Is my hobby weird ? : Critiques

Watashi no Shumi tte Hen desu ka?

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 11 Avril 2023

Quelques mois après le très joli Le miel des jeunes filles en fleurs, les éditions NihoNiba ont accueilli dans leur catalogue, au mois d'octobre dernier, un autre manga 18+ exclusivement lesbien: Is my hobby weird ?. De son nom original Watashi no Shumi tte Hen desu ka?, cet ouvrage est sorti au Japon en 2015 chez l'éditeur OKS, après avoir vu ses chapitres être prépubliés dans le L - Ladies & Girls Love, un magazine qui, comme son nom le laisse deviner, se consacre à des histoires d'amour entre femmes plus explicites que les yuri nous arrivant habituellement en France. Il s'agit de la toute première publication française d'une mangaka qui se fait appeler Comaku et qui, depuis ses débuts professionnels en 2008, a aussi signé plusieurs mangas non-hentai sous son autre nom Nagako Sakaki.

Si l'on excepte le tout dernier chapitre nous offrant une histoire courte assez sympathique (et elle aussi centrée sur une relation lesbienne), tout le reste de ce livre d'environ 200 pages se centre sur une même histoire, où l'on commence par découvrir trois lycéennes se faisant plaisir ensemble lors de ce qui était censé être une soirée pyjamas. Comment en sont-elles arrivées là ? Eh bien, pour le découvrir, il va falloir remonter un petit peu le cours du temps, pour tout d'abord faire la connaissance avec l'une d'elles, Maiko. Avec sa coiffure brune proprette, ses lunettes et son allure classique mais soignée, elle semble tout avoir de la jeune fille sage, à une exception près: quotidiennement, elle fantasme sur les fesses des femmes, qu'elle trouve magnifiques au point d'ensuite se toucher en y repensant, et qu'elle prend plaisir à observer le plus discrètement possible. Bien sûr, il lui arrive parfois d'être remarquée, mais les femmes n'en font pas grand cas car elle-même est une fille. Et il s'avère que depuis quelque temps, elle a déniché son "idéal fessier": un postérieur loin des prétendus standards de beauté habituels, à la fois bien charnu et suffisamment musclé pour être joliment galbé vers le haut. Depuis, jour après jour, Maiko espère croiser ce fessier parfait pour que ses yeux s'en délectent en permanence... mais elle ne s'attendait pas forcément à ce que la détentrice de ce beau popotin vienne d'elle-même la voir ! Elle s'appelle Risa, est dans le même lycée que notre héroïne, et n'est absolument pas dérangée par le fait d'être ainsi observer, car son fétiche à elle est précisément de se sentir matée avec ardeur par une fille. A partir de là, ces deux-là vont se lancer dans un petit jeu fétichiste entre elles, entre accomplissement de leurs fantasmes, plaisir mutuel procuré entre les cours, ou même "prêt" de culotte. Elles ne savent pas encore, à ce moment-là, que leurs petits jeux vont bientôt accueillir une troisième membre: Fumi, une fille de bonne famille dont l'ouïe ultrasensible lui fait adorer les "bruits humides" féminins, et qui prend beaucoup de plaisir en entendant tout ce que font Maiko et Risa ensemble...

Comaku joue donc ici à fond la carte des fétiches, des fantasmes qui pourraient apparaître un petit peu bizarres auprès d'une tranche de la,population et qui, pourtant, font le bonheur des personnes qui les vivent. Et de ce côté-là, on peut dire que Maiko et Risa, puis ensuite Fumi, se sont bien trouvées ! Souhaitant simplement vivre autant que possible leurs fantasmes, elles se trouvent une parfaite compatibilité, nouent une complicité sans tabous où l'on appréciera d'observer leurs petits eux érotiques, le tout sous un dessin globalement plaisant: bien que certains visages de près apparaissent plus pauvres/inégaux, dans l'ensemble c'est fin, suffisamment expressif, plutôt doux dans les traits et en même temps suffisamment coquin sans pour autant être ultra voyeuriste. Certes, une part de lectorat regrettera peut-être que l'on n'en voie pas plus autour de ces petits moments de complicité érotique qui auraient pu donner des situations encore plus variées, d'autant plus que les moments coquins restent courts et donnent parfois l'impression de s'arrêter quand ça devient vraiment intéressant. En revanche, même si les évolutions relationnelles sont très rapides, on appréciera que Comaku accorde tout de même une réelle importance à la communication entre ses héroïnes: elles osent partager entre elles ce qui les excite, communiquent bien, s'interrogent sur leurs rapports les unes aux autres, pour un résultat tout à fait sympathique.

A l'arrivée, on aurait volontiers repris une dose de ce manga lesbien, tant il est plaisant de voir ces héroïnes vivre simplement leurs fantasmes en se respectant, et tant il y avait matière à pousser plus loin leurs complices eux érotiques. Malgré son petit goût de trop peu, Is my hobby weird ? est un ouvrage agréable dans l'ensemble, et constitue un nouvel essai concluant dans le yuri 18+ pour NihoNiba.

En ce qui concerne l'édition française, hormis l'absence de sous-titrage pour les onomatopées (c'est toujours dommage, car cela renforce l'immersion) ainsi qu'une légère transparence du papier, on a une copie très honnête. Les quatre premières pages en couleurs sur papier glacé sont un plaisir, l'impression est très honnête, et la traduction de Karen Guirado fait bien le job.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs