Gannibal Vol.2 - Actualité manga
Gannibal Vol.2 - Manga

Gannibal Vol.2 : Critiques

Gannibal

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 18 Décembre 2020

Après sa rencontre avec Sumire, la fille de Kanô, Daigo redouble de détermination pour enquêter sur la mort de l'inspecteur, ce qui l'amène inéluctablement à la résidence des Gotô. Mais tandis qu'il met aux arrêts les plus violents d'entre eux, dont le sanguin Mutsuo, Daigo est frappé par un étrange individu, celui camouflé lors de la battu et qui sentait le fauve. Le policier se réveille plus tard, à l'hôpital. Lui comme sa famille sont indemnes, et les Gotô menés par Keisuke semblent navrés de la tournure des événements. Pourtant cette version des faits ne semble pas concorder avec ce qui s'est passé, et cette affaire va rappeler à Daigo le passé qu'il cherchait à oublier...

Le premier tome de Gannibal fut une excellente entrée en matière, surprenante, et jouant la carte du thriller social posant de vrais questions sur la civilisation et l'évolution des mœurs, tout en entretenant un suspense palpable lié à de nombreux mystères. Et étant donné la tournure des événements, il paraissait surprenant que le titre se poursuive encore, au delà de sept volumes. Pourtant, cette suite redynamise l'ensemble, tout en confirmant la belle qualité d'écriture du titre.

Ainsi, le cliffhanger du tome précédent profite d'un atterrissage des plus habiles, amenant bon nombre de subtilités supplémentaires sur l'intrigue, la situation du village de Kuge et l’ambiguïté qui peut marquer le clan Gotô. Si la piste du cannibalisme est plausible, tout n'est pas tout blanc ou tout noir, et c'est quelques chose qui façonnera l'ensemble du volume et qui ne sera jamais trahi par les quelques retournements de situation, notamment l'impulsif Mutsuo qu'on craindra une bonne partie du volume.

Une ambivalence qui vient même marquer le protagoniste de l’œuvre, Daigo Agawa, dans un flashback qu'on ne voyait pas venir de sitôt. Hanté par les fantômes de son passé, le policier voit son image très idéale largement nuancée dans une séquence qui se paie le luxe d'amener ses propres idées sur la société, qu'il s'agisse des nuances chez les criminels les plus dérangés jusqu'aux abus du corps policier, un thème qui résonne étrangement en ce moment de notre côté et de celui des États-Unis, et qui brise quelque peu la confiance qu'on pouvait accorder au héros, de manière manifestement volontaire tant ces teintes sont toujours relevées par l'ambiance du titre et sa narration très humaines. D'ailleurs, dans toute cette humanisation du récit, on ne peut que saluer Masaaki Ninomiya qui continue de présenter ses personnages comme des humains plus que comme des archétypes, ce qui fait malheureusement défauts à bon nombre de mangas horrifiques ou thrillers qui manquent de vraisemblance à ce sujet, bien souvent.

Entre le récit "principal" et ce flashback, on aurait pu penser que la trame de Gannibal se disperse, mais il n'en n'est rien. L'auteur utilise habilement tout ce qu'il implante pour garnir l'évolution de son œuvre, et amenant une suite parfaitement cohérente, qui cristallise les dilemmes des personnages, et relance comme il se doit toute la tension autour du village de Kuge, de ses mystères, et des multiples facettes que pourraient avoir ses villageois. On le comprend, rien ne doit être pris comme acquis dans cette histoire, quand bien même certaines séquences donneraient l'impression de donner un aboutissement ou une explication à quelques pistes. Tout ceci, le mangaka le sait et le manie impeccablement.

Le très bon départ de Gannibal n'était donc pas un coup de genre mais une vraie maîtrise d'un artiste qui a un récit à narrer, une ambiance à planter et des idées à faire passer dans ce thriller toujours plus social. A l'instar du premier tome, et peut-être même plus encore, ce second opus est prenant, addictif aussi, et particulièrement subtile. Alors, on fait totalement confiance à Masaaki Ninomiya pour la suite. Avec ce deuxième volet, Gannibal se confirme comme l'un des mangas à suspense les plus habiles de 2020, parmi ceux proposés en France cette année.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs