Du mouvement de la Terre Vol.2 : Critiques

Chronique 2 :

Soutenu dans ses recherches par les travaux de son mentor Hubert, le jeune et brillant Rafal a poursuivi l'étude du ciel en étant convaincu que c'est la Terre qui tourne autour du Soleil, et non l'inverse. Mais à une époque où l'Eglise toute puissante exerçait sa loi, et où la religion affirmait que le ciel et la Terre n'était pas liée et que le Paradis se trouvait au ciel, les investigation héliocentriques du jeune garçon ne pouvait que mal passer, si bien qu'il l'a payé de sa vie sous le joug de l'Inquisition. Mais non sans rester fidèle jusqu'au bout à ses convictions, ce qui l'a poussé à cacher tous ses travaux dans une boîte en pierre dans les montagnes...

Depuis, dix années sont passées, et l'on découvre Okszy et Grasz, deux hommes qui, à une époque difficile (les impôts augmentent sans cesse, les pauvres meurent pour le simple plaisir des riches...), ont associé leurs talents de mercenaires-spadassins pour subsister. Mais si Okszy ne semble être qu'un suiveur n'osant jamais se rebeller (si bien qu'il est terrifié à l'idée de regarder le ciel puisque c'est soi-disant le territoire de Dieu), Grasz, lui, cache derrière ses activités une passion dévorante pour l'observation des planètes et des étoiles et en particulier pour Mars, dont il décrit la trajectoire a priori parfaite dans un carnet. Il n'a encore aucune idée de l'importance que vont prendre ses observations: quand une mission d'accompagnement d'un hérétique jusqu'à son lieu de mort vire au fiasco, lui et Okszy se retrouvent bientôt sur la piste d'une certaine boîte, cache quelque part dans les montagnes...

Après un premier volume réellement saisissant autant dans sa rigueur que dans son amour du monde et dans son issue fatale et inattendue, Uoto entame la deuxième partie de son oeuvre de façon plus tranquille, ce qui est nécessaire pour poser efficacement les nouveaux protagonistes que sont Grasz, Okszy puis, bientôt, un moine nommé Badeni, ce dernier étant déterminé à étudier la trajectoire imparfaite des planètes dans le ciel sous un angle religieux (pourquoi Dieu les aurait-elle conçues imparfaites ?). De ce fait, ce deuxième tome est globalement un peu plus calme, avant de tout même remonter un peu en tension dans sa deuxième moitié, et cela malgré un événement un peu superficielle (une mort plutôt bête).

Ici, tout passe en premier lieu par le cas de Grasz, un homme assez intéressant à suivre puisque, derrière ses activités de spadassin, et malgré son tragique passé familial que l'on apprend très succinctement (et c'est suffisant), il montre un réel amour pour le monde qui s'étend sous ses yeux depuis qu'il a commencé à observer minutieusement le ciel. A l'instar de Rafal avant lui, on sent que Grasz aime l'univers qu'il trouve beau, même si on le prend parfois pour un fou, et même si l'Eglise le dit souillé et impur pour la partie Terre et quasiment inaccessible pour la partie Ciel qui serait le Paradis, l'antre divine.

Et c'est alors en sa compagnie que, petit à petit, on suit le lancement de cette deuxième grande partie de la série, avec toujours ce qu'il faut de très claires petites explications scientifiques schématisées de la part de l'auteur, mais aussi toujours avec une idée en tête: celle de la transmission. Après Hubert, après Rafal, après l'hérétique de ce tome, après Grasz, et sans aucun doute après bien d'autres personnes au fil des années, il ne fait déjà aucun doute que ces études scientifiques vont continuer de se passer de mains en mains, des héritiers vers leurs successeurs, jusqu'à ce que ces théories puissent enfin être affirmée et acceptées. Le tout nous rappelant bien que ce type de grandes évolutions ne se fait jamais dans un court temps, et qu'il faut toujours du temps pour que toutes les mentalités acceptent de changer.

Chronique 1 :

Plutôt que se soumettre aux doctrines de l'Église en s'adonnant à l'étude de l'astronomie, le jeune Rafal s'est montré fidèle à ses croyances sur l'héliocentrisme, ce qui lui a coûté la vie. Néanmoins, le garçon a laissé un héritage qui ne tardera pas à tomber entre certaines mains.
Quelques temps plus tard, Grasz et Okszy, deux membres de la guilde de sécurité aux philosophies complètement différentes, sont amenés à croiser la route de l'un de ceux dont les pensées se sont éloignées des certitudes divines...

Suite à son excellent premier volume, qui s'achevait sur un chamboulement narratif inattendu, l'oeuvre d'Uoto avait toute notre attention. Et puisque le protagoniste de l'amorce du titre n'est plus, c'est dans l'inconnue la plus totale que s'entame la lecture du second ouvrage de la série en 8 tomes. Cette excitation se créé dans un sentiment de découverte de la nouvelle direction de l'intrigue, à mettre en parallèle avec les vérités du monde que s'apprêtent à découvrir les nouveaux personnages.

Car puisqu'on repart de zéro (ou presque), c'est avec de nouveaux protagonistes que nous faisons connaissance, ce qui explique la longue introduction d'un demi tome pour le nouvel arc. Pour certains, ce sera peut-être trop long, mais ce rythme semble propice à développer Grasz et Okszy et nous présenter leurs visions opposées du monde, avant que leur aventure ne donne du sens à leur existence sur Terre. Ainsi, Uoto a à cœur de présenter ces figures en tenant compte des mentalités d'époque, fortement liée à la Religion qui occupait une place centrale dans le pays. L'auteur aborde donc habilement cette philosophie d'époque, et seul l'affect du lecteur rendra l'histoire de ces nouvelles têtes d'affiche plus efficace que le récit de Rafal, ou non.

Une fois la deuxième moitié de tome atteinte, le récit s'accélère un tantinet, entrant dans le vif du sujet et créant une connexion avec le volet précédent. Ce sont donc de nouveaux combats qui se mettent en place, des luttes pour la vérité, quitte à risquer l'échafaud. De nouveau, Uoto montre un certain talent pour montrer l'excitation des personnages pour cette recherche dans la science astrale, et plus globalement l'évolution de ces protagonistes, dans une narration certes scolaire la plupart du temps, mais qui sait nous marquer ponctuellement par des planches plus marquantes et lourdes de sens.

Le premier tome de "Du mouvement de la Terre" avait pour lui son rôle d'introduction parfaitement rythmée, et surprenante dans son dénouement. En attaquant ce qui pourrait être le cœur de son histoire, Uoto entretient une cadence différente, pour un récit toujours saisissant de par son propos et des personnages en opposition constante avec les règles de leur Église. La série a tout notre intérêt pour sa suite, qu'on attendra avec hâte.