Entre les draps - Actualité manga

Entre les draps : Critiques

Sheets no Sukima

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 23 Février 2010

Sous sa jolie couverture, Entre les draps présente une histoire pas moins réussie, aussi simple que ces quelques duels de couleurs sur un fond blanc. Une histoire de vie telle qu’elle est, telle qu’il y en a tant. On découvre entre les pages Saki et Minako, par le regard de cette dernière. Si les deux jeunes femmes sont amies, elles ne se ressemblent que peu : la première cherche à vivre, à aimer. Elle ne peut rester sans aimer, elle ne peut rester seule et ses divers amours prennent le pas sur tout le reste. Ainsi, Saki s’entoure d’hommes qui l’aiment plus ou moins, et elle recherche d’avantage le plaisir des caresses que les sentiments, alors que Minako nous est tout d’abord présentée comme une femme assez sage, calme et ne souhaitant qu’un amour. Celui de Saki. Car Minako aime Saki, alors que Saki détourne son regard de cette amitié dont elle ne connait pas les dérives, et se complait dans l’amour charnel. Au début de l’histoire, l’insouciance est de mise, avec deux amies qui cohabitent, font fuir les dragueurs en s’embrassant en boite, mais Minako n’est heureuse que lorsque son amie n’est pas avec son copain ou un de ses amants. Petit à petit, la jeune femme va alors désirer posséder Saki dans son intégralité, allant jusqu’à s’unir à ceux qui partagent le lit de l’objet de son amour. Elle croira même tomber amoureuse d’un homme particulièrement gentil et dévoué à Saki. Et à la fin du manga, on ne sait comment différencier les deux jeunes femmes, qui toutes deux touchent à la trahison, la passion et les désillusions.

En effet, c’est la trahison qui domine le manga. Saki couche avec Ken, qui la trompe. Elle le quitte, se trouve un nouvel homme, le trompe avec Ken tandis que lui-même la trompe avec Minako, alors que Saki trahit Minako durant tout le tome, en piétinant ses sentiments. Cette dernière va bafouer la confiance de son amie, cassant l’image de fidèle compagne, en s’appropriant les hommes qu’elle approche. Un beau méli-mélo qui met en scène l’amour sous son aspect léger, éphémère et pourtant parfois très dur, et possédant différentes composantes telles que le désir, la fidélité, l’amour au sens propre du terme, le besoin d’être aimée … Une valse d’égoïsme, de sensualité, de mensonge, de trahison et de violence. Entre celle qui sait ce qu’elle veut en blessant tout le monde sur son passage et celle qui n’en a aucune idée et fait de même, c’est l’apologie d’un amour bouleversé et torturé, complexe et souvent menteur. Cependant, on aurait d'avantage vu cette œuvre dans une collection josei tant le titre est profond sans réellement s’attarder en particulier sur l’homosexualité. Minako a beau aimer Saki, ce n’est qu’un amour impossible, et les autres relations des deux jeunes femmes sont tout aussi importantes dans la narration. Cette amitié amoureuse à sens unique présente, dans ses différents travers, tout ce que l’on peut se demander sur le désir et la passion dans une relation. Les tords sont partagés, tous les protagonistes sont fautifs, et la blessée peut faire mal, et inversement. La détermination de Minako et les moyens dont elle use pour tromper son amie donnent son véritable sens à l’amour passion, la rendant totalement folle, incertaine de ses autres sentiments.

La mangaka ne parvient pas seulement à laisser filtrer les sentiments forts, entiers et destructeurs de ses personnages, elle nous présente un graphisme très simple, des dialogues assez posés dans le vide des arrières plans, afin de laisser l’entière place aux sentiments. Ne pas charger les pages et rester dans ce trait un peu brouillon est un style qui convient parfaitement à ce genre d’histoire. De plus, le côté un peu figé des expressions des personnages ne dramatise absolument pas la narration, et nous permet d’appréhender leurs émotions avec notre propre sensibilité. Le cadrage est large et permet, tout comme le format adopté, de profiter au maximum des traits caractériels de l’auteur, que ce soit dans des moments quotidiens, remplis d’émotions ou plus sensuels. Une constante maturité qui est appréciée, malheureusement l’édition n’est pas aussi bonne que l’on pourrait le penser : la couverture, bien que rigide, est assez fragile, l’encrage déteint rapidement et la traduction est quelque peu maladroite, avec certaines formules assez dures à lire (« mignonne Saki », « Je saurais tellement t’aimer mieux », ...), faute à une traduction trop littérale ?


NiDNiM


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs