Forlorn Hope, les derniers samouraïs Vol.1 : Critiques

Forlorn Hope - Keishichô battôtai senki

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 03 Novembre 2025

Histoire et action se mêlent dans Forlorn Hope, nouveauté qui a été lancée en France par les éditions Komikku à la fin du mois de septembre et qui est sous-titrée "Les Derniers Samouraïs". Un sous-titre qui, par ailleurs, n'est pas anodin puisque, à l'instar du célèbre film "Le Dernier Samouraï" d'Edward Zwick, ce manga propose une libre adaptation de la rébellion de Satsuma, sanglante révolte qui, en 1877, opposa les derniers samouraïs au nouveau gouvernement impérial, aboutissant à la victoire de ce dernier.

Derrière cette série, on trouve deux mangakas jusque-là inédits en France: au scénario Keisuke Ide, qui a déjà à son actif quelques histoires (souvent ancrées historiquement dans le Japon féodal) depuis ses débuts en 2011, et au dessin Takumi Sameotoko, qui signe là la toute première série de sa carrière. Sous la supervision de Toshiki Mizutani et de Noboru Hisayama pour la partie historique, les deux auteurs poursuivent cette oeuvre depuis la fin d'année 2022 pour le compte du site Comiplex de l'éditeur Hero's, à un rythme assez tranquille puisqu'elle ne compte à ce jour que deux volumes, le premier tome étant paru au japon en décembre 2023 et le deuxième en janvier 2025. Notons tout de même que l'on a droit à un premier tome bien épais puisqu'il dépasse les 260 pages, d'où son prix de 8,99€ un petit peu plus élevé que les standards habituels de Komikku.

Le manga commence directement par nous immiscer en 1877, au coeur de la fameuse rébellion de Satsuma. Alors que l'escouade Raigeki, partisane des rebelles, en est train de massacrer sans vergogne les soldats et autres civils enrôlés par le nouveau gouvernement impérial, elle se voit soudainement et violemment balayée par les deux seuls survivants présents sur place de la Brigade des Sabres, Takuma Isurugi et Mogami Reijirô. Bien que marqués par cette époque chaotique les obligeant à tuer leurs semblables et même parfois des hommes qui ont pris soin d'eux autrefois, les deux jeunes hommes tâchent d'accomplir leur rôle pour le gouvernement afin d'assurer l'avenir d'un Japon unifié, et dans cette optique ils vont désormais se lancer dans la recherche et l'élimination de Saigô Takamori, la figure de proue de la rébellion. Mais comment Takuma et Mogami en sont-ils venus à se rencontrer et à travailler dans le même camp, eux qui n'ont initialement pas grand chose en commun ? C'est ce que la suite du tome va tâcher de nous faire découvrir à travers leurs premiers pas et leurs premières missions au sein de la Brigade des Sabres, unité d'élite excellant dans le maniement du sabre, formée par des agents de police du siège principal, et vouée à devenir plus tard la fameuse Police Métropolitaine de Tokyo.

Si la grande majorité des personnages et de leurs actes sont fictifs (en tête Takuma et Mogami), le contexte historique général se veut assez rigoureusement respecté par les auteurs, que ce soit dans les grandes lignes de la rébellion de Satsuma, dans le rôle du célèbre Saigô Takamori, dans la naissance de la future Police Métropolitaine de Tokyo via la Brigade des Sabres, ou encore dans la première mission de nos protagonistes qui reprend un fait ayant réellement eu lieu au début de l'année 1874, à savoir L’incident de Ku-ichigai, une tentative d'assassinat à l'encontre de l'homme d'état Iwakura Tomomi. C'est bel et bien tout cet aspect historique qui a de quoi nous intéresser le plus dans ce début de série... car pour le reste, il faut bien avouer qu'on a affaire à quelque chose d'un peu trop basique, voire légèrement poussif et plutôt caricatural.

Légèrement poussif, car en particulier dans les premières dizaines de pages, un lectorat pas assez attentif aurait vite fait de se perdre entre les époques: le tome nous fait passer du coeur de la rébellion de Satsuma en 1877 jusqu'à l'incident de Ku-ichigai en 1874, tout en évoquant en cours de route l'intégration des deux protagonistes à la Brigade des Sabres quelque temps auparavant ainsi que plusieurs de leurs souvenirs dont leur toute première rencontre encore avant. L'ensemble a de quoi être assez ambitieux et intéressant quand on reste bien attentif, ne serait-ce que parce que cela nous fait comprendre d'entrée de jeu qu'un paquet de camarades de Takuma et Mogami dans la brigade sont voués à mourir, mais on ne peut pas dire que la narration, à cause de transitions un peu aléatoires, soient à la hauteur de ces ambitions.

Et plutôt caricatural car, concrètement, les auteurs en font trop sur plusieurs points. Trop de notes d'humour qui sortent un peu de nulle part et paraissent alors mal placées. Trop d'excentricité chez plusieurs personnages qui en deviennent presque un peu ridicule, à l'image d'un gars tellement badass qu'il ne fait même plus gaffe au bout de sabre planté dans son crâne depuis visiblement un bail. Et trop d'excès dans la violence: il suffit d'un coup de sabre pour que les personnages se retrouvent charcutés dans tous les sens, démembrés, décapités, voir avec le crâne coupé net en deux, et avec tout ce que ça peu impliquer d'effusion de sang exagérées. Dans le fond, pourquoi pas, si c'est le parti-pris choisi par les auteurs, mais à force de surenchère ça devient plutôt ridicule et ça nuit un peu à la crédibilité du fond. Pourtant, en dehors de ça, Takumi Sameotoko dévoile un dessin assez dense, plutôt nerveux et surtout intense, ainsi qu'un petit paquet de designs se voulant assez travaillés.

A l'arrivée, ce premier volume de Forlorn Hope, c'est globalement un contexte historique intéressant et un dessin assez intense, mis au service d'une intrigue tantôt lambda tantôt un peu fouillis dans son déroulement, le tout saupoudré d'élans de gore trop excessifs pour être crédibles. Il s'agit d'une série B qui se lit assez bien mais qui ne marque pas vraiment les esprits à cause de ses limites. En attendant la suite, même s'il faudra être patient au vu du rythme de parution au Japon.

Concernant l'édition française, la copie est correcte dans l'ensemble, si l'on excepte un petit manque de clarté dans la traduction de Julien Lassalle concernant certains éléments des premières dizaines de pages. A part ça, la jaquette reste proche de l'originale japonaise avec sobriété, le logo-titre est soigneusement adapté, l'adaptation graphique du Studio Charon est claire, la première page en couleurs est un petit plus appréciable, le papier allie souplesse et opacité, et l'impression est de bonne facture.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12.5 20
Note de la rédaction