Fleur millénaire (la) Vol.15 : Critiques

"Fleur millénaire, Fleur millénaire. N'oubliez pas que je viendrai vous chercher."

La guerre semblait scellée : la Reine de Do a été acculée, et à l'instant où elle a appris la disparition soudaine de son unique raison de vivre, elle a cédé au désespoir avant de retomber dans une haine furieuse. Car après avoir passé des années à vouloir la tête d'Aki, elle ne peut se résoudre à laisser tomber, même si son objectif ne peut plus être réalisé. Pourtant, la victoire d'Aki semble déjà acquise. Mais à l'heure où elle s'est relâchée, la future reine a échappé de peu à la mort et n'a dû son salut qu'à son Hakusei. Perdus dans la nature alors qu'alliés et ennemis les recherchent, les deux amoureux se sont enfin livrés pleinement l'un à l'autre, de coeur et de corps. Mais à l'approche de troupes ennemie, Hakusei, pour protéger sa belle assoupie, a choisi de partir loin d'elle, d'attirer les soldats adverses vers lui, armé d'un simple couteau.

A son réveil, Aki est seule.

Au bout d'une guerre que l'on sait déjà quasiment gagnée pour le camp d'Aki et de ses alliés, la fin du tome 14 chamboulait le lecteur, de par le choix d'Aki et la décision de la mangaka Kaneyoshi Izumi de laisser sous-entendre certaines choses sur le futur. Un futur que l'on craignait de ne pas voir totalement heureux... Et ça ne manque pas, l'autrice choisissant des voies loin d'être idéales, sans être forcément totalement tragiques. Tout simplement, les choix faits par Izumi se veulent crédibles et réalistes, et viennent achever avec panache et force une série qui, il faut bien le dire, s'offre une fin quasiment parfaite.

Car la mangaka, en décidant de nous offrir ce qui peut s'apparenter à un épilogue de quasiment un tome complet, présentant le futur d'Aki et des autres personnages, n'oublie absolument rien. Les années passent au fil d'une construction intelligente où Izumi dévoile certains événements lointains brièvement avant de revenir plus longuement dessus, entretenant ainsi une forte aura dramatique, et nous baladant à quelques reprises. Et dans cette façon de procéder, tout se dévoile. Le parcours des différents personnages secondaires où aucun n'est oublié : Kôfu et son choix vis-à-vis de la Reine de Do et du pays, Tan et son rôle de Roi de Sô, Ko, Seiitsu, son épouse et son fils, Jahal et sa descendance dont le rôle est crucial suite à la promesse qu'il avait faite à Aki... Mais aussi le souvenir de ceux qui ont disparu comme Seitetsu. Et tout le parcours d'Aki en tant que Reine. Une Reine qui pendant des années, s'est appliquée à régner fermement et justement pour son peuple et son pays, entretenant le rêve d'un pays qui n'aurait pas besoin de souverain. Mais son unique souhait est encore ailleurs, bien sûr...

"Personne ne peut expliquer pourquoi on s'est rencontrés. Ni pourquoi je vous aime autant."

Il y a la Reine de Â, se donnant sans relâche pour le pays jusqu'à s'épuiser, au point que son entourage se demande quand elle trouve le temps de dormit. Une souveraine qui parvient à entretenir la paix, à faire le bien du peuple et à se faire aimer de la majorité. Mais derrière cela, il y a surtout Aki, celle qui est restée une jeune fille éternellement éprise de celui qui a toujours été là pour elle, depuis l'enfance. A vrai dire, il est très, très difficile d'évoquer la dernière ligne droite de la relation fusionnelle entre Aki et Hakusei sans trop en dévoiler, alors soulignons simplement que cette fois-ci, Kaneyoshi Izumi trouve un équilibre impeccable, où l'ombre de sentiments qui ne se sont jamais dissipés au fil des années plane constamment sur le parcours de reine de l'héroïne. Après le début de volume qui a quelque chose de profondément tragique tout en entretenant une bribe d'espoir (ce "à bientôt" a de quoi retourner...), la mangaka mène parfaitement les choses, offre plusieurs instants d'une grande force émotionnelle comme celui de la lettre, entretient l'attente et l'espoir du lecteur sans avoir besoin de trop en faire pendant tout le tome. Jusqu'à une conclusion très finement jouée, qui a un triple mérite : laisser sur la satisfaction d'une vraie fin qui ne laisse rien en plan, exploiter plus que jamais et avec subtilité le concept de cette Fleur millénaire pouvant soi-disant réaliser un souhait et ne poussant qu'une fois tous les mille ans, et laisser le lecteur sur un sentiment qui pourra être soit de la tristesse, soit de la joie selon l'interprétation qui sera faite de ce final.

"Et, à partir de cet instant, nous serons ensemble pour l'éternité."

En 15 tomes, La Fleur Millénaire a su être dans l'ensemble un excellent shôjo d'aventure. Kaneyoshi Izumi a, à quelques reprises, un peu peiné à trouver le bon équilibre entre la part d'aventure/politique/diplomatie/guerre et la part de romance, mais ici elle parvient à atteindre cet équilibre et à offrir une conclusion très appliquée et impeccable. Une superbe lecture, qui mérite à coup sûr qu'on l'essaie, tant le parcours d'Aki, de Hakusei et des nombreux autres personnages peut rester facilement dans les coeurs.

"Fleur millénaire, Fleur millénaire. En cet instant... mon souhait est exaucé."