Echoes Vol.1 - Actualité manga
Echoes Vol.1 - Manga

Echoes Vol.1 : Critiques

Yume de Mita Ano Ko no Tame ni

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 02 Septembre 2019

Chronique 3 :

Kei Sanbe est un auteur, spécialisé dans le thriller et l'horrifique, qui s'est bien distingué chez les éditions Ki-oon. Publié à de nombreuses reprises chez nous, il a commencé à gagner en notoriété avec les très corrects L'Île de Hozuki et Le Berceau des Esprits. Mais c'est avec Erased que le mangaka a été popularisé, notamment grâce à son adaptation animée, pourtant bien moins aboutie que l’œuvre originale.

En 2017, dans le magazine Young Ace de l'éditeur Kadokawa Shoten, Kei Sanbe lance son nouveau projet : Yume de Mita Ano Ko no Tame ni, que l'on pourrait traduire par « Pour cet enfant dont j'ai rêvé ». Un titre bien poétique que Ki-oon ne retiendra pas pour la sortie française de la série, dès le printemps 2019, l'éditeur optant pour le titre international Echoes. Une pratique assez courante et qui concernait même Erased dont le véritable titre est Boku Dake ga Inai Machi (« Une ville sans moi » en français). Une pratique toujours sujette à débat et pas toujours dépendante de l'ayant-droits français, mais là n'est pas le sujet de la chronique.

Jeune adulte de 18 ans, Senri gagne sa vit de manière peu honnête, en bernant des étudiants un peu naïfs à l'aide de sa petite équipe. Derrière cette hargne se cache un garçon qui a vécu une enfance dramatique : Senri a vécu aux côtés d'un frère avec lequel il entretenait une complicité sincère, tandis que leur père battait leur mère en permanence. Un lien fort et mystique liait les deux enfants : quand l'un subissait une douleur physique, l'autre la ressentait aussi, et il leur arrivait même de partager des visions. Un soir, Kazuto, le frère de Senri, ainsi que leurs parents sont les victimes d'un assassin... sauf les deux enfants. Senri, qui était resté caché, a survécu, tandis que le criminel a pris la fuite avec Kazuto qui demeurait introuvable, mais que Senri croit mort... La seule piste qu'il a du meurtrier : une cicatrice sur le bras qu'il a aperçu via son ultime vision avec son frère.
Par un hasard total, Senri aperçoit un homme à la même cicatrice. Il n'en faut pas plus pour le jeune adulte pour se lancer sur la trace du potentiel criminel, sans même se douter de la complexité réelle de l'affaire...

Avec Erased, le thriller fantastique semble être devenu la marque de fabrique de Kei Sanbe qui réitère avec Echoes. Le pitch de ce nouveau titre est en soi assez simple et combine une sordide affaire de meurtre à une dimension surnaturelle par le lien inexplicable entre Senri et Kazuto, son défun frère.
Par une entrée en matière particulièrement efficace et portée par un rythme maîtrisé, ce premier opus n'a pas grand mal à séduire. L'exposition des personnages est limpide et est suivie assez habilement des premières pistes qui mèneront le protagoniste sur la trace de l'éventuel meurtrier de son frère. Une enquête qui se complexifie au fil des pages puisque chaque chapitre est l'occasion pour Kei Sanbe de délivrer de nouvelles informations sur les événements passés, tout en faisant progresser Senri sur la piste du criminel. Bon nombre d'informations à digérer donc, qui pourrait donner l'impression d'un certain fouilli scénaristique, mais le mangaka parvient à rendre le tout assez clair et à nous convaincre qu'un lien se fera progressivement entre tous ces éléments.

Car après un premier volume qui se savoure sans déplaisir du début à la fin, on referme ce premier pavé avec un grand nombre de questions en tête... C'est sans doute la preuve d'un début de thriller réussi, et qui se paie même le luxe d'introduire des thématiques qui pourront se montrer convaincantes si elles sont traitées globalement habilement. Ainsi, Kei Sanbe nous parle du rapport au Mal à travers une dichotomie bien pensée : l'opposition entre Senri et Enan qui prendra de plus en plus de sens jusqu'à devenir assez symbolique vers la fin du tome. Les deux protagonistes réagissent de manières différentes à de terribles drames passés, et ce sont leurs rôles dans l'ensemble de la série, ainsi que leurs évolutions dans le récit, qui pourront donner davantage de sens à Echoes, une fois la série menée à terme. Evidemment, d'ici là, il y a le temps.

Évidemment, le tout est mis en relief par le coup de crayon si caractéristique de Kei Sanbe. Son design de personnages se reconnaît entre mille, si bien que pas mal d'entre-eux se confondent avec des figures d'Erased. Donnez des lunettes à Senri, et il ressemblera comme deux gouttes d'eau à Satoru, tandis que la mère de ce dernier a de forts airs d'Enan. Un manque de diversité, certes, mais jamais véritablement dérangeant puisque c'est surtout la mise en scène de Kei Sanbe qui prime dans l'impact de ses planches. Et cet impact, il est plutôt réussi, grâce à une tonalité globalement sombre et lourde qui dénote totalement d'Erased. Si la précédente série laissait la place à la mélancolie, le drame et le mystère sont retranscrits à chaque instant dans ce premier opus d'Echoes.

Du côté de l'édition, Ki-oon nous offre une très bonne copie, comme à l'accoutumée chez l'éditeur : Un bon papier, la présence de pages couleur appréciables, et une traduction de David Le Quéré très bonne pour retranscrire les intonations de ce thriller.

En résulte une amorce de récit efficace de bout en bout : le scénario de ce thriller semble tenir ses promesses, le mystère est omniprésent, fouillis mais suffisamment crédible pour qu'on croit en un lien entre tous les éléments de l'histoire, le tout garni d'une ambiance plus que prenante et des personnages dont on attend de voir les progressions. Kei Sanbe ne déçoit donc pas, pourvu que la suite conserve ce niveau.


Chronique 2 :
  
Kei Sanbe est un auteur prolifique amateur de titres sombres et glauques, nombre de ses titres nous sont parvenus en France avec plus ou moins de succès mais ce sont les dernièrs d'entre eux qui se sont avérés être les plus marquants!
Avec "Le berceau des esprits" il nous entraînait dans un huis clos malsain où des lycéens devaient survivre à des zombis au sein d'un paquebot en train de couler...titre court mais marquant et percutant!
Mais son plus gros succès est sans conteste l'exceptionnel Erased qui nous plongeait dans un thriller fantastique sur fond de voyage dans le temps, une réussite à tous les niveaux!
Maintenant qu'il a placé la barre aussi haute, autant dire que cet auteur génial est particulièrement attendu, ce qui peut s'avérer être à double tranchant car plus les attentes sont hautes plus on court le risque d'être déçu! Mais autant lever le suspens de suite, le premier tome de son nouveau titre est bien loin de nous décevoir, bien au contraire!
Il va rester fidèle à ses amours et nous plonger à nouveau dans un thriller sombre avec des touches de fantastiques!
Toujours en cours de publication avec trois volumes actuellement, on espère la série aussi longue et passionnante qu'à pu l'être Erased...et ça en prend déjà le chemin!

Senri Nakajo est désormais orphelin! Alors qu'il n'avait que cinq ans ses parents ont été violemment assassinés et son frère jumeau Kazuto a été enlevé sans qu'on ne retrouve jamais aucun corps! Le lien entre les jumeaux était tel qu'ils pouvaient ressentir la douleur que l'autre éprouvait et pouvaient également voir à travers les yeux de l'autre pour un bref instant, ce qui permit à Senri de voir le bras de l'agresseur...son bras et sa cicatrice.
Treize ans plus tard, le jeune homme vit chez ses grands parents et se montre habité sans cesse par une colère qui le consume! Violent et taciturne il commet des petits délits et s'apparente plus à un voyou qu'à un lycéen modèle!
Cependant un jour alors qu'il regarde un reportage sans grand intérêt, il est persuadé de reconnaître la cicatrice sur le bras de l'assassin de ses parents! Il va donc partir à la recherche de l'homme vu sur le reportage et ne sera pas au bout de ses surprises, car celui ci semble être poursuivi par des hommes de mains violents et sans scrupules!
Sa quête de vengeance risque donc de l’entraîner des des histoires louches pour lesquelles il n'est peut être pas préparé!
Il peut cependant compter sur le soutien de Enan, une orpheline comme lui qu'il a connu dans l'orphelinat qui les a recueilli.

Tout comme pour son précédent titre, Erased, Kei Sanbe renoue avec le thriller sombre et violent en y ajoutant une pointe de fantastique, et si justement l'aspect fantastique était plus marqué dans Erased, ici il semble plus discret, il se limite au lien hors norme unissant les deux jumeaux. Et c'est notamment ce qui fait la force de Kei Sanbe, le récit prime sur le coté sensationnaliste, le fantastique sert le propos et non l'inverse, le fantastique est un outil et non pas un prétexte ou un but!
C'est donc par le biais de ce lien que Senri a pu voir durant un bref instant ce que Kazuto a vu au moment ou il fut enlevé...ce bras avec cette fameuse cicatrice qui sera le point déclencheur du récit!
Et là où l'auteur aurait pu faire simple en nous présentant une simple histoire de vengeance avec un jeune homme traquant le meurtrier de sa famille, il nous entraîne déjà dans des histoires complexes avec des identités usurpées, des recouvreurs de dettes violents, des yakuzas...bref de nombreux éléments venant épaissir le mystère du massacre à l'origine de tout!
A cela il faut aussi ajouter le personnage de Enan, prenant soin de son compagnon d'infortune, tous deux ayant vécu des drames et ayant rejeté les autres. Le personnage se montre rapidement attachant et l'auteur décide de rapidement lui accorder un chapitre pour qu'on en apprenne davantage sur elle et ses blessures...à n'en pas douter un personnage féminin fort qui jouera un rôle important.
Mais celui qui est le plus travaillé est bien entendu Senri, jeune homme violent et impulsif, mais qui n'est pas non plus un inadapté social; il sait se montrer poli et serviable, voire même reconnaissant envers ses grands parents. On comprend facilement ses souffrances et l'auteur est passé maître dans l'art de nous faire partager des émotions fortes et touchantes, à l'instar du passage où Senri se réveille après avoir perdu connaissance suite à un second choc violent dans son enfance. A ce moment on partage la peine de ce jeune garçon qui a tout perdu, à qui on a arraché sa moitié!
Dans les flashbacks revenant sur la jeunesse des jumeaux, on comprend que l'auteur n'aime pas la facilité et à envie d'alourdir son récit...il aurait pu choisir de nous montrer des parents aimants, pour renforcer la perte de Senri, mais au contraire il nous présente un père violent et alcoolique, détestable dont la mort va laisser Senri indifférent! Était ce nécessaire pour renforcer le lien entre les jumeaux? Pas forcément, c'est clairement un choix de l'auteur qui on le devine nous conduira à des surprises plus tard!

On découvre donc très rapidement un récit riche et complexe et on n'a qu'un envie c'est d'en apprendre davantage!

Graphiquement pas de surprise, c'est du Kei Sanbe pur souche! Le trait est reconnaissable entre mille, Senri s'apparentant à un clone du héros de Erased! Mais si le dessin apparaît simple il est loin d'être simpliste, au contraire il est riche et l'auteur nous offre des personnages vraiment expressifs avec des regards qui en disent long; il maîtrise son découpage et sa mise en page pour rythmer son récit... du grand art!

On l'attendait avec un grande impatience, Kei Sanbe une fois de plus ne nous aura pas déçu, on a là un premier opus vraiment marquant et saisissant, peut être pas autant qu'à pu l'être le tome d'ouverture de Erased, mais cela reste une excellente entrée en matière! On peut faire confiance à l'auteur pour nous proposer un récit prenant et passionnant...en tout cas ce premier tome l'est totalement!
  
  
Chronique 1 :
  
Voici déjà une quinzaine d'années que, régulièrement, Kei Sanbe revient en France par le biais de ses récits à suspense. Parus respectivement chez Vegetal Manga/Soleil et chez Kurokawa, Testarotho et Kamiyadori furent des divertissements assez efficaces mais malheureusement inachevés. Et pour voir le mangaka réellement trouver sa place dans notre pays, il a fallu attendre que les éditions Ki-oon s'y intéressent à partir de 2010, avec la publication du thriller L'île de Hôzuki. Depuis, l'auteur est devenu un nom incontournable de l'éditeur, avec la divertissante série B à tendance zombie Le berceau des Esprits, puis surtout avec le grand succès Erased, polar captivant et souvent touchant qui a permis à l'auteur de passer un cap dans sa carrière, avec un gros succès critique et public et des adaptation en série animée, en film live et en drama tous disponibles en France sur Wakanim ou Netflix.

Autant dire qu'après Erased, on attendait encore plus impatiemment qu'auparavant le retour de Kei Sanbe en France, et cela se concrétise en ce mois de mai avec l'arrivée, toujours chez Ki-oon, de sa nouvelle oeuvre, Echoes. De son nom original Yume de Mita Ano Ko no Tame ni, cette série a été lancée en 2017 dans le magazine Young Ace des éditions Kadokawa, et compte actuellement trois volumes.

Echoes, c'est l'histoire de Senri Nakajo, lycéen vivant avec ses grands-parents maternels dans leur épicerie, n'ayant pas vraiment d'amis hormis une certaine Enan Kotokawa qui le met souvent en garde contre son comportement. Car ce qui caractérise sûrement le plus l'adolescent, c'est un côté très solitaire, renfermé, assez impulsif, comme si un sentiment de haine et de rage bouillait constamment au fond de lui... un sentiment trouvant son origine dans son enfance marqué à tout jamais par le drame, la mort et le sang. Quand il n'avait que 5 ans, Senri fut l'unique rescapé du massacre de sa famille. La pluie a effacé toute trace du meurtrier, et l'enfant a été retrouvé seul entre les cadavres de ses deux parents. Mais Senri avait aussi un frère jumeau, Kazuto, qui a été emporté par le meurtrier et fut porté disparu. Kazuto était tout pour Senri, le lien entre les deux petits garçons était fusionnel... si fusionnel qu'ils partageaient une étrange capacité: en cas de coups, de chocs, d'émotions fortes, ils partageaient littéralement leur douleur physique, leurs émotions et leur vue. Senri a donc vécu le calvaire de Kazuto comme si c'était le sien... et c'est aussi pour ça qu'au moment où son frère à a fini par être visiblement tué par le meurtrier/ravisseur, il a pu voir sur ce dernier une cicatrice au bras, en forme de flamme. Alors quand un jour, Senri, à la télévision, revoit brièvement cette cicatrice, sa seule piste menant à l'identité du coupable, son sang ne fait qu'un tour: il sait enfin où chercher pour retrouver le meurtrier... et le tuer !

Des meurtres atroces ayant marqué la vie du protagoniste, une pointe de surnaturel avec le don étonnant qui unissait les deux jumeaux: Kei Sanbe reprend ici la formule de base ayant fait le succès d'Erased, mais bien évidemment le mangaka ne fait pas du tout un copier-coller et pose peu à peu les bases d'un nouveau thriller qui ne devrait pas se limiter à la simple traque du meurtrier par Senri. Cela, on le comprend surtout à travers les différents rebondissements de la dernière partie du tome, qui finissent rapidement par impliquer pas mal d'autres personnages: des gars voulant se venger d'un sale coup fait par Senri (notre héros étant loin d'être un enfant de choeur), de mystérieux et dangereux individus recherchant eux aussi l'énigmatique meurtrier... sans oublier Enan, la jeune fille ayant droit dès ce premier tome à un petit approfondissement expliquant son lien avec Senri et son désir de veiller sur lui.

Avant cela, ce premier volume est surtout une mise en place. mais une mise en place déjà asse riche, sombre et plutôt rythmée, dans la mesure où Kei Sanbe y alterne entre moments dans le présent, et flashback expliquant petit à petit ce qui est arrivé à la famille de Senri, le don qu'il partageait avec Kazuto, tout ce que son frère représentait pour lui... si bien qu'au bout du compte, on cerne facilement ce qui a rendu le personnage principal tel qu'il est: un père violent et alcoolique, une mère qui n'accordait quasiment aucune attention à ses enfants... Kazuto et Senri étaient la seule lueur d'espoir, le seul témoignage d'amour familial l'un pour l'autre. Si bien que quand leurs parents ont été tués, Senri n'a quasiment rien ressenti pour eux, et n'avait de pensées que pour son frère. Sanbe joue ici, avec efficacité, la carte de rapports familiaux durs et très loin d'être idéaux, chose qu'il laisse aussi entrevoir dans son petit approfondissement d'Enan.

Visuellement, le dessin de Sanbe est devenu une véritable marque de fabrique, très facilement reconnaissable: acéré, incisif avec des regards marquants et pouvant témoigner de tout ce que peuvent ressentir les personnages, sombres quand il le faut, ils collent très bien à l'atmosphère globale. Les instants les plus noirs s'avèrent bien mis en scène, et la plupart des décors sont efficaces, même si sur certaines casses ils apparaissent plus lisses et informatisés.

Avec ce premier volume, l'auteur ne perd donc rien de son talent pour proposer du thriller sombre et immersif. Echoes s'offre une entrée en matière efficace, promettant sur la longueur un très bon divertissement. Du côté de l'édition, on est dans les standards de Ki-oon: papier souple et épais, très bonne qualité d'impression avec une encre ne bavant pas, choix de polices soignés, première page en couleur... A la traduction, on retrouve David Le Quéré, largement habitué à ce type d'oeuvre puisqu'il a déjà signé les versions françaises de tous les précédents mangas de Sanbe sortis chez Ki-oon. Il offre donc ici un travail soigné et immersif, collant bien à l'ambiance globale.
  


Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction