De Neiges et de Flammes Vol.1 - Actualité manga
De Neiges et de Flammes Vol.1 - Manga

De Neiges et de Flammes Vol.1 : Critiques

Kimi ni Aitai

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 27 Mai 2024

Avec de Neiges et de Flammes, la nouveauté de leur collection seinen pour ce mois de mai, les éditions Glénat nous proposent de découvrir pour la première fois en France le travail de Kiko Urino, une mangaka active au Japon depuis la fin des années 2000 et qui s'est déjà essayée à plusieurs genres. D'ailleurs, l'éditeur semble vouloir croire en cette autrice puisque, dans quelques mois, on pourra la retrouver dans un autre style avec le one-shot Internet Love!, le tout premier boy's love de sa carrière, qui sera également voué à être le tout premier BL édité par Glénat.

Pour en revenir à De Neiges et de Flammes, il s'agit d'une série que la mangaka a lancée dans son pays d'origine en 2021 sur le site Kurage Bunch des éditions Shinchôsha sous le nom "Kimi ni Aitai" (Littéralement "Je veux te connaître" ou "Je veux te rencontrer" ), et qui ne compte à ce jour que deux volumes, avec un espacement d'un peu plus d'un an entre chaque tome, ce qui fait que l'on aura très vite rattrapé le rythme de publication nippon.

Nous immisçant dans un univers fictif et teinté de fantasy avec ses dragons et sa magie, l'histoire nous plonge d'entrée de jeu auprès de Kislim, jeune prince du Royaume des Neiges qui est en train de parcourir le périlleux chemin jusqu'au Pays du Feu avec son frère Al et un dragon sans ailes nommé Doro. Pour quelle raison ? Eh bien, pour retrouver entre les deux royaumes Uluru, la princesse du Pays du Feu, avec qui, trois ans auparavant, ils se sont promis de se rejoindre. Il leur faudra cependant rester discrets pour ne pas être rattrapés par les chevaliers du château royal, eux qui ne sont pas censés parcourir le monde ainsi !

Sur le papier, au vu de son pitch de base, l'oeuvre a tout pour nous immiscer dans une belle et épique histoire pleines de péripéties, portée par ce simple souhait d'enfants désireux d'outrepasser les exigences de leur condition princière. Et rien qu'en voyant l'illustration de la jaquette qui, avouons-le, est de toute beauté, il y a vraiment de quoi être enthousiaste et avoir en premier lieu de grosses attentes graphiques. Si bien qu'une fois le livre ouvert, c'est un peu la douche froide, en premier lieu précisément pour le rendu visuel: malgré des idées de designs qui sont bien là et une grandes variétés dans les allures des personnages, il faut avouer que c'est très inégal, entre des visages souvent pauvres et un peu irréguliers et des phases plus vives un peu brouillonnes. Ce n'est pas laid, et il y a même quelques planches qui jouissent vraiment d'un chouette rendu, mais les phases esthétiquement réussies ne dépassent jamais une ou deux pages pour vite relaisser la place à une impression de pauvreté.

Le plus gros problème n'est toutefois pas là, et se trouve plutôt dans la manière dont Kiko Urino a décidé de raconter son histoire, en nous plongeant immédiatement dans le vif du sujet, en ne présentant rien du tout de son univers au départ. L'un des enjeux devrait alors être de découvrir et d'assimiler petit à petit le fonctionnement et les principes de cet univers petit à petit, au fil des pages, ce qui est en soi ambitieux et intrigant. mais encore faut-il réussir à bien maîtriser cette ambition, et malheureusement ici l'autrice ne nous a personnellement jamais donné l'impression d'y parvenir. Le procédé n'est pas nouveau: on pourrait citer les débuts de Horion (lui aussi édité par Glénat, justement) ou inévitablement ceux de Tsugai de Hiromu Arakawa, qui révélaient tous deux avec beaucoup de talent, petit à petit, les spécificités de leur univers respectif, en ayant quelque chose de particulièrement stimulant et en ne prenant par les lecteurs pour des idiots. Mais le gros problème ici, c'est qu'une fois arrivé au bout du tome on ne sait presque rien de cet univers, et qu'il n'y a pas suffisamment de détails intrigants pour vraiment donner très envie d'en découvrir plus. Ce sentiment n'est pas aidé par le fait que l'autrice donne l'impression d'enchaîner artificiellement ses phases sans réelle construction narrative, sans proposer un liant suffisant. On suit d'abord les deux princes, puis on suit la princesse, puis on revient sur Al, sans que l'on sache grand chose de plus sur eux qui soit vraiment approfondi: on sait qu'ils sont tous poursuivis pour être ramenés au château et à ce qu'on attend d'eux, qu'ils ont des pouvoirs, qu'ils ont avec eux des créatures peu communes pour les accompagner (le dragon Doro pour eux, le loup Gaw pour elle), qu'Al a un statut différent de celui de Kislim, et c'est à peu près tout, ce qui est franchement trop maigre pour nous interpeller plus que ça.

C'est cruel à dire, car on croyait beaucoup en cette nouveauté, et aussi parce que l'on devine que la mangaka a certaines ambitions qui pourraient donner envie de l'encourager, mais malheureusement le fait est que sur ce seul premier tome on a souvent l'impression d'errer dans un monde peu construit (ce qui se révélera peut-être faux par la suite), que les enjeux ne sont pas assez prégnants, et finalement que l'on s'ennuie ferme en ne parvenant jamais à s'imprégner plus que ça de ce qui nous est conté. Peut-être que le tome 2 nous donnera tort (et on ne demanderait vraiment pas mieux), mais face à l'avalanche perpétuelle de nouveautés, il n'est pas du tout sûr que l'on soit encore au rendez-vous d'ici là.

A part ça, côté édition, c'est tout à fait correct. A l'extérieur, la jaquette est sans fioritures, est fidèle à l'originale japonais côté illustration, et jouit d'un logo-titre plutôt joli. Et à l'intérieur, le papier est suffisamment opaque malgré sa finesse, l'impression est assez honnête, le lettrage de Corinne Luijten est plutôt propre, et la traduction effectuée par Julie Debelhoir est assez claire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
10.5 20
Note de la rédaction