Devilman Vol.5 - Actualité manga
Devilman Vol.5 - Manga

Devilman Vol.5 : Critiques

Devilman

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 19 Juin 2015

La révélation au monde entier de l'existence des démons a poussé les humains dans leurs pires retranchements. Pendant que le Pr Rainuma mène d'atroces expériences sur les démons capturés et est le point de départ d'un plan de survie horrible, les hommes, enfoncés dans leur peur, laissent éclater leurs plus terribles facettes pour ne pas perdre pied et tenter de retrouver leur sentiment de supériorité face à des ennemis plus forts qu'eux. Et pour évacuer ses angoisses, quoi de mieux que de s'en prendre à d'autres hommes ? Ainsi, une impitoyable chasse aux démons, digne de la chasse aux sorcières du Moyen-Âge, est mise en place. Les démons à apparence humaine sont traqués de toutes parts, le moins doute sur l'identité d'un homme lui vaut d'être abattu... La folie humaine se réveille, petit à petit, allant toujours plus loin dans l'horreur au fil des pages. Gô Nagai accentue à merveille cette horreur en offrant des planches toujours plus sombres, toujours plus violentes (femmes, enfants sont massacrés sans discernement), portées par de véritables coups d'éclat dans la mise en scène et par des dessins où, petit à petit, les hommes perdent leur forme humaine. Leur silhouette devient plus incertaine, seuls leurs regards emplis de haine, de folie et de sadisme percent avec effroi... Une manière brillante de dégager toute leur perte d'humanité. Les démons n'ont plus qu'à observer, sans agir, la chute d'une humanité qui court d'elle-même à sa perte. Dans cette ambiance apocalyptique, qui sont réellement les démons ? Ne sont-ce pas les humains ?

Nagai nous livre sa réponse à cette question à travers un personnage, Ryô Asuka, qui finit par découvrir d'où lui viennent ses visions, qui il est réellement, et quel était l'objectif réel de son père. Pendant que la vérité se dévoile et finit d'enfoncer l'oeuvre dans son ambiance chaotique, l'auteur finit de réinterpréter à sa sauce certains mythes religieux, ici l'histoire Satan en tant qu'Ange déchu, dont l'apparence plutôt immaculée contraste à merveille avec la noirceur de l'humanité.

Pourtant, Akira, notre Devilman, veut encore croire en l'espèce humaine. Quand son identité est révélée, il devient l'objet de toutes les traques, alors même qu'il se bat pour protéger les hommes. Mais il poursuit son combat, porté par ce qui lui reste de foi en l'homme. Une foi un peu plus brisée à chaque nouvelle découverte des horreurs que ses compagnons humains sont en train de commettre. Mais une foi qui existe encore, tant qu'il reste sa plus fidèle compagne, ultime figure d'innocence de la série... Arrivent alors les pages 170 à 210, parmi ce qu'on a pu voir de plus horrible en manga, d'une violence encore plus forte,d'une mise en scène encore plus dense, et scellant définitivement un grand final profondément pessimiste et marquant.

Quand Devilman est sorti au Japon, l'oeuvre fit l'effet d'une bombe, choqua par son absence totale de bien-pensance et par son portrait profondément violent de l'humanité. Oeuvre d'un genre nouveau pour son époque, elle ne laissa aucun lecteur indifférent et a fasciné plus d'un artiste, beaucoup affirmant même y avoir trouvé de nombreuses inspirations (ne serait-ce qu'Hideaki Anno pour les interprétations de la mythologie religieuse dans Evangelion). Plus de 40 ans plus tard, la série n'a pas pris une ride et reste l'une des lectures les plus fortes que l'on peut avoir en manga, tant pour son propos puissant que pour ses planches denses et travaillées. Un must absolu.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
20 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs