Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 03 Octobre 2023
Chronique 2 :
Avec l'aide de la jeune prodige Jolenta, Badeni et Okszy ont pu rencontre le comte Piast et lui faire comprendre sont erreur en ayant voulu démontrer le plus parfaitement possible le géocentrisme. Le vieil homme est forcément choqué, car cela revient à dire qu'il a fait erreur pendant toute sa vie, cependant en tant qu'homme avide de connaissance il est compréhensif et ouvre alors aux deux hommes ses archives si essentielles pour leurs recherches. A l'heure où ma vie du compte prend fin, Badeni se lance de plus belle dans ses recherches sur la théorie de l'héliocentrisme, en s'appuyant sur la mine d'informations étant désormais à sa disposition.
L'aventure se poursuite donc toujours ici autour de Badeni, Okszy et dans une moindre mesure Jolenta, en étant avant tout portée, en terme de recherches sur l'héliocentrisme, par le religieux cicatrisé. Au fil des mois, les recherches avancent jusqu'à atteindre un résultat pleinement satisfaisant... mais à l'heure où il faudrait ensuite partager le résultat de ces recherches, cela sera-t-il seulement possible ? En effet, deux sortes d'obstacles viennent se dresser, en se faisant toutes les deux passionnantes, chacune dans un registre différent.
L'un de ces obstacles est, tout simplement, le désir de Badeni de ne pas partager ses découvertes avec le plus grand nombre: même s'il pense que la connaissance sauvera les humains, il ne trouve aucun intérêt dans l'idée de partage cette connaissance avec le plus grand nombre, et a même fortement tendance à penser qu'il serait néfaste d'inculquer ça aux plus modestes gens n'ayant pas l'opportunité de se cultiver. La raison de cette vision des choses qu'a Badeni ? Eh bien, on la découvrira vite et bien, lors de quelques informations dévoilant aussi l'origine de ses cicatrices. Cela permet à Uoto d'évoquer la question du droit des gens non-aristocrates d'accéder à la connaissance, à une époque où les personnes plus modestes ne savaient généralement ni lire ni écrire. Et dans cette optique, c'est aussi la voie choisie par Okszy qui se révèle captivante, dès lors que ce dernier, avec l'aide de Jolenta pour apprendre l'écriture et la lecture, se met en tête de tenir un journal rien que pour lui, au grand dam de Badeni qui n'est pas d'accord. Les deux hommes ont beau être alliés dans les recherches sur l'héliocentrisme, il y a alors une certaine opposition de valeurs entre eux deux, ce qui aboutit à des réflexions passionnantes, notamment sur le partage de la connaissance et sur l'importance d'accepter les avis extérieurs puisque, comme le dit Okszy, "Être contredit et corrigé, c'est l'essence même de la transmission".
Quant à l'autre obstacle, il est évident: à une époque où la religion comptait plus que tout, l'Inquisition revient à la charge sous l'impulsion de Novak. Quand celui-ci ne nous fait pas profiter des sinistres méthodes d'"interrogatoire" sur base de dénonciations, avec ce qu'il faut de sentiment d'injustice, l'implacable inquisiteur vient faire planer son ombre menaçante sur nos héros, de façon toujours plus inquiétante, plus encore à partir du moment où l'on découvre son lien étroit avec un certain personnage de premier plan de la série. Habilement menée, la deuxième moitié du tome fait véritablement aller crescendo la tension, le sentiment de danger se refermant petit à petit sur Badeni et Okszy, jusqu'à une inévitable fin de tome qui, en plus de nous laisser sur un climax particulièrement intense, brille aussi par la cristallisation des évolutions d'Okszy.
Difficile de ne pas attendre impatiemment la suite de l'oeuvre, à l'issue de ce 4e tome très bien mené. En plus d'avoir su faire monter ici la tension au fil des pages et d'avoir efficacement mûri l'évolution de ses personnages, Uoto interpelle toujours autant dans l'abord de son sujet autour des recherches scientifiques contre l'obscurantisme religieux et de l'importance de la transmission.
Chronique 1 :
Grâce au compte Piast qui a accepté de fournir ses recherches et ses archives, le Frère Badeni se lance à corps et âme dans des réflexions visant à prouver l'héliocentrisme. Dans un même temps, Okszy se cultive auprès de Jolenta, et apprend même à lire et à écrire. Mais quand lui et son compère font connaissance avec le père de leur amie, la sérénité acquise est sur le point de se trouver chamboulée...
Avec ce quatrième tome, nous atteignons déjà la moitié de "Du mouvement de la Terre", passionnante série historique d'Uoto dans laquelle la science est dépeinte comme la plus pure des convictions, au nom de la quête de vérité, face aux institutions d'époque. Après un tome purement introductif et particulièrement brillant, les deux opus suivants ont servi à lancer véritablement l'aventure, faire rencontrer des personnages à même d'honorer cette mission pour la science, et ainsi changer la face du monde.
Centré sur d'autres personnages comme Jolenta et le compte Piast, le troisième volume était un véritable levier pour permettre à Badeni d'atteindre son objectif. Dans cette suite, il est même surprenant de voir à quel rythme ses recherches avancent, puisque leur progression signe l'approche de la résolution de l'enjeu pour les personnages. C'est bien là où ce quatrième volet se révèle malin en termes de rythme : l'évolution de l'intensité est douce, avant de monter crescendo suite à un moment fatidique, un instant que le lecteur redoutait et qui fait automatiquement chavirer la cadence du récit. Difficile alors de ne rien révéler, si ce n'est que les dernières pages instaurent un cliffhanger qui, plus que jamais, crée la hâte d'avoir la suite entre nos mains.
Mais là n'est pas le seul fait d'armes de cet opus qui, profitant d'une certaine accalmie dans sa première moitié, en profite pour développer les personnages et confronter leurs visions dans une époque aux mœurs nettement différentes. La culture, par le prisme de la lecture et de l'écriture, était réservée à une élite, et certainement pas prise à la légère. Par le binôme formé par Badeni et Okszy, Uoto offre une réflexion intéressante, une transposition de notre vision dans une fiction historique, et un débat qui va trouver une évolution tout le long du volume, jusqu'à atteindre son point culminant lors du climax de l'ouvrage.
C'est donc un quatrième tome marquant, captivant et poignant dans son final, que l'auteur nous offre. L'histoire semble atteindre un moment charnière, tandis que la première moitié de l'œuvre a été franchie. Et plus que jamais, on peut se montrer impatients à l'idée de découvrir les quatre tomes décisifs.