Kirio Fanclub Vol.1 - Actualité manga

Kirio Fanclub Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 10 Janvier 2025

Il n'aura fallu attendre que quelques jours en 2025 pour que Le Lézard Noir enrichisse sa collection de mangas en petit format avec une nouvelle série: Kirio Fanclub. Signée Chikyû no Osakana Pon-chan, cette tranche de vie sentimentale et humoristique est dotée d'une belle réputation, si bien qu'elle connaîtra prochainement des adaptations en anime et en drama. Elle a été lancée au Japon en 2022 dans le magazine Comic Ruelle des éditions Jitsugyô no Nihonsha, et a trouvé sa conclusion l'année dernière avec son 6e et dernier volume, soit une longueur raisonnable qui devrait lui éviter de devenir redondante au vu de son concept bien spécifique.

Ici, on suit Aimi Miyoshi et Nami Sometani, deux adolescentes en deuxième année de lycée pour lesquelles on devine, rien qu'en observant la jaquette où elles sont au second plan, que dans beaucoup d'autres mangas elles seraient juste des personnages secondaires, ce qui suffit ici à nous les rendre immédiatement sympathiques. Et si l'on dit ça, c'est parce que ces deux lycéennes, qu'à première vue tout oppose (la première est un loup solitaire, et la deuxième une fille douce et facilement abordable), sont unies par les sentiments inassouvis et secrets qu'elles portent pour le même garçon Kirio, ce qui les a même poussées à créer secrètement un fanclub de Kirio qui n'appartient qu'à elles deux. Incapables de vraiment chercher à se rapprocher de lui avec naturel, elles se contentent alors, généralement, d'essayer de saisir des opportunités pour l'accoster, de l'observer, ou de parler sans cesse de lui entre elles en fantasmant.

Au fil des chapitres de ce premier tome, la mangaka enchaine soigneusement diverses situations mettant en scène les deux adolescentes dans leur passion inavouée pour Kirio: faire des duels pour décider qui lui rapporter sa veste qu'il a oubliée, chercher un prétexte pour être la première à aller le rejoindre à l'infirmerie, parler des rêves qu'elles font où il apparaît, le regarder de loin jouer au football, simuler une discussion avec lui, essayer de trouver des défauts à l'une de ses amies qu'elles trouvent trop proche de lui, faire un concours de celle qui veut faire le plus de trucs avec lui... le principal intérêt étant ensuite, sur ces bases parfois déjà assez gratinées, de voir comment les choses vont tourner entre elles. Ainsi suit-on Aimi et Nami dans leur déluge de réactions et d'émotions variées et contrastée, entre leurs petit plans foireux, leurs maladresses, leurs petites victoires expressives quand elle ont le sentiment d'avoir fait un petit pas supplémentaire vers l'élu de leur coeur, la façon dont elles peuvent se mettre dans tous leurs états à la moindre occasion... mais aussi, parfois, leurs sentiments plus négatifs et leurs instants de déprime qui, derrière la salve d'humour, amènent aussi des notes plus douces-amères et rendent ces deux filles assez vraies et touchantes. Et elles le sont d'autant plus que, au-delà de leur personnalité différente et de leur rivalité qu'elles affichent très souvent entre elles, elles restent avant tout deux adolescentes qui se soutiennent et vivent les mêmes émotions.

Et si, à terme, on pourrait se dire que la formule très simple du premier tome pourrait vite devenir redondante, on a déjà le sentiment qu'il n'en sera rien, car mine de rien l'autrice amène déjà quelques petits enrichissements supplémentaires, notamment à travers deux autres personnages: Satsuki et Momose, les deux amis proches de Kirio, qui derrière leurs premières apparitions permettent déjà de distiller certaines choses supplémentaires sur le plan relationnel et sentimental, ne serait-ce que via les mystères sur la personne dont Momose dit être amoureux et sur la façon dont Satsuki voit exactement Kirio. Et surtout, il y a le mystère Kirio lui-même: ne nous laissant jamais voir réellement son visage ni suivre ses pensées dans le tome, comme pour mieux entretenir ce fameux mystère, cet adolescent vénéré par nos deux héroïnes reste également un peu énigme pour ses plus proches amis, car derrière son flegme c'est comme s'il tâchait de garder un mur entre lui et les autres... Alors, qu'en est-il réellement ?

Enfin, sur le plan visuel, le trait faussement simple de la dessinatrice permet régulièrement un humour assez pince-sans-rire (un peu à la façon de Hoshi dans le jardin des filles, autres série publiée en France par Le Lézard Noir), et permet aussi de rendre d'autant plus efficaces les quelques scènes plus expressives, notamment quand Aimi affiche des bouilles un brin vénères assez drôles. Qui plus est, la mangaka maîtrise aussi très bien son découpage académique pour installer un rythme bien équilibré, doser soigneusement son humour et ses émotions, et distiller quelques bonnes idées malicieuses (ne serait-ce que la chute du chapitre 1, bien différente de ce que l'on croyait comprendre après la toute première page).

Kirio Fanclub se présente alors déjà comme une franche petite réussite dans son genre. Il suffit juste d'adhérer au concept pour découvrir un début de série maîtrisé, capable d'être aussi drôle que touchant et intrigant grâce au trait et à la construction habile de Chikyû no Osakana Pon-chan. Espérons que le tome 2, sorti en même temps que ce premier volume, confirmera cette belle impression !

Côté édition, enfin, Le Lézard Noir confirme les qualité de ses mangas en petit format avec une jaquette à la fois très proche de l'originale japonaise, un logo-titre soigneusement pensé et rehaussé d'un vernis sélectif, un papier assez épais et suffisamment opaque, une qualité d'impression très honnête malgré de très, très légers moirages sur certaines trames, un lettrage propre, et une très bonne traduction d'Alexandre Fournier qui colle vraiment bien aux personnages, fait soigneusement ressortir l'humour et les émotions, et s'applique du mieux possible à retranscrire certains jeux de mots délicats à traduire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs