Killer Shark in Another World Vol.1 - Actualité manga
Killer Shark in Another World Vol.1 - Manga

Killer Shark in Another World Vol.1 : Critiques

Isekai Kuimetsu no Same

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 29 Juillet 2022

Le requin est une figure fascinante de la pop-culture, surtout sur le plan cinématographique. Si la créature marine s'est vue donner une image forte de mangeur d'homme, en dépit des quelques cas qui surviennent périodiquement dans notre monde, c'est bien le cultissime « Les dents de la mer » de Steven Spielberg. Adulté, singé mais jamais égalé (encore moins par ses suites), on peut penser que le long métrage de 1975 a lancé une véritable passion pour le requin au sein de la fiction. Depuis, le genre s'est un peu élargi, d'autres monstres marins venant parfois inquiéter et bouloter des personnages de fiction, dans des domaines assez étendus allant de l'horreur à la comédie sanguinolente, comme nous l'a prouvé le Piranha 3D d'Alexandre Aja. Difficile aussi de ne pas évoquer l'utilisation de la figure du requin dans la série B (voire Z), avec Sharknado qui, s'il constitue un bon divertissement absurde, rate le poste de nanar de par son caractère absurde assumé beaucoup trop poussé.

Mais qu'en est-il du requin au sein du manga ? Présent dans plusieurs titres explorant la faune marine, on ne garde pourtant pas en tête de titre jouant sur la proposition de Spielberg dans les années 70. Mais en peu de temps, deux titres présentant le requin comme un carnivore assoiffé de sang ont débarqué dans nos libraires, à très peu d'intervalle. Celui qui nous intéresse ici a l'audace de jouer sur deux genre : Le mangeur d'hommes d'une part, et la fantasy de l'autre. Premier manga du jeune auteur Kuboken, Isekai Kuimetsu no Same est lancé dans le magazine Comic Valkyrie en 2020, et dénombre trois tomes à ce jour au Japon. Chez nous, le titre est acquis par les éditions Meian qui nous proposent le titre Killer Shark in Another World, une transcription finalement assez littérale de l'intitulé nippon.

Bien que le titre évoqué l'isekai, ce n'est pas l'héroïne qui se voit transportée dans un autre monde... mais son familier. Shiromi Ravkatraf est une piètre invocatrice en évole de magie, et l'approche de l'examen final ne la rassure pas. Marquée par la vision récente de requins dévorant tout sur leur passage, c'est le jour J que la demoiselle finit par invoquer... un bébé animal marin, mignon et a priori innofensif. Sous-estimer le familier était une erreur fatale car dès lors que celui-ci est pris d'un excès de rage, il multiplie sa taille et devient incontrôlable, avant de redevenir le mignonnet animal. Causant un carnage parmi les recrues, Shiromi et son nouveau compagnon, Same, sont bannies et condamner à l'errance dans un monde où règnent les forces du mal. Et si, justement, l'animal singulier qu'est Same pouvait s'avérer efficace contre les armées qui menacent le monde ?

Sur un pitch pareil, le ton de Killer Shark In Another World est donné ! Loin de se vouloir sérieux comme le premier opus des Dents de la Mer, la proposition de Kuboken est de l'ordre de la comédie sanglante, jouant à la fois sur son animal central aussi démesuré que carnivore, et sa maîtresse qui peine à le rendre docile. Ainsi, le récit se découpe en plusieurs haltes, des aventures au cours desquelles Shiromi et Same, dans leur voyage, se verront confrontés aux hordes démoniaques. Et dans un tel cas, c'est bien la rage de l'animal marin qui pourrait s'avérer efficace.

Sur cette idée plutôt intéressante pour peu qu'on soit friand de récits monstrueux, l'auteur reste finalement timide. Si on apprécie une évolution assez globale du récit, par exemple le lien entre l'héroïne et son familier qui s'affine au fil des chapitres, les capacités du monstres qui se déploient progressivement pour faire écho aux grandes productions cinéma du genre, ou une armée antagoniste qui se dote parfois de combattants plus charismatiques, le tout manque encore un poil d'idées dans l'exécution. L'élément le plus flagrant vient de la représentation de Same dans sa forme terrifiante : Reprenant surtout la fameuse affiche des Dents de la Mer, Kuboken manque encore d'audace dans sa manière de montrer l'horreur que représente Same. Les moments d'attaques sont délicieusement violents, mais ils gagneraient davantage de force avec un peu plus d'imagination narrative.

Néanmoins, tout l'aspect comédie de ce premier tome conserve une certaine efficacité, surtout en ce qui concerne les interactions entre Shiromi et son familier, dès que celui-ci conserve sa trogne attendrissante. Ces moments de crainte des personnages envers une figure presque mascotte demeurent bien pensés et bien grattés, et n'entravent jamais vraiment le rythme global de la lecture. Si on apprécie les moments d'attaque et de bataille où tout monstre ennemi devient matière à bouloter, les instants plus sereins, davantage cadrés dans la fantasy humoristique, ne manquent pas de charme.

Si la lecture de ce premier tome de Killer Shark In Another World se révèle plaisante, satisfaisante et divertissante, on ne peut ne pas penser aux petites lacunes qui pourraient être comblées, celles-ci étant de l'ordre de la mise en scène avant tout. Il y a bien à faire dans un tel délire, et Kuboken demeure encore un peu trop sage pour l'instant. Cela n'empêche pas ce premier volume de se montrer séduisant, mais la suite pourrait aller encore plus haut.

Côté édition, Meian livre un volume conforme à ses standard, en terme de qualité d'ouvrage et de finitions. Saluons alors le lettrage bien calibré de Mathilda Rousseau ainsi que la traduction convaincante, surtout en terme d'atmosphère, de Vanessa Gallon.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction