Dreamland - L'artbook - Actualité manga
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Dreamland - L'artbook : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 15 Octobre 2020

Il serait peu dire d'affirmer que Dreamland est le bébé de Reno Lemaire, l’œuvre d'une vie qu'il bichonne toujours, quatorze années après la parution du premier tome. Car c'est le 25 janvier 2006 qu'a été publié ce premier opus aux éditions Pika, pour un parcours qui se poursuit encore aujourd'hui, le titre ayant même franchi un cap en bouclant sa première grande partie avec le volume 19. Et en parallèle, les projets autour de Dreamland se sont cumulés : Éditions spéciales du manga, marchandising qui s'est largement étoffé, statuettes pour collectionneurs... Le manga a fédéré de nombreux fans, au point de devenir une véritable licence.

La question d'un artbook se posait légitimement, étant donné la progression croissante de l’œuvre. Les premiers échos se font autour de l'année 2016, Reno Lemaire ayant admis qu'un recueil d'illustrations pourrait voir le jour. La nouvelle se confirmé finalement en janvier 2020, pour une sortie de l'ouvrage en octobre de la même année. Et avant de parler de Dreamland : L'artbook (titre simple mais explicite donné à l'ouvrage), sans doute faut-il évoquer la passion de l'auteur pour les ouvrages de ce genre, afin de comprendre totalement sa démarche. Reno Lemaire admet être un fan d'artbooks, mais aime davantage les ouvrages personnels dirigés par les artistes plus que de simples compilations d'artworks. A ce sujet, il s'est livré en long et en large dans l'interview qu'il nous a accordé début 2020, aussi nous vous conseillons d'y jeter un œil pour découvrir tout le fond de sa pensée.

L'artbook Dreamland n'est donc pas une simple compilation classique de visuels. L'ouvrage peut être présenté comme une immense rétrospective, sur plus de 380 pages, de toute la richesse de la première partie du manga, jonglant entre des illustrations (certaines retouchées, voire inédites pour le lectorat), des fiches personnages et autres croquis préparatoirs. Tout ce que l'auteur disposait de graphique, sans doute l'a-t-il inclus dans ce recueil afin d'en faire une véritable bible de son univers. Pour lui, c'est une occasion de compiler le travail qu'il effectue depuis 15 ans, tandis qu'il fait à ses lecteurs un véritable cadeau pour ces longues années de fidélité.

Un tel contenu nécessitait une classification minutieuse, ce qui est le cas dans « L'artbook ». Le schéma est pourtant simple puisque le beau livre retrace purement la chronologie des événements de la série, soit les péripéties des personnages du tome 1 au tome 19, en replaçant tout ce qui peut l'être dans cet ordre. On ne trouve donc pas d'un côté des illustrations et de l'autre des fiches personnages, mais une succession de contenus qui nous permettent de revivre la première grande partie du manga, que ce soit en appréciant via un bel ouvrage moult planches et visuels ou en retrouvant les personnages du titre via des fiches informatives. Etant donné le grand nombre de figures dans Dreamland, cette optique est largement appréciable pour obtenir une petite piqure de rappel, en attendant le tome 20 qui lancera la seconde partie de l'histoire. De nombreuses optiques construisent donc l'ouvrage, avec un chapitrage divisé en « saisons ». Tous les cinq tomes, Reno Lemaire passe à un nouvel épisode de son recueil, de quoi morceler le scénario et permettre de mieux se repérer pour nos futures relectures.

L'artbook est donc un vrai morceau d'histoire de Dreamland, et un bouquin qu'on ne peut parcourir en quelques minutes. Que ce soit parce qu'on s'arrête devant les multiples dessins fourmillant de détails de l'auteur ou parce qu'on prend plaisir à redécouvrir l'intrigue et ses personnages à travers les diverses présentations, parcourir le recueil prend du temps, et ce temps doit être pris pour qu'on se rende compte de toute la sincérité de l'auteur à travers sa démarche. Car l'ouvrage n'est pas conçu par les éditions Pika en tant que produit dérivé (ce qui se fait chez de gros éditeurs nippons concernant certaines de leurs séries fleuves) mais par l'artiste lui-même. Un point qui doit être pris en compte pour apprécier la générosité de cette bible.

A ceci s'ajoute un petit côté interactif à l'ensemble, ce grâce à la présence de trois QR codes vers la fin de l'ouvrage, ceux-ci donnant accès à des vidéos inédites et relatant la grande aventure de Reno Lemaire avec Dreamland. On y découvre l'auteur en plein travail, mais aussi en festival et en interview (une séquence provient d'ailleurs de notre rencontre à Angoulême), ce qui permet au lectorat de voir un peu l'envers du décor et le point de vue du mangaka sur son périple lorsqu'il n'est pas derrière ses planches. Une interactivité clairement bienvenue et novatrice, en plus de montrer des coulisses intéressantes.

Reno Lemaire avait promis un ouvrage généreux pour Dreamland : L'artbook, et c'est bien le résultat qui émane de cette grande bible. Si celle-ci ne sera peut-être pas accessible à toutes les bourses, son prix demeure très honnête étant donné l'épaisseur du bouquin et le temps demandé pour en apprécier le contenu et les bonus. On pourrait aussi relater chaque petit point de l'ouvrage, et chaque secret qu'il renferme, mais mieux vaut laisser certaines surprises à celles et ceux qui ne l'auraient pas encore parcouru. Reste que cet arbook sonne comme un joli cadeau, presque 15 ans après la parution du premier tome. Pour les lecteurs qui suivent le titre depuis ses débuts, parcourir le recueil sera assez émouvant. Et quant aux non initiés qui n'auraient pas encore ouvert le premier opus, voilà une belle occasion de découvrir l'univers personnel d'un auteur... Tout en prenant garde à ne pas tomber sur certains spoils tout de même.

Enfin, saluons le travail fourni par les éditions Pika concernant la fabrication du livre. Entre un beau papier couché brillant, une jaquette imprimée sur papier mat, une reliure bien tissée et une couverture rigide, tous les chois éditoriaux ont favorisé le rendu beau livre de l'ouvrage. Si on devait relever un point noir, peut-être seraient-ce les deux pages volontairement collées en fin de recueil, qui demandent un certain doigté pour être détachées sans déchirure, réservant une sympathique surprise aux lecteurs. Si réimpressions de l'artbook il y a, peut-être que Pika pourra corriger ce menu détail.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs