Crazy Food Truck Vol.3 : Critiques

En s'approchant de la principauté de Towata, un petit état replié sur lui-même et qui conserverait précieusement un précieux trésor depuis des générations: Gordon et Alisa ne s'attendaient pas à un accueil aussi musclé: leur camion a été atomisé par un gigantesque char d'assaut, et la jeune fille a été enlevée par Bernando, le seigneur des lieux ! Pour avoir une chance de la délivrer, notre héros cuisinier n'a pas d'autre choix que de s'allier à ses compagnons d'autrefois et ennemis d'aujourd'hui...

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la fin du deuxième tome de Crazy Food Truck nous laissait sur un assez bon petit suspense autour de la destruction du camion, du kidnapping d'Alisa et de la menace assez imposante que semblait représenter la principauté de Towata au vu de leur attaque... si bien que dans le début de ce troisième et dernier volume, l'issue de cette affaire apparaît miteuse. En effet, après avoir posé d'assez fortes attentes autour de cette partie, Rokurou Ogaki expédie le tout en une trentaine de pages enchaînant les idées sous-exploitées ou pétards mouillés (à l'image de la nature du fameux trésor, qui aurait éventuellement pu faire sourire si ça avait été mieux préparé en terme d'ambiance) et, surtout les facilités, entre le camion répare et amélioré en une petite nuit alors qu'il était défoncé, et l'intrusion bourrine et bien trop simple dans cette principauté qui semblait pourtant poser bien des problèmes.

Malheureusement, ce début de tome ne convainc donc pas, alors la suite du tome saura-t-elle remonter la pente en vue de la conclusion ? Eh bien oui et non. Oui, car à partir de l'issue rushée et simpliste de l'affaire à Towata, on sent que l'oeuvre entre bel et bien dans sa dernière ligne droite, au vu de l'affirmation du binôme Gordon/Alisa dans leur quête de liberté pour manger plein de bons petits plats, et des choix fait par Kyle, Mina, Tanaka et le colonel Goldman vis-à-vis de leur mission pour l'armée. Entre retrouvailles et révélations, l'auteur amène tout ce qu'il faut de révélations suffisantes sur le passé de Gordon, sur les origines pas banales (comme on s'y attendait) d'Alisa ainsi que sur son espérance de vie, et même si tout ceci est très rapide et ne reste qu'en surface, c'est suffisant pour un road trip de ce type qui veut privilégier avant tout le rythme, le fun et le parfum de liberté. Et c'est en particulier cette dernière idée qui séduit le plus: face au danger grandissant que représente l'armée à leurs trousses, nos deux personnages principaux affirment leur volonté de vivre librement, même si ça devait écourter leur existence.

On se prend alors assez facilement au jeu, puisque le rythme est là, et cela jusqu'à une conclusion qu'on n'attendait pas forcément comme ça, le mangaka ayant alors au moins le mérite de surprendre un petit peu. Mais même si le divertissement est là, cela ne permet pas d'occulter, une nouvelle fois, quelques grosses lacunes, à commencer par le côté rushé des derniers chapitres qui auraient franchement pu être plus intenses et spectaculaires (car là, le combat final tient vraiment sur trois fois rien), et surtout l'accumulation de rebondissements beaucoup trop faciles. Cependant, le point le pus critique concerne le malaise que l'on peut ressentir au sujet d'Alisa: à partir du moment où on comprend bel et bien son jeune âge expliquant son comportement enfantin, que penser de la tendance de l'auteur à la montrer plus que jamais nue à plusieurs reprises (souvent sans que ça se justifie), et plus encore de la tournure creepy que prend sa relation avec Gordon ? Parce que concrètement, même si Alisa a l'apparence d'une adolescente (ce qui pourra déjà rebuter un peu une tranche de lecteurs) et même si elle dit aimer Gordon, le fait est qu'il est sous-entendu que le vieux bonhomme se tape une fille qui a l'esprit d'une enfant et qui, en tant que telle, n'a pas forcément pleinement conscience des choses.

Malgré un certain rythme, une ambiance de road trip qui fait toujours plaisir ainsi qu'une conclusion qui est bel et bien là et qui a même de quoi surprendre un peu, les maladresses montrées par l'auteur donnent une saveur très amère à ce tome final, entre ce fameux rythme qui cède souvent la place à de la précipitation, les trop nombreuses facilités et l'évolution de la relation Gordon/Alisa qui pourrait mettre mal à l'aise une partie du lectorat. A l'arrivée, Crazy Food Truck se viande, et c'est bien dommage au vu du bon petit potentiel initial de l'oeuvre.