Cher mal d'amour - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 08 Avril 2019

Mataaki Kureno est une jeune mangaka exerçant exclusivement dans le boy's love, et qui a commencé sa carrière professionnelle en 2015 après avoir officié quelque temps dans le milieu du doujinshi. Elle a déjà à son actif au Japon quatre oneshot qui ont été publiés dans quatre magazines différents, et c'est avec l'un des plus récents, Kanashi, qu'on la découvre en France aux éditions Boy's Love. Renommé dans notre pays Cher mal d'amour, ce titre en cinq chapitres (plus un épilogue) a été publié en 2018 dans le magazine OnBlue des éditions Shôdensha.

En rentrant chez lui un soir, Shôma, un étudiant un peu sans le sou, tombe dans la rue sur un jeune homme qui semble complètement ivre. Ne pouvant le laisser dans cet état, il l'amène chez lui, le laisse prendre une douche pour s'éclaircir les idées... puis finit par vitre se rendre compte qu'il connaît ce garçon. Il s'agit d'Ashida, un camarade de classe du collège, qui à l'époque prenait soin d'éviter les autres et de rester seul, quitte à ce qu'on médise sur lui. Aujourd'hui, Ashida semble avoir beaucoup changé: beau, grand, avec les cheveux un peu longs... et ouvertement bisexuel puisque la raison de son état ivre mort dans la rue vient de sa rupture avec son copain. Ashida n'a donc plus nulle part où loger actuellement, si bien que Shôma lui propose de rester chez lui pour la nuit. Une proposition naïve qui sera le point de départ de la naissance de sentiments contrariés entre deux garçons qui doutent un peu d'être faits l'un pour l'autre.

Commençons par évoquer la patte visuelle de l'autrice, plutôt séduisante avec un trait maîtrisé, des personnages élancés, une tendance à l'épure dans les décors (excepté le lit de Shôma, qui a beaucoup d'importance, et pas seulement pour les quelques moments érotiques) et souvent dans les trames afin de laisser la part belle aux héros, et pas mal de petites notes d'humour brèves qui sont apportées par de réguliers visages simplistes et caricaturaux. Il résulte de tout ceci une atmosphère assez douce, y compris lors des quelques scènes de sexe plus ou moins explicites.

Un rendu qui accompagne joliment une petite histoire offrant de belles choses autour de la relation entre Shôma et Ashida. L'un est un étudiant sans histoires, n'ayant aucune expérience, qui est d'un naturel plutôt naïf et gentil depuis l'époque du collège (chose qu'Ashida ne manquera pas de souligner) si bien qu'il est même un petit peu couvé, de façon tendre et rigolote, par ses amis. L'autre est un jeune homme bi plutôt extraverti et sociable, cherchant sans cesse une relation amoureuse sincère et stable sans y parvenir, travaillant la nuit et revenant dormir chez Shôma le jour, et semblant donc avoir complètement changé depuis l'époque du collège où il était effacé et se tenait éloigné de tout le monde. Mais en réalité, n finira par découvrir pourquoi Ashida se comportait ainsi au collège, ce qui sera l'occasion pour la mangaka d'évoquer très brièvement la difficulté de découvrir et d'assumer son orientation sexuelle une période aussi charnière que l'adolescence.

Une relation stable entre eux deux, l'un étudiant inexpérimenté et l'autre bi ouvert, est-elle possible ? Comment réagira Shôma en se découvrant une attirance toujours plus forte pour Ashida alors qu'il ne s'était jamais interrogé avant sur la possibilité d'être gay ? Ashida ne craindra-t-il pas, de par sa façon d'être, de blesser Shôma un jour ou l'autre si quelque chose de sérieux venait à arriver entre eux deux ? Autant de questions qui parsèment le récit en étant bien distillées et en paraissant plutôt naturelles sous la narration soignée de l'autrice, même si certains éléments paraissent forcément un peu rapide ou lisses à cause de la brièveté de l'oeuvre. Mais dans l'ensemble la mangaka s'en tire vraiment très bien, offre des personnages et une ambiance convaincants jusqu'au bout, malgré une conclusion plutôt rapide.

Du côté de l'édition, on a un livre qui se prend facilement en mains avec une impression très correcte et un papier souple et assez épais, même si on pourra lui reprocher une très légère transparence par moments. Comme souvent avec les ouvrages de la collection Hana, on trouve une première page en couleur, qui ici se contente de reprendre l'illustration de la jaquette. A la traduction, Delphine Desusclade livre des textes dans l'ensemble convaincants. Il y a bien quelques tournures qui sonnent un peu bizarrement et de rares coquilles de relecture, mais rien qui ne vienne entacher le plaisir de lecture.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction