Château Narumi Vol.1 - Actualité manga
Château Narumi Vol.1 - Manga

Château Narumi Vol.1 : Critiques

Mako no Wine

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 14 Septembre 2017

Le catalogue des éditions Komikku continue de se diversifier en accueillant un manga oenologique. Après Sommelier, Signé le vin et surtout Les Gouttes de Dieu, place, donc à Château Narumi, une série en deux tomes signée Tomomi Satô, qui a été publiée au Japon en 2015-2016 dans le magazine Manga Times de Hôbunsha sous le titre Mako no Wine.


A priori, Mako Narumi est une jeune femme de 23 ans qui a tout pour elle. Née dans une famille plutôt aisée passionnée de vin et possédant sa propre exploitation vinicole au Japon, elle coule des jours plutôt insouciants, profitant même de son inscription en études en France pour profiter avec ses parents de leurs anniversaires de mariage. A l'heure où elle reprend l'avion pour repartir au Japon, ses parents, eux, partent poursuivre leur voyage d'anniversaire en décollant pour l'Espagne... mais leur avion n'atteindra jamais sa destination. Bouleversée par le décès brutal de son père et de sa mère, Mako doit pourtant vite relever la tête, à cause de l'héritage. Vice-président de la propriété vinicole des Narumi, Isao Takamori, un vieil ami de la famille, entend bien, avec son fils Naoki, mettre la main sur les propriétés Narumi. Profitant de la détresse et de la méconnaissance de Mako dans le domaine, il lui fait signer les papiers lui permettant de s'emparer du contrôle de l'entreprise... et son premier désir est de mettre fin au Château Narumi, un petit domaine pas du tout rentable, mais où Mako possède de forts souvenirs familiaux avec ses parents ! La jeune femme fait alors un pari fou avec Takamori : elle a un an, sur ce domaine, pour arriver à produire 40 000 bouteilles et rendre cette vigne rentable, gagner un prix meilleur qu'une médaille de bronze à un concours national ou international, le tout sans qu'un seul des 3 employés n'abandonne son poste. Si elle n'y parvient pas, elle devra lui donner toutes ses parts de la société. Mako a pour elle la détermination, l'amour pour ce domaine, et un palais fin pour reconnaître les bons vins... mais comment faire, quand on n'a jamais participé à la fabrication même du breuvage et qu'on n'y connaît rien ?


Concrètement, avec cette histoire de pari insensé à tenir en un an, le scénario de fond de la série est plutôt basique et un peu improbable, mais c'est volontaire, car il s'agit surtout d'un bon moyen pour nous immiscer dans l'univers de la fabrication du vin. En effet, contrairement à un manga comme les Gouttes de Dieu qui se consacre surtout à la dégustation de précieuses bouteilles, Château Narumi prend un axe assez inédit dans le manga, en préférant s'intéresser à divers éléments liés à la conception d'un bon vin. Etant donné que le lecteur suit en Mako une novice qui ne connaît rien sur le sujet et qui doit vite progresser, l'ensemble est assez didactique, et l'on découvre alors avec intérêt plein de petites choses. Des infos sur différents cépages, sur l'espérance de vie moyenne d'un cépage dédié au vin. Des étapes importantes comme la taille de la vigne ou le repérage des "larmes de la vigne" avec le "pliage de baguettes" qui s'en suit. Des petits "à côté" comme conception d'un vin chaud ou d'une sangria ou encore technique originale d'ouverture de bouteille quand on n'a pas de tire-bouchon. Des problèmes liés à la saison des pluies ou aux insectes et animaux nuisibles. Les efforts à faire suite au choix  d'une agriculture raisonnée. La conception d'un vin, avant que celui-ci n'arrive jusqu'à notre palais, est bel et bien tout un art, qui demande efforts, persévérance, exigence, et amour quotidien pour ses vignes. Et cela, la lecture nous le fait bien ressentir.


Le tout est porté par des personnages qui sont plutôt bien campés, une fois passées les premières pages qui peuvent agacer. Mako a quand même parfois un côté un peu gourde et nunuche qui peut irriter, mais elle compense facilement cela par une réelle volonté de bien faire et d'apprendre. Mine de rien, elle a un sacré caractère pour s'opposer à Takamori, et est bien décidée à sauver le Château Narumi. On appréciera surtout qu'avant les enjeux financiers et d'héritage, elle pense surtout à la valeur humaine que ce domaine a pour elle, tant celui-ci est rattaché à des souvenirs et à de belles promesses faites avec son défunt père. Autour d'elle, les autres personnages sont plutôt efficaces, à commencer par les trois employés : le couple cinquantenaire Sasaki, et le trentenaire Midorikawa qui s'y connaît beaucoup dans la conception de vin. Petit à petit, en même temps que Mako, on découvre en ces trois personnes des caractères assez variés. Par exemple M. Sasaki est un homme fiable et plutôt élégant sauf quand il boit, tandis que Midorikawa est un sale caractère rustre qui cache surtout un vrai amour pour les vignes. A ceux-ci s'ajoutent Taizô Igari, paysan possédant un champ voisin, et bien sûr Takamori, qui campe bien son rôle de vil méchant, déjà persuadé que Mako a perdu son pari, et prêt à certaines bassesses s'il le faut afin de lui mettre des bâtons dans les roues.


Visuellement, on note quelques maladresses, surtout concernant certains visages un peu irréguliers. Mais dans l'ensemble, Tomomi Sato offre quelque chose qui colle bien à son sujet : le découpage est sobre, la narration plutôt posée permet d'amener avec clarté les éléments sur la fabrication du vin, les décors sont soignés et présents quand il le faut pour rendre l'ensemble plus immersif.


En somme, la principale condition pour apprécier la lecture est d'aimer le vin et d'avoir envie d'en découvrir un petit peu plus sur sa fabrication et tout ce que cela demande. Dès lors, on trouve en Château Narumi une lecture vraiment plaisante.


Komikku a soigné l'édition avec un papier bien épais et souple qui ne laisse pas l'encre baver, et une traduction assez claire de Fabien Nabhan. La jaquette est très fidèle à l'originale japonaise, et on y appréciera l'élégance de l'écriture du titre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction