Enma Vol.1 - Actualité manga

Enma Vol.1 : Critiques

Enma

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 25 Octobre 2011

Il y a quelques mois de cela, Kana créait la surprise avec Kongoh Bancho, petite série qui ne payait pas de mine au premier abord tout en se révélant particulièrement réussie et étonnante une fois plongé dedans. Enma adopte, apparemment, le même schéma. Un shonen de longueur moyenne, une couverture plutôt repoussante et un synopsis ayant comme un air de déjà-vu pour peu que l'on ait entendu parler de la Fille des enfers. Bref, on pouvait légitimement croire à une nouvelle trouvaille de qualité de la part de l'éditeur. Ceci dit, si tout ne sera pas à jeter dans ce premier opus, on reste malheureusement sur notre faim. Et pas qu'un peu.

Enma, la jeune fille qui fait la première page, est donc envoyée par Enma, l'un des dix rois des enfers, sur Terre pour réguler un minimum le volume d'âmes à juger par son seigneur. La particularité de l'intrigue tenant en réalité au fait qu'Enma se trouve propulsée à chaque chapitre dans un endroit et à une époque bien définis et différents à chaque fois. Ainsi, on passe d'un Japon féodal à un Londres fin du 19ème siècle en l'espace de quelques pages. Notre héroïne se positionnant dans l'entourage d'une personne en particulier et surveillant ses faits et gestes et, lorsqu'elle estime que c'est nécessaire, mettant fin à ses jours en lui ôtant ses os. En fait, tout cela n'est pas très clair et ce sera là la première faiblesse du titre. Les enjeux ne sont que vaguement évoqués et ce qu'il se passe ne semble pas reposer sur grand chose. Néanmoins, peut-être que cela changera quelque peu par la suite et qu'une trame d'envergure viendra remplacer les petites histoires insipides ici présentes. Ce sera en tout cas clairement nécessaire pour nous tenir un tant soit peu en haleine dans la mesure où le schéma répétitif de la série vient, déjà, nous pendre au nez.

En effet, on se retrouve face à de courts chapitres indépendants adoptant un déroulement outrageusement similaire. On nous présente un personnage en nous montrant d'emblée l'étendue de sa cruauté et de sa folie avant de nuancer le propos et de le faire paraitre plus humain à nos yeux. Ceci en justifiant ses actes d'une manière ou d'une autre. En soi ç'aurait pu donner quelque chose de plaisant, dans la pratique l'ensemble manque quand même grandement d'émotion et d'implication de la part du lecteur pour que ça fonctionne. Et le manque d'empathie d'Enma, qui reste très spectatrice de tout ce qu'il se passe, en plus des seconds rôles creux à souhait ne fait que renforcer ce sentiment. Cela dit, vu le type de manga auquel on fait face, ce n'est qu'une demi surprise. Là où il aurait par contre pu gagner des points, c'est dans le choix des auteurs de nous faire voyager à travers le temps et l'espace. D'un point de vue graphique, Nonoyamasaki remplit sa tâche de manière honnête, sans plus. Sur le plan scénaristique, par contre, Kei Tsuchiya laisse libre cours à son imagination au risque de se planter comme lorsqu'il revisite le mythe de Jack l’éventreur de manière... étonnante à défaut d'être convaincante dira-t-on.

Mais revenons un instant sur la patte graphique du dessinateur. On sent qu'il y a une volonté de fournir quelque chose de relativement sombre afin de coller au propos. Mais on sent aussi la bride inhérente au statut de la série, empêchant celle-ci de verser dans le gore à outrance où de représenter les choses de manière trop explicite. Pour rester avec notre bon vieux Jack, ne vous attendez par exemple pas à voir un beau gros paquet de tripes joncher les rues de Whitechapel. Deux ou trois entrailles dans un bocal, c'est tout ce qu'on verra. Finalement, cela aussi constitue une certaine déception. Pour le trait en lui-même, par contre, on est face à quelque chose de convenu mais d'efficace. Plus que ne le laissait présager la couverture, en tout cas. Côté édition, Kana fournit un travail correct et attendu, rien de particulier à signaler.

Ce premier volume d'Enma, en cherchant à se positionner sur un terrain qui ne lui sied guère, ne parvient donc pas à séduire comme on l'aurait espérer, naïvement peut-être. Entre des personnages bien trop sommairement approfondis en plus d'être éphémères au possible et un déroulement de l'intrigue qui n'a rien d'emballant, il n'a, en fait, que son postulat de départ, à savoir la variété de ses décors, pour lui. C'est léger, trop léger mais qui sait ? Peut-être peut-on rêver d'une qualité rehaussée dans les prochaines péripéties d'Enma ? Malgré tout, et pour terminer sur une note un peu plus positive, on peut dire que ce tome d'ouverture se lit sans peine et ne souffre pas de gros temps morts. C'est toujours ça de pris...


Shaedhen


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Shaedhen
11 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs