuma Kuma Kuma Bear se présente pour l'instant comme une bonne petite surprise, à condition bien sûr de ne pas avoir été rendu allergique par l'avalanche d'isekai à laquelle on a droit depuis un bon moment. Si les bases mêmes n'ont rien de bien original pour l'instant, les quelques éléments plus spécifiques sont très honnêtement exploités pour faire passer un bon moment. On se demandera quand même comment une oeuvre pareille pourra faire pour perdurer sans retomber dans trop de classicisme, mais peut-être aura-t-on des pistes là-dessus dès le volume 2, paru en même temps que le premier.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs